COP28: Greenpeace projette des feux de forêt sur le bureau de Steven Guilbeault

Stéphane Blais, La Presse Canadienne
COP28: Greenpeace projette des feux de forêt sur le bureau de Steven Guilbeault

MONTRÉAL — Quelques heures avant le début de la COP28, des activistes de Greenpeace ont projeté des images de feu de forêt sur la façade du bureau du ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, à Montréal, à qui ils demandent de faire payer l’industrie fossile pour les dommages de la crise climatique.

En soirée mercredi, des activistes ont stationné un camion de pompiers près du bureau de Steven Guilbeault, sur le boulevard de Maisonneuve au centre-ville de Montréal.

Des vidéos de feu de forêt ont été projetées à partir du véhicule d’incendie alors que des militants écologistes étaient réunis au parc Émilie-Gamelin.

Parmi ces militants, Salomé Sané a expliqué à La Presse Canadienne que le groupe demande au ministre de l’Environnement et à la délégation canadienne qui sera à la COP28  «d’exiger de faire payer l’industrie pétrolière et gazière pour la destruction et les dommages dont ils sont responsables et qui sont à l’origine de la crise climatique».

La chargée de campagne Climat chez Greenpeace Canada a ajouté que «l’industrie fossile est la première responsable du dérèglement climatique» et «elle a clairement montré qu’elle ne souhaitait pas faire partie de la solution parce qu’elle continue d’extraire du pétrole alors que la science nous dit de réduire nos émissions à la source».

Un fonds pour les pertes et dommages

Lors de la COP27, qui avait lieu l’an dernier en Égypte, les pays s’étaient entendus sur la nécessité de créer un fonds pour les pertes et dommages afin d’indemniser les pays les plus vulnérables aux catastrophes climatiques.

La manière de financer ce fonds n’a pas été déterminée, mais elle fera partie des discussions de la COP28 qui débute jeudi à Dubaï.

«L’Industrie fossile doit être la première à payer la note et notre demande au ministre de l’Environnement est d’imposer une taxe à  l’industrie» pour «financer le fonds de l’ONU sur les pertes et dommages», a indiqué Salomé Sané.

Le Canada est parmi les cinq plus grands producteurs de pétrole au monde et les gaz à effet de serre (GES) émis par ce secteur augmentent année après année. L’exploitation pétrolière et gazière est  la plus importante source de GES au pays, comptant pour 28 % des émissions nationales.

«L’industrie fossile, elle a fait des milliards et des milliards de dollars en bénéfices ces dernières années», alors «les faire contribuer à un fonds pour payer les dommages qu’elle a causés, c’est juste une question de  volonté politique et de justice climatique», a fait valoir la porte-parole de Greenpeace.

Éliminer les GES sans parier sur les «technologies spéculatives»

L’année dernière, lors de la COP27, des pressions ont été lancées pour que les pays éliminent ou réduisent progressivement toute utilisation de combustibles fossiles selon un calendrier précis.

Cette proposition, qui n’a pas encore été officiellement débattue, sera abordée dans les prochains jours à la COP28.

Mais les opinions des pays divergent sur la façon d’aborder le sujet.

Par exemple, le Canada a signé une déclaration commune du G7, il y a quelques mois, dans laquelle le groupe de pays riches s’est mis d’accord pour «l’abandon progressif des combustibles fossiles sans dispositif d’atténuation pour parvenir au plus tard en 2050 à zéro émission nette dans les systèmes énergétiques».

Les «dispositifs d’atténuation» font référence aux systèmes de captage ou stockage du CO2, des technologies dispendieuses qui sont encore au stade expérimental.

Pour plusieurs groupes écologistes, comme Greenpeace, il faut que la COP28 accouche d’une entente qui prévoit un arrêt de la production de nouveaux combustibles, sans faire référence aux dispositifs d’atténuation.

«Les scientifiques et les experts nous le répètent, il faut réduire les émissions de gaz à effet de serre de manière urgente et à la source, donc on ne peut pas se permettre de parier sur des technologies spéculatives qui ne vont pas nous aider à nous sortir de la crise», a affirmé Mme Sané.

La COP28 est présidée par Ahmed al-Jaber, ministre de l’Industrie à Dubaï et est aussi patron du géant pétrolier Abu Dhabi National Oil.

Abu Dhabi National Oil pompe quelque quatre millions de barils de brut par jour.

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