Des groupes autochtones espèrent des fonds pour les infrastructures dans le budget

Stephanie Taylor, La Presse Canadienne
Des groupes autochtones espèrent des fonds pour les infrastructures dans le budget

OTTAWA — Le financement des infrastructures et du développement économique sont deux des principales demandes que certaines organisations autochtones de premier plan ont présentées au gouvernement libéral en vue du dépôt de son prochain budget.

Mais comme les questions d’abordabilité sont en tête de l’ordre du jour et que la ministre des Finances Chrystia Freeland promet des restrictions budgétaires, on ne sait pas où ces demandes se retrouveront sur la liste des priorités des libéraux.

Mme Freeland a promis que le plan de dépenses qui sera rendu public mardi fera preuve de rigueur budgétaire.

En plus d’offrir un soulagement aux Canadiens aux prises avec des prix élevés, le budget devrait également inclure des fonds pour faire avancer la transition énergétique verte du Canada et des mesures pour s’assurer que le pays peut rivaliser avec les États-Unis, qui financent de manière agressive les technologies propres avec sa Loi sur la réduction de l’inflation.

Alors, qu’en sera-t-il de l’engagement du gouvernement fédéral envers la réconciliation?

Le président de l’organisme Inuit Tapiriit Kanatami, Natan Obed, a déclaré que malgré les discours de restriction du gouvernement, celui-ci continuera de dépenser des milliards – et il espère que cela comprendra un engagement de 75 milliards $ sur 35 ans pour les infrastructures dans les communautés inuites.

«Il va y avoir de l’argent dépensé dans ce budget, alors que le gouvernement parle d’un budget très allégé, il y aura quand même des milliards de dollars», a-t-il déclaré dans une récente entrevue. 

M. Obed a indiqué que les demandes incluses dans la soumission prébudgétaire de l’organisation découlaient de discussions avec le gouvernement du premier ministre Justin Trudeau à la table du Comité de partenariat entre les Inuits et la Couronne. 

«Ce n’est pas seulement des chiffres que nous sortons de nulle part», a-t-il ajouté. L’organisation a également demandé environ 131 millions $ sur sept ans dans le but d’éliminer la tuberculose dans les régions inuites d’ici 2030.

M. Obed a soutenu que le gouvernement Trudeau s’était engagé à respecter ce délai, mais n’a pas montré comment il atteindrait l’objectif.

«Nous n’avons aucune garantie que (le) gouvernement du Canada financera le reste du travail nécessaire pour éliminer la tuberculose», a-t-il déclaré.

Les attentes en matière de logement

M. Trudeau a fait de la réconciliation avec les peuples autochtones l’une des principales priorités de son gouvernement depuis son arrivée au pouvoir en 2015. 

Cependant, le budget de l’an dernier n’a pas répondu aux attentes en ce qui concerne l’amélioration et la construction de logements pour les Premières Nations, ce qui est depuis longtemps identifié comme un problème pour de nombreuses communautés à travers le Canada.

Les communautés autochtones font face à un parc de logements détérioré, et les dirigeants et les experts ont affirmé qu’il n’y en avait pas assez pour soutenir la croissance démographique.

Avant le budget fédéral de 2022, l’Assemblée des Premières Nations – qui défend les besoins de plus de 600 communautés des Premières Nations – a estimé que 44 milliards $ étaient nécessaires pour réparer les logements dans les réserves.

Ottawa a fini par engager 4,3 milliards $ pour soutenir le logement dans les communautés autochtones sur sept ans, dont 2,4 milliards $ destinés spécifiquement aux besoins de logement dans les réserves.

Pour le prochain budget, l’Assemblée prévoit que la satisfaction des «besoins actuels et futurs en matière de logement des Premières Nations» jusqu’en 2040, compte tenu du groupe de population, coûterait environ 63,3 milliards $,  selon une soumission préparée en vue du dépôt du plan de dépenses du fédéral.

Elle indique que de telles dépenses sont nécessaires «pour remédier à la surreprésentation des membres des Premières Nations parmi les personnes sans abri».

Pour sa part, la présidente du Ralliement national des Métis, Cassidy Caron, a déclaré dans un communiqué qu’elle espère que le prochain budget comprendra un financement pour l’organisation afin de créer un fonds de développement économique spécifiquement destiné à aider les entreprises métisses.

Dans sa soumission au gouvernement fédéral, l’organisation affirme que les communautés métisses ne peuvent pas accéder aux fonds par le biais des deux programmes existants que Services aux Autochtones Canada gère pour soutenir le développement économique.

Elle recommande également que le gouvernement fédéral fournisse des fonds pour aider à créer des répertoires d’entreprises métisses.

«Des investissements durables à long terme aideront nos citoyens, nos collectivités et nos entreprises à relever les défis actuels et futurs», a déclaré Mme Caron.

Le gouvernement fédéral avait également signalé dans son énoncé économique de l’automne qu’il prévoyait d’élaborer un nouveau cadre pour « s’assurer » que les Premières Nations et les autres communautés autochtones « puissent bénéficier directement des grands projets d’exploitation de ressources » développés sur leurs terres, et que de plus amples informations seraient fournies cette année. 

Une présentation préparée par l’Assemblée des Premières Nations pour son assemblée spéciale des chefs en décembre dernier montre qu’elle s’attendait à voir des options politiques sur la question au début de 2023, puis à finaliser un cadre entre avril et décembre.

La directrice générale de l’Association des femmes autochtones du Canada, Lynne Groulx, a déclaré qu’en plus d’une demande de financement fédéral plus stable, le groupe espère que le budget d’Ottawa financera au moins deux nouveaux pavillons de ressourcement, qui, selon elle, fourniront des espaces sûrs aux femmes autochtones et aux survivantes des pensionnats.

Mme Groulx a indiqué qu’un pavillon peut coûter entre trois et cinq millions de dollars. Elle a ajouté que le financement de tels projets est directement lié à l’engagement du gouvernement à mettre en œuvre les appels à l’action du rapport final de 2019 de l’enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones assassinées et disparues.

«Je pense que nous avons besoin d’autant de centres de guérison, de centres de rassemblement… qu’il y avait de pensionnats», a-t-elle déclaré.

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires