Délit de fuite après la mort de la petite Ukrainienne: Garcia plaide coupable

Morgan Lowrie, La Presse Canadienne
Délit de fuite après la mort de la petite Ukrainienne: Garcia plaide coupable

MONTRÉAL — L’homme qui avait heurté et tué une réfugiée ukrainienne âgée de 7 ans, en 2022 à Montréal, a plaidé coupable, jeudi, à une accusation de délit de fuite mortel.

Âgé de 46 ans, Juan Manuel Becerra Garcia a présenté jeudi des excuses émues à la famille de la jeune fille. Vêtu d’un costume bleu et parlant doucement en espagnol, il a déclaré à la famille de Mariia Legenkovska que la douleur qu’il leur avait causée resterait avec lui pour toujours.

«Je m’engage à porter avec moi la mémoire de votre fille et à honorer sa vie», a déclaré l’accusé devant une salle d’audience bondée, dans un discours traduit en français et en ukrainien. «J’espère qu’avec le temps, vous trouverez la force de pardonner.»

Par l’intermédiaire d’un interprète, il a confirmé qu’il souhaitait plaider coupable à l’accusation de délit de fuite mortel.

Mariia Legenkovska s’en allait à l’école avec son frère et sa soeur, le matin du 13 décembre 2022, lorsqu’elle a été heurtée par le véhicule Jeep Grand Cherokee de Manuel Becerra Garcia. Mais l’accusé ne s’est pas arrêté pour lui porter secours; il s’est livré à la police plus tard cette journée-là.

La défense et la poursuite avaient convenu dans un exposé des faits que le soleil était aveuglant ce matin-là et que l’accusé n’avait pas vu la petite. L’avocat de la défense, Eric Coulombe, a déclaré au tribunal que son client avait senti un choc contre sa voiture, mais qu’il n’avait pas réalisé qu’il avait pu heurter quelqu’un jusqu’à ce qu’il ait vu les reportages faisant état de la mort de la fillette.

Me Coulombe a déclaré que, même si le décès était un accident tragique, son client reconnaissait qu’il aurait dû s’arrêter pour s’assurer qu’il n’avait heurté personne.

Maria et sa famille s’étaient installées à Montréal plus tôt cette année-là après avoir fui l’invasion russe en Ukraine. Son père, Andrii Legenkovska, combattait au sein de l’armée ukrainienne au moment de sa mort. Il était venu à Montréal pour assister à l’inhumation de sa fillette, et il vit aujourd’hui avec sa famille, a indiqué jeudi le procureur de la Couronne.

La mère satisfaite

La mort de la fillette avait suscité une vague de tristesse au sein de la communauté ukrainienne de Montréal et bien au-delà; des questions ont aussi été soulevées quant à la sécurité routière dans le quartier Centre-Sud où Mariia a été tuée.

Me Coulombe a déclaré que Becerra Garcia était «dévasté» par ce qui s’est passé. Il a déclaré que son client est un père de deux enfants qui a quitté son Mexique natal pour le Canada il y a plusieurs années afin d’offrir à ses enfants un avenir meilleur et plus sûr.

La Couronne et la défense ont suggéré une peine de 12 mois d’assignation à résidence, et le permis de conduire de Becerra Garcia restera suspendu, a déclaré Me Coulombe.

Alors que la mère de Mariia était présente jeudi, elle a refusé de s’adresser au tribunal. Mais la procureure de la Couronne, Sylvie Dulude, a déclaré qu’il était important pour la famille d’entendre l’accusé accepter sa responsabilité.

«La maman de Maria, elle me disait qu’elle était satisfaite de l’audience d’aujourd’hui. Elle, elle attendait le plaidoyer de culpabilité, a relaté Me Dulude. En fait, c’est ça qui va lui permettre de débuter son deuil. Et c’était important pour elle d’entendre l’accusé plaider coupable à l’infraction.»

Me Dulude a expliqué que la Couronne était d’accord avec la suggestion de détermination de la peine en raison de l’absence de casier judiciaire de l’accusé, du fait qu’il était sobre et conduisait prudemment au moment de l’accident, et de sa coopération avec la police.

Elle a d’ailleurs précisé qu’il n’aurait pas été accusé du tout s’il s’était arrêté après l’accident, et qu’il n’aurait peut-être jamais été arrêté s’il ne s’était pas lui-même livré à la police.

«Je le crois quand il dit qu’il a des remords, a-t-elle déclaré. C’est une grande tragédie pour chaque personne impliquée dans ce dossier.»

Le juge Pierre Labelle, de la Cour supérieure du Québec, a déclaré jeudi qu’il examinerait la recommandation de peine et rendrait sa décision le 5 juin.

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