Des manifestants plaident la cause d’une famille nigériane menacée d’expulsion

Thomas MacDonald, La Presse Canadienne
Des manifestants plaident la cause d’une famille nigériane menacée d’expulsion

MONTRÉAL — À une semaine de l’expulsion prévue de sa famille du Canada, Deborah Adegboye se tenait vendredi devant le bureau du ministre fédéral de l’Immigration à Montréal, implorant une chance de rester.

Elle et son mari sont arrivés au Québec en provenance du Nigeria avec leur premier enfant en tant que demandeurs d’asile via le passage frontalier du chemin Roxham, désormais fermé, en 2017, fuyant ce qu’elle dit être une persécution religieuse par une dangereuse secte nigériane.

Depuis, Mme Adegboye dit qu’ils ont élu domicile à Montréal. Ses enfants, dont deux autres nés au Canada, fréquentent l’école en français. 

Mme Adegboye et son mari travaillent comme préposé aux bénéficiaires depuis les premières années de la pandémie de COVID-19, se déplaçant entre les domiciles des patients, dont beaucoup sont handicapés, offrant une assistance pour les tâches de base.

Mais malgré leur amour pour leur travail et ce que Mme Adegboye décrit comme la contribution de sa famille à la société canadienne, les fonctionnaires fédéraux ont rejeté leurs demandes d’immigration. En octobre, elle et son mari ont appris qu’ils devraient quitter le Canada le 5 avril.

«C’est comme s’ils nous avaient condamnés à la peine capitale. Parce que je ne vois aucun espoir, aucun avenir pour mes enfants ni pour moi-même», a témoigné Mme Adegboye devant le bureau du ministre de l’Immigration, Marc Miller, entourée de groupes communautaires et d’amis venus soutenir sa cause.

À ses côtés vendredi se trouvaient le député néo-démocrate de Montréal Alexandre Boulerice et le député de Québec solidaire Guillaume Cliche-Rivard, qui ont affirmé qu’il était inadmissible que le Canada expulse une future citoyenne du Québec exemplaire.

M. Cliche-Rivard a cité la pénurie qui persiste dans le secteur de la santé dans la province comme un autre facteur à considérer dans cette cause.

«J’ai de la misère à comprendre ce que ces familles-là vont faire demain matin après que madame soit partie, a-t-il déclaré, faisant référence aux patients de Mme Adegboye et de son mari. 

Ici, on a des gens qui font une contribution exceptionnelle, des anges gardiens, des gens qui donnent de leur temps, de leur énergie, corps et âme pour nous, les Québécois, nos familles, et la réponse au bout de cela, c’est des procédures d’expulsion. Je trouve ça aberrant.»

M. Boulerice a qualifié l’histoire de Mme Adegboye de «modèle d’intégration».

«Si on déporte des gens comme Deborah, qui nous sommes comme société, M. Miller?», a-t-il demandé, appelant le ministre à suspendre l’expulsion.

Le bureau de M. Miller n’a pas répondu à une demande de commentaires vendredi. 

Le cabinet de la ministre québécoise de l’Immigration, Christine Fréchette, a envoyé une déclaration par courriel disant qu’il espérait que les autorités fédérales évalueraient les contributions de Mme Adegboye et de son mari pendant la pandémie lors de l’examen du cas de leur famille.

Mme Adegboye espère poursuivre son travail. «Si le gouvernement (canadien) peut faire cela, nous redonnerons au Canada», a-t-elle affirmé.

L’expulsion prévue de sa famille survient alors que le contrôle de l’immigration demeure source de conflit entre Québec et Ottawa.  

Le premier ministre du Québec, François Legault, a dit que la province était incapable de répondre à la récente augmentation du nombre de travailleurs temporaires et de demandeurs d’asile.

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