CBC/Radio-Canada: l’approche du Bloc ressemble à celle des conservateurs, dit St-Onge

Michel Saba, La Presse Canadienne
CBC/Radio-Canada: l’approche du Bloc ressemble à celle des conservateurs, dit St-Onge

OTTAWA — En suggérant de scinder CBC/Radio-Canada en deux sociétés d’État distinctes plutôt que de les rapprocher comme l’envisage la haute direction, le Bloc québécois prend le chemin des conservateurs de Pierre Poilievre qui, eux, promettent de mettre la clé dans la porte des services anglais de l’organisation, a affirmé lundi la ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge.

«Ce qui me choque, c’est d’entendre le Bloc qui adopte à peu près la même position que les conservateurs, comme quoi il faudrait séparer complètement CBC/Radio-Canada. Tant qu’à y être, «définancer» complètement CBC. (…)  Ça n’a aucun bon sens», a-t-elle lancé durant la période des questions à la Chambre des communes.

Jeudi, le leader parlementaire du Bloc québécois, Alain Therrien, avait fait sa «proposition» de rendre CBC et Radio-Canada plus indépendantes l’une de l’autre en reconnaissant que «les deux n’ont pas la même identité culturelle, pas la même audience, pas la même culture d’entreprise».

Dans leurs échanges de lundi, M. Therrien a dénoncé le «plan de modernisation» de la société d’État qu’il juge être «davantage un plan de sauvetage de la CBC sur le dos de Radio-Canada», un plan qui n’exclut pas des rapprochements au niveau de la programmation et de la direction.

La ministre a assuré, comme elle le faisait la semaine dernière lorsque les premiers échos de ce projet ont fait surface dans les médias, que «d’aucune façon» une restructuration de la société d’État n’affectera les services aux francophones du pays, tant au Québec qu’ailleurs au pays.

Dans sa question de relance, M. Therrien n’a pas réagi à la comparaison avec les conservateurs que la ministre venait de faire. Il a plutôt imploré à nouveau le gouvernement Trudeau de freiner cette «très dangereuse idée de rapprochement» puisque «au Canada, quand tu mets anglais puis français ensemble, ben ça donne l’anglais parce que le français c’est secondaire».

La ministre St-Onge est elle aussi revenue à la charge. «Je tiens à vous faire remarquer que les conservateurs applaudissent quand le Bloc parle (…) de séparer CBC/Radio-Canada puis de complètement «définancer» CBC, a-t-elle dit. Qu’est-ce qui se passe avec le Bloc qui sont aussi alignés avec les conservateurs sur quelque chose d’aussi fondamental comme notre diffuseur public, comme Radio-Canada?»

Or, un journaliste de La Presse Canadienne a constaté que c’est plutôt quand la ministre a évoqué l’idée du «définancement» que des députés conservateurs ont commencé à applaudir.

«Ils (le Bloc) n’ont jamais été capables de protéger Radio-Canada contre les conservateurs sous (le gouvernement conservateur de Stephen) Harper. Ils ne seront pas plus capables maintenant», a-t-elle plaidé.

Selon CBC/Radio-Canada, le projet dévoilé la semaine dernière n’a pas pour objectif d’«éliminer l’indépendance éditoriale et de programmation» des services anglais et français. Il vise en fait, dit-on, à «assurer la pérennité» du diffuseur public en tirant «le meilleur parti possible de nos ressources limitées, notamment en matière de technologie».

Ces commentaires étaient loin de rassurer le ministre québécois de la Culture, Mathieu Lacombe, qui avait alors estimé que si les changements s’étendent à la programmation, «culturellement parlant, pour le Québec, ce serait une catastrophe». M. Lacombe avait dit croire «sans équivoque» qu’il est primordial de maintenir deux services distincts.

Le chef conservateur Pierre Poilievre promet quant à lui de «définancer» la CBC. Il entend cependant protéger les services français de Radio-Canada, et particulièrement ceux destinés aux minorités francophones du pays, puisqu’il les considère comme un service essentiel. M. Poilievre assure pouvoir séparer CBC et Radio-Canada.

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