Demandeurs d’asile: le gouvernement du Québec va étudier le critère de la langue

Thomas Laberge, La Presse Canadienne
Demandeurs d’asile: le gouvernement du Québec va étudier le critère de la langue

QUÉBEC — Bien qu’il accueille favorablement le rapport du commissaire à la langue française, Benoît Dubreuil, le gouvernement du Québec n’a pas voulu se prononcer sur sa recommandation suggérant de répartir les demandeurs d’asile au Canada en fonction de la langue, mais il ne ferme pas la porte non plus. En bref, le Québec garderait les demandeurs d’asile francophones, alors que ceux parlant l’anglais seraient redirigés vers les autres provinces canadiennes.

«C’est quelque chose qu’on doit étudier. C’est quelque chose qu’on doit réviser», a indiqué le ministre de la Langue française et des Relations canadiennes, Jean-François Roberge, en mêlée de presse jeudi à l’Assemblée nationale.   

«Nous, on demande au fédéral d’agir sur une base volontaire pour la répartition des demandeurs d’asile dans l’ensemble du Canada. Après ça, les moyens qu’il utilisera pour le faire, c’est à sa discrétion. (…) Ce qui est pressant, c’est de réduire le nombre de demandeurs d’asile qui viennent au Québec», a pour sa part ajouté la ministre de l’Immigration, Christine Fréchette, qui accompagnait son collègue. 

Le ministre Roberge indique que le «rapport illustre très bien que l’arrivée massive d’immigrants temporaires pose des difficultés pour la langue française au Québec, particulièrement les demandeurs d’asile». 

Le rapport indique que de 2016 à 2023, le Québec serait passé de 86 065 à 528 034 immigrants temporaires. «De 2021 à 2023, la population non permanente qui ne connaissait pas le français aurait pratiquement triplé. En octobre 2023, elle se situait vraisemblablement entre 155 351 et 191 015 personnes», peut-on lire dans le document du commissaire qui a été déposé mercredi à l’Assemblée nationale. 

Le PQ favorable 

Le Parti québécois (PQ) est, quant à lui, favorable à la proposition de M. Dubreuil de répartir les demandeurs d’asile au Canada en fonction de leur langue. «Le Canada et le Québec ont toujours bien le droit de choisir comment sont répartis (les demandeurs d’asile) selon des critères de capacité d’accueil, et le français en fait partie», a soutenu le député péquiste Pascal Bérubé. 

Son collègue Pascal Paradis soutient pour sa part que c’est une question d’incitatif, mais admet qu’il faut tenir compte d’autres critères comme la réunification familiale. «Ce que le commissaire nous incite à faire, c’est de tenir compte de manière importante de la langue. (…) Et c’est absolument important, nous, dans la gestion des politiques d’immigration puis dans la gestion aussi des demandeurs d’asile.»

Le Parti libéral du Québec est aussi favorable à une meilleure répartition des demandeurs d’asile, mais la question de la langue ne devrait pas être un critère. «Pour ce qui est des demandeurs d’asile, on l’a toujours dit, le Québec a fait sa part. Maintenant, il revient au fédéral de s’assurer qu’il y ait une répartition équitable», a indiqué le chef intérimaire Marc Tanguay. 

Québec solidaire croit également qu’une redistribution plus équitable des demandeurs d’asile est nécessaire, mais que leur déplacement devrait être volontaire. «Le critère de l’anglais, ça peut être un critère, mais il faut que ça demeure volontaire. On ne mettra pas du monde qui ne veulent pas aller ailleurs dans un autobus. De toute façon, on ne peut pas faire ça», a affirmé le responsable solidaire en matière d’immigration, Guillaume Cliche-Rivard.

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