Chemin Roxham: Legault parle d’une «très belle victoire» pour le Québec

Jean Philippe Angers, La Presse Canadienne
Chemin Roxham: Legault parle d’une «très belle victoire» pour le Québec

MONTRÉAL — Le premier ministre François Legault s’est dit «heureux» de la «fermeture» du chemin Roxham à partir de vendredi, à minuit, en vertu de l’accord annoncé entre le Canada et les États-Unis sur les demandeurs d’asile.

M. Legault a parlé d’une «très belle victoire» pour le Québec, et a remercié deux fois plutôt qu’une Justin Trudeau, lors d’un point de presse à Montréal ayant suivi celui tenu par le premier ministre du Canada et le président américain Joe Biden, à Ottawa.

M. Legault a salué le travail de ses ministres auprès d’Ottawa et de Washington dans ce dossier, et a aussi remercié le président Biden, en déclarant: «On le sait, avec tout ce qu’on vit actuellement, en Russie, en Chine, c’est plus important que jamais d’avoir de bonnes relations avec les États-Unis.»

«Vous avez devant vous un premier ministre qui est heureux de savoir que ce soir (vendredi) à minuit, enfin, le chemin Roxham va être fermé», a déclaré M. Legault devant les journalistes.

L’accord entre Ottawa et Washington fera des 8900 kilomètres de leur frontière commune un passage officiel et conduira au refoulement des demandeurs d’asile qui la traversent notamment au chemin Roxham.

«À l’évidence, le fait qu’on ait eu 40 000 personnes par le chemin Roxham dans la dernière année, je pense que c’est clair que même s’il reste quand même d’autres personnes qui vont essayer d’entrer par d’autres endroits, c’est certain qu’on vient de régler une grosse partie du problème», a dit le premier ministre du Québec, ajoutant que «c’est la responsabilité du gouvernement fédéral de s’assurer que la frontière soit respectée»

M. Legault a tenu à dire que le peuple québécois a toujours été accueillant, et que le Québec continuera de faire sa part et son «devoir humanitaire».

«On va continuer de prendre notre part des demandeurs d’asile, des gens qui sont mal pris dans leur pays, c’est notre devoir humanitaire», a-t-il ajouté, tout en réitérant que les services au Québec «sont très étirés, trop étirés, actuellement». 

«Et d’ailleurs, je veux en profiter pour souligner le travail qui a été fait par beaucoup d’intervenants, que ce soit dans des groupes communautaires, dans des écoles, dans des hôpitaux, dans des municipalités, dans des services sociaux de toutes sortes. Je sais que les derniers mois ont été difficiles», a affirmé M. Legault.

En marge de l’accord, le Canada s’engage à accueillir cette année 15 000 migrants supplémentaires en provenance de l’hémisphère occidental pour des motifs humanitaires et à leur offrir des débouchés économiques.

Lors de son point de presse, M. Legault ne s’est pas avancé sur cet aspect, disant qu’il n’avait pas beaucoup d’informations, ajoutant que compte tenu du grand nombre de migrants qui ont été reçus au cours de la dernière année, «je pense qu’on a fait notre part» et qu’il y a un «rattrapage à faire pour qu’il y en ait plus dans les autres provinces».

Des règles «encore loin d’être claires»

L’accord annoncé vendredi fait en sorte de maintenir l’Entente sur les tiers pays sûrs (ETPS). En vertu du traité bilatéral que le Canada et les États-Unis ont signé en 2004, un potentiel réfugié se présentant à un poste frontalier officiel canadien et ayant d’abord foulé le sol américain est refoulé puisqu’il doit poursuivre sa demande d’asile dans le premier «lieu sûr» où il est arrivé.

«Plutôt que d’annuler l’Entente des tiers pays sûrs et de permettre aux demandeurs d’asile de passer de façon sécuritaire par les postes frontaliers, la nouvelle entente va plutôt vraisemblablement créer des milliers de mini-chemins Roxham partout au pays, où les gens vont finir par entrer quand même dans des conditions précaires, dangereuses et en étant encore plus à la merci des passeurs», a soutenu dans une déclaration écrite le responsable de Québec solidaire en matière d’Immigration, Andrés Fontecilla.

M. Fontecilla a déclaré que les règles d’application de cette nouvelle entente étaient «encore loin d’être claires», notamment en ce qui concerne «la période de 14 jours pour être intercepté». 

La nouvelle politique visant à refouler les migrants doit s’appliquer aux personnes qui auront traversé hors des points d’entrée officiels la frontière canado-américaine, et ce, jusqu’à «14 jours» après la traversée irrégulière.

«Nous avons aussi beaucoup de questions concernant les 15 000 dossiers qui seront acceptés: qui sera choisi et selon quels critères? C’est déplorable qu’aucun organisme dédié à l’accueil des demandeurs d’asile ou groupe citoyen concerné n’ait été consulté sur cette entente qui ne va pas régler le problème», a dit le député de QS.

Le député du Parti québécois Pascal Bérubé, porte-parole en matière d’immigration, de francisation et d’intégration a affirmé sur Twitter que la «fermeture du chemin Roxham s’imposait». «C’est à se demander pourquoi on a dû attendre un an, un an pendant lequel le gouvernement du Québec n’a jamais été mis au courant, ni consulté de toute évidence. C’est un peu gênant même si le résultat s’imposait», a-t-il ajouté.

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