Des employés de la SAQ, dans les bureaux et les succursales, votent 15 jours de grève

Helen Moka, La Presse Canadienne
Des employés de la SAQ, dans les bureaux et les succursales, votent 15 jours de grève

MONTRÉAL — Une majorité des membres du Syndicat des employés de magasins et de bureaux de la Société des alcools du Québec (SEMB-SAQ), affilié à la CSN, a voté pour la tenue de 15 jours de grève à exercer au moment jugé opportun, «que ce soit consécutif ou non».

C’est ce qu’a fait savoir le syndicat samedi matin, précisant que plus de la moitié des 5000 employés concernés de la SAQ se sont prononcés lors d’une série d’assemblées générales tenues tout au long de la semaine, partout au Québec.

«On demande aux clients depuis l’automne de faire leurs réserves pour qu’à la première journée de grève, ils ne franchissent pas nos lignes de piquetage. Le lendemain, on va revenir tout sourire pour les servir», affirme la présidente du syndicat, Lisa Courtemanche, en entrevue à La Presse canadienne.

«La meilleure façon d’éviter une deuxième journée de grève, c’est de ne pas y aller lors de la première», explique-t-elle.

Le SEMB-SAQ déplore que les négociations n’avancent pas avec l’employeur depuis un an.

La précarité d’emploi est vivement dénoncée et la question salariale n’a même pas encore été abordée, selon le syndicat. La création de postes permanents et les horaires de travail sont les principaux points en litige, selon le syndicat.

« C’est 70 % des employés de la SAQ qui sont à temps partiel, qui n’ont aucune idée de leur horaire à deux semaines d’avis et qui ne savent jamais s’ils vont avoir une semaine complète de travail», souligne Mme Courtemanche.

«Des 70 % de mes collègues qui sont à temps partiel, il y en a plusieurs qui toutes les semaines font l’horaire d’un employé régulier pendant des années et des années. Tu peux avoir cet horaire-là pendant dix ans, mais ne pas avoir les avantages (sociaux) d’un poste régulier ni aucune couverture d’assurance», déplore-t-elle.

Les autres, ajoute Mme Courtemanche, ne savent jamais s’ils vont avoir une semaine complète de travail. 

«On cherche à réduire la précarité. Il n’y a pas une entreprise qui peut gérer son entreprise avec 70 % de son personnel à temps partiel. On n’ a plus personne qui veut venir travailler à la SAQ. Nos jeunes collègues s’en vont ailleurs», se désole la présidente du syndicat.

L’augmentation du nombre de postes permanents est donc un enjeu majeur.

Parmi les autres revendications, il y a aussi la formation et le souhait d’augmenter le nombre de conseillers en vin et de coordonnateurs en succursale.

Réaction patronale

Du côté de l’employeur, «la SAQ prend acte du mandat de grève».

Dans une déclaration envoyée par courriel, il est indiqué «que les négociations avec le syndicat se poursuivent avec le même objectif : arriver à une entente satisfaisante tant pour la SAQ que ses employés».

L’employeur précise qu’il tentera d’assurer la continuité du service. 

«Si jamais une journée de grève était annoncée par le syndicat, nous inviterons alors nos clients à consulter saq.com ou notre application mobile pour connaître les succursales qui ouvriront leurs portes aux clients, le cas échéant. Ces informations seront mises à jour selon l’évolution de la situation afin de guider efficacement notre clientèle», précise la déclaration de la partie patronale.

Une demande d’entrevue par téléphone a été refusée à La Presse Canadienne

«Concernant les affirmations du syndicat quant aux discussions à la table de négociation, nous réservons nos commentaires et nous faisons confiance aux équipes à cette même table», précise le courriel de la SAQ.

Message au gouvernement Legault

Comme la SAQ est une société d’État, Lisa Courtemanche profite de l’occasion pour lancer un message au gouvernement de François Legault.

«On était considéré comme un service essentiel par le gouvernement lors de la pandémie en 2020, 2021, 2022 puisque l’on était un des seuls commerces ouverts (…) Nous méritons toutes les demandes que nous faisons. Nous assurons un service à la clientèle hors pair et on rapporte 1,5 milliard $ de dividende dans les coffres du gouvernement», souligne la présidente du syndicat. 

Quant aux négociations portant sur les salaires, il semble que la direction de la SAQ attend après «l’enveloppe monétaire» du Conseil du Trésor pour amorcer les discussions, selon le syndicat.

Les 5000 employés du SEMB-SAQ gagnent entre 21$ de l’heure et 26$ au dernier échelon, a précisé Mme Courtemanche.

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