SAINT-JEAN, T.-N.-L. — Des pêcheurs de partout à Terre-Neuve-et-Labrador se sont rassemblés lundi matin dans le stationnement de l’Assemblée législative de la province pour manifester contre le prix du crabe des neige, qu’il juge intenable.
Certains participants ont dit qu’ils auraient préféré être sur l’eau plutôt que de manifester. Mais les crabiers refusent de pêcher cette saison après que le prix a été fixé à 2,20 $ la livre. Selon eux, ce prix favorise les entreprises de transformation du poisson au détriment des pêcheurs.
«Notre arbre à argent est la pêche de Terre-Neuve-et-Labrador, et il est temps que tous les Terre-Neuviens et Labradoriens se réveillent, car ce groupe d’entreprises vous le vole!», a tonné Glen Winslow, pêcheur de St. John’s, en tapant du poing sur le lutrin en haut des marches de l’Assemblée législative.
Les pêcheurs ont répondu par un rugissement, brandissant des pancartes portant des slogans tels que «Mettez fin au contrôle des transformateurs» et «Sauvez les zones rurales de Terre-Neuve».
Le crabe des neiges est le produit d’exportation de fruits de mer le plus profitable de Terre-Neuve-et-Labrador, représentant plus de la moitié — 886 millions de dollars — des 1,6 milliard de dollars générés par les pêcheries de la province en 2021, selon le gouvernement.
Les prix du crabe sont fixés chaque année par un comité qui entend les arguments de l’Association des producteurs de fruits de mer de la province et de l’Union des pêcheurs de Terre-Neuve, qui représente les pêcheurs côtiers.
Lorsque le comité a annoncé le prix de cette année — une chute vertigineuse par rapport au prix de départ de l’année dernière, qui était de 7,60 $ la livre — le syndicat a publié un communiqué de presse annonçant des licenciements et des faillites.
«Pas un prix raisonnable»
Peu après, les pêcheurs ont promis de garder leurs bateaux à quai et ont exigé du gouvernement provincial qu’il oblige le groupe d’experts à se réunir à nouveau pour trouver un meilleur prix.
«Les gens comprennent que le prix ne sera pas de 7,60 $, ni de 6,60 $, ni même de 5,60 $. Mais ils savent que 2,20 $ n’est pas un prix raisonnable», a soutenu en entrevue Jason Spingle, secrétaire-trésorier du syndicat. «Compte tenu de l’usure de votre matériel et de votre bateau, si vous ne pouvez pas gagner un certain montant d’argent, cela n’en vaut tout simplement pas la peine.»
Le groupe chargé de fixer les prix a quant à lui fait valoir que la baisse et la volatilité du marché international du crabe avaient en partie motivé sa décision de réduire les prix cette saison.
Roxane Collins, qui pêche à partir de St. John’s, affirme qu’il est impossible de gagner sa vie avec un prix aussi bas.
«C’est triste. Tous les pêcheurs sont prêts à partir, a relaté Mme Collins. Et il n’y a pas que les pêcheurs. Les chauffeurs routiers, les épiceries, tout le monde est concerné. Et puis nos travailleurs d’usine ont eux aussi besoin de travail.»
Le syndicat a mobilisé au moins trois autobus pour amener les pêcheurs et les travailleurs d’usine au rassemblement de lundi.
De nombreuses communautés rurales dépendent de l’industrie de la pêche et certains participants à la manifestation ont mentionné que la fin de la pêche au crabe cette année serait désastreuse pour ces villes.
Le ministre de la Pêche, Derrick Bragg, a déclaré à la foule lundi que son ministère avait travaillé fort pour répondre aux préoccupations concernant la fixation du prix, en consultation avec le syndicat.
«Pour que les zones rurales de Terre-Neuve survivent, notre pêche doit survivre, a déclaré M. Bragg. Nous vous soutenons à 100 % dans ce processus.»
Ses commentaires ont été accueillis par des applaudissements tièdes.
Le président du syndicat, Greg Pretty, a déclaré lundi aux manifestants que les pêcheurs étaient prêts à rester sur terre aussi longtemps qu’il le faudrait pour que les prix s’améliorent.
