Des députés canadiens visitent la Cisjordanie pour entendre les Palestiniens

Dylan Robertson, La Presse Canadienne
Des députés canadiens visitent la Cisjordanie pour entendre les Palestiniens

OTTAWA — Cinq députés canadiens sont au Moyen-Orient pour entendre les Palestiniens sur ce que le Canada pourrait faire pour promouvoir la paix et les droits de la personne dans la région.

La délégation, qui est actuellement en Jordanie, se rendra également en Cisjordanie, un territoire palestinien occupé par Israël qui a connu une recrudescence de la violence.

«Il était vraiment important pour nous de venir constater la situation sur le terrain (…) et de voir ce qu’ils attendent du Canada», a déclaré lundi la députée libérale Salma Zahid, lors d’un appel depuis Amman, en Jordanie.

C’est l’organisme «Canadian Muslim Vote» qui finance cette visite des deux députés libéraux et des trois néo-démocrates dans la région pendant six jours, aux côtés d’organisations humanitaires.

Mme Zahid, qui dirige le Groupe d’amitié parlementaire Canada-Palestine, a déclaré que davantage de députés d’autres partis avaient été invités, mais que certains avaient des conflits d’horaire. Elle ne les a pas identifiés.

Les conservateurs et le Bloc québécois n’ont pas immédiatement répondu lorsqu’on leur a demandé pourquoi aucun de leurs députés n’était présent, et l’organisme «Canadian-Muslim Vote» n’a pas répondu à un courriel demandant qui il avait invité précisément.

En novembre dernier, des organisations juives canadiennes avaient financé une visite en Israël de députés libéraux et conservateurs pour qu’ils soient informés de l’impact de l’attaque surprise du Hamas le 7 octobre.

La délégation actuelle, qui a commencé sa tournée d’activités lundi, a entendu les agences des Nations unies qui aident les réfugiés palestiniens vivant en Jordanie, dont certaines familles sont là depuis la création d’Israël en 1948.

Selon Mme Zahid, des membres du personnel de l’ONU lui ont dit que leurs collègues dans la bande de Gaza enseignaient aux enfants dont les écoles sont maintenant fermées. Leurs parents utilisent désormais les livres comme combustible, en raison des restrictions strictes qu’Israël a imposées sur les carburants et la nourriture qui entrent dans cette région, lui a-t-on dit.

«Cela me restera gravé dans la mémoire toute ma vie: que des familles brûlent des livres pour cuisiner», a déclaré Mme Zahid. «Il nous incombe de veiller à ce que chaque enfant dans le monde reçoive l’éducation et les outils nécessaires pour réussir dans la vie.»

Réputation du Canada

La porte-parole néo-démocrate en matière d’affaires étrangères, Heather McPherson, a déclaré que la délégation avait été confrontée à la réalité de la part de l’ambassadeur du Canada en Jordanie, qui, selon elle, a expliqué comment les gens du Moyen-Orient comparent l’approche du Canada dans la région avec le ferme soutien d’Ottawa aux Ukrainiens.

«Il est très direct sur les implications que les actions du Canada ont et auront sur notre réputation dans le monde (et) sur le fait que le reste du monde envisage des réponses très différentes», a déclaré la députée néo-démocrate. «(Les Palestiniens) sont déçus du Canada, et ils sont déçus par l’inégalité si flagrante dans la réponse du Canada.»

Le gouvernement de Justin Trudeau soutient qu’il défend les valeurs canadiennes en exigeant que le Hamas rende des comptes, tout en souhaitant la fin du conflit et l’amélioration de la situation humanitaire à Gaza.

Mme McPherson a indiqué que son groupe prévoyait de se rendre mardi en Cisjordanie, un territoire palestinien occupé par Israël qui a connu une recrudescence de la violence ces dernières semaines. La délégation canadienne se rendra également à Jérusalem-Est, un secteur de la ville revendiqué par les deux communautés. «Nous allons être prudents et nous avons des experts qui sont avec nous», a-t-elle précisé lundi soir.

Depuis qu’Israël a commencé à bombarder la bande de Gaza, les Nations unies affirment qu’il y a eu une montée de la violence sans précédent en Cisjordanie, notamment de la part des forces d’occupation israéliennes, des résidents palestiniens et des colons israéliens.

Des groupes musulmans exhortent Ottawa à en faire davantage contre la violence en Cisjordanie, où des colons extrémistes juifs qui vivent dans des colonies israéliennes que le Canada juge illégales ont pris les armes.

Le gouvernement Trudeau s’est joint aux appels pour relancer le processus de paix visant à créer un État palestinien indépendant qui existerait aux côtés d’Israël. Cependant, les dirigeants palestiniens estiment qu’Ottawa n’exerce pas suffisamment de pression, et le gouvernement de droite du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, s’est montré réticent à cette «solution à deux États».

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