CBC étiqueté par Twitter: Trudeau tire à boulets rouges sur les conservateurs

Émilie Bergeron, La Presse Canadienne
CBC étiqueté par Twitter: Trudeau tire à boulets rouges sur les conservateurs

OTTAWA — Le premier ministre Justin Trudeau a accusé lundi ses rivaux politiques, les troupes conservatrices de Pierre Poilievre, de se tourner vers des «milliardaires américains» pour s’attaquer au réseau CBC, qui a été étiqueté la veille par Twitter comme étant un «média financé par le gouvernement».

Questionné, en point de presse à Ottawa, sur la décision du réseau social dirigé par Elon Musk, M. Trudeau a plutôt commenté «le choix que le Parti conservateur du Canada a fait».

«On ne peut pas faire confiance aux conservateurs (…) qui s’attaquent régulièrement à la culture, à l’identité, au journalisme indépendant de qualité — entre autres local», a-t-il lancé.

Il a fait valoir que cela s’illustre d’autant plus quand «les conservateurs s’en prennent à une institution importante pour bien des Canadiens (et le fait) en courant aller voir les milliardaires des géants du Web aux États-Unis».

Le premier ministre n’a pas nommément mentionné Twitter ni Elon Musk dans sa tirade.

M. Poilievre avait demandé à Twitter la semaine dernière d’étiqueter les comptes de CBC avec la mention «financé par le gouvernement». Il a fait cette requête dans une lettre adressée aux dirigeants de la plateforme de médias sociaux, à San Francisco.

Dimanche, il s’est réjoui de l’action entreprise par le réseau social, soutenant que le pendant anglophone du diffuseur public répand, selon lui, «de la propagande de Trudeau». Il a aussi partagé une pétition approuvée par sa formation politique demandant de définancer CBC.

Dans l’immédiat, CBC/Radio-Canada a défendu son indépendance dans une déclaration transmise sur le même réseau social avant d’annoncer, lundi, qu’il cessait temporairement ses activités sur Twitter.

«Notre journalisme est indépendant et soumis à nos Normes et pratiques journalistiques, ainsi qu’à un processus de plainte indépendant par l’intermédiaire des ombudsmans de Radio-Canada et de la CBC», a-t-on souligné.

Le diffuseur public a ajouté que « CBC/Radio-Canada est financée par des fonds publics au moyen d’un crédit parlementaire voté par tous les députés».

Ni dimanche ni lundi le compte Twitter de Radio-Canada n’était affublé de la même étiquette que celui de CBC.

Aux yeux de M. Trudeau, M. Poilievre «prétend qu’il peut s’attaquer à la CBC sans aussi s’attaquer à Radio-Canada», ce qui est «entièrement faux».

Bloquistes et néo-démocrates ont abondé dans le même sens, soulignant que le pendant francophone du diffuseur public est lié à celui en anglais.

«Une attaque sur un réseau comme ça, ça va frapper la communauté francophone à travers le pays qui dépend de Radio-Canada pour avoir des nouvelles, pour partager les histoires, pour partager la culture», a dit en mêlée de presse le chef néo-démocrate Jagmeet Singh.

Il a ajouté, du même souffle, que cela porte aussi atteinte à la culture québécoise.

«Forcément, si un jour la menace de retirer le financement à CBC est mise à exécution, il y a un impact sur Radio-Canada. C’est certain. Il ne faut pas s’en cacher», a renchéri le porte-parole bloquiste en matière de patrimoine, Martin Champoux.

À son avis, M. Poilievre joue sur les mots en qualifiant CBC de réseau propagandiste puisqu’il le «soupçonne» de très bien savoir différencier «une télévision d’État» d’une «télévision publique».

«De voir qu’on véhicule ce genre de mensonges et de désinformation, c’est extrêmement inquiétant et préoccupant», a-t-il soutenu.

Le bureau du chef de l’opposition officielle n’avait pas répondu, lundi en fin d’après-midi, aux questions de La Presse Canadienne. M. Poilievre ne s’est pas, non plus, rendu disponible pour une mêlée de presse avec les journalistes en marge de sa participation à la période des questions.

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