Des consultations pour créer un parc marin entre Anticosti et les îles Mingan

Stéphane Rolland, La Presse Canadienne
Des consultations pour créer un parc marin entre Anticosti et les îles Mingan

Québec et Ottawa ont lancé, vendredi, une consultation afin de créer un parc marin entre l’île d’Anticosti et les îles Mingan.

Le processus pourrait s’étirer sur «quelques années», a expliqué le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, lors de l’annonce. «Le projet, il est beau, mais le fin détail et le découpage de ce parc restent à faire en collaboration naturellement avec les gens du milieu et ça nous permettra aussi d’établir les futurs plans de conservation sur l’ensemble du territoire qui serait protégé», a déclaré le ministre en conférence de presse.

Le projet n’aura pas d’impact sur les pêcheurs, a assuré M. Charette. «Est-ce que la pêche va pouvoir se poursuivre? La réponse est «oui», mais on va répondre «oui» à chaque fois que la question nous sera posée. Des gens vivent de la pêche dans la région, donc c’est normal qu’ils se questionnent sur ces enjeux-là.»

En raison de ses consultations, le gouvernement ne connaît pas encore l’espace marin qu’occupera le parc. Le gouvernement a pris l’engagement de protéger 30 % des milieux marins québécois d’ici 2030. Ce taux est d’environ 10 % actuellement. 

Le parc Saguenay-Saint-Laurent est le seul parc marin du genre au Canada. En mars dernier, Québec et Ottawa ont annoncé un projet en vue de quadrupler la superficie du parc d’ici 2025. 

Le ministre n’était pas en mesure de répondre «avec précision» à quel seuil l’annonce de vendredi rapprochait le Québec de son objectif. «De façon générale, si on regarde ce qui est déjà acquis au niveau du parc Saguenay-Saint-Laurent, si on parle d’un autre projet qui est dans les cartons et celui-ci, on se rapprocherait vraisemblablement du 30 %.»

«Je ne suis pas en mesure de vous dire si on sera à 25 %,26 %, 27 %, 28 % ou sinon même 30 %, poursuit-il. Dans les prochains mois, on aura une meilleure idée.»

Le ministre de l’Environnement fédéral, Steven Guilbeault, a souligné la diversité faunique dans le territoire dans la région. «Ce secteur regorge de nombreux et précieux habitats pour les mammifères et les oiseaux marins, a-t-il dit dans une allocution par vidéo. Les vastes forêts d’algues et ces zones d’éponge foisonnent. En d’autres mots, la richesse et la biodiversité de ce territoire marin nous rappellent l’importance de mieux le connaître et ainsi de mieux le protéger.»

Rappelons que l’île d’Anticosti a été reconnue à titre de patrimoine mondial de l’UNESCO, en septembre dernier. Le territoire a été reconnu comme «le témoignage fossile le plus complet de la vie marine de l’époque couvrant 10 millions d’années de l’histoire de la Terre, soit de l’Ordovicien supérieur au Silurien inférieur, il y a 447 à 437 millions d’années». 

Il n’y a pas si longtemps, le territoire avait toutefois été considéré pour l’exploration pétrolière. En 2014, le gouvernement péquiste de Pauline Marois avait annoncé un investissement de 115 millions $ pour faire un premier pas vers l’exploitation pétrolière à l’île d’Anticosti en estimant le potentiel à quelque 46 milliards de barils. Le gouvernement libéral de Philippe Couillard s’était, par la suite, opposé à la décision de sa prédécesseure.

Présent à l’annonce, le chef innu de Ekuanitshit, Jean‑Charles Piétacho, a dit qu’il demeurait sur ses gardes. «Ça a été tout un défi concernant le monde pétrolier, avec ce qu’on a connu ici, toutes les décisions qui ont été prises. Je pense qu’il faut maintenir une certaine vigilance.»

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