Caucus libéral: un député de Terre-Neuve nuance ses propos sur Trudeau

Michel Saba, La Presse Canadienne
Caucus libéral: un député de Terre-Neuve nuance ses propos sur Trudeau

OTTAWA — Le député libéral de Terre-Neuve qui a appelé à une révision du leadership de Justin Trudeau est revenu jeudi sur ses propos, alors que le caucus libéral, qui se réunit à Ottawa pour préparer la session parlementaire, serrait les rangs devant les journalistes.

«L’intention de mes récents commentaires publics n’était pas de réclamer personnellement une révision du leadership, et je n’en réclame pas une maintenant», a affirmé le député d’Avalon, Ken McDonald, dans une déclaration écrite.

Il y précise également qu’il continue de soutenir Justin Trudeau parce qu’il a à cœur les intérêts supérieurs des Canadiens.

Dans une entrevue à Radio-Canada publiée la veille, Ken McDonald jugeait qu’il était temps pour les membres du parti de «clarifier les choses» et d’avoir une conversation sur l’orientation de leur formation politique.

Dans un discours devant ses troupes, en après-midi, M. Trudeau a soutenu qu’il s’agit d’«une grande force» du parti qu’«ici dans cette pièce» les députés libéraux puissent avoir des conversations «profondes, sérieuses et difficiles» qui sont «le reflet» de celles qui ont lieu partout au pays.

«Et quiconque affirme que cela est une faiblesse ne comprend pas le Canada», a-t-il insisté.

Le chef libéral s’en est pris du même souffle aux conservateurs de Pierre Poilievre qui, accuse-t-il, ne laissent aucune place à ce que leurs députés partagent des points de vue divergents.

«Ils veulent faire taire leur caucus et transmettre des ordres venant d’en haut», a dit M. Trudeau.

Tous les députés libéraux rencontrés plus tôt à leur arrivée aux réunions des caucus régionaux du Québec et de l’Atlantique ont assuré que Justin Trudeau est leur meilleur atout, mais aussi celui qui est le mieux placé pour diriger le pays.

«Le caucus, le cabinet, on est unis derrière M. Trudeau», a assuré son lieutenant pour le Québec, Pablo Rodriguez. Il le décrit comme «un politicien d’expérience» qui a fait «extrêmement beaucoup», mais qui comme tout le monde fait parfois «des erreurs».

Quant à la pertinence d’un vote sur le leadership du chef, M. Rodriguez a répété que les libéraux ont été portés au pouvoir à trois reprises sous la gouverne de M. Trudeau. «Les Canadiens ont fait un vote de confiance il n’y a pas si longtemps», a-t-il lâché.

Dans la foulée de la rétractation de Ken McDonald, les élus libéraux ont unanimement indiqué qu’ils étaient libres de s’exprimer librement, certains, comme le ministre des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, ajoutant que cela doit se faire «au caucus».

«On est libre de dire ce qu’on veut», a insisté Francis Scarpaleggia, le député de Lac-Saint-Louis, une circonscription de l’ouest de l’île de Montréal.

«Il a peut-être réfléchi que ce n’était peut-être pas très prudent de parler de choses (comme celles) qu’il a soulevées, a déclaré M. Scarpaleggia. Ken McDonald, je le connais. Ken McDonald, il dit ce qu’il pense. Ce n’est pas quelqu’un qui va se plier à qui que ce soit.»

Son collègue du Nouveau-Brunswick René Arseneault a lui aussi noté qu’«un caucus, c’est là où on lave le linge sale en famille», où doivent avoir lieu les «discussions robustes». Un vote sur son leadership aura lieu «si c’est la volonté du parti», a-t-il mentionné.

De toute manière, M. Trudeau a «le cœur à la bonne place» et «sait très bien que le parti vaut plus que n’importe quel individu qui le forme». Il ne croit pas que les libéraux soient à la croisée des chemins, ne connaissant personne, «à l’interne en tout cas», pouvant faire mieux que M. Trudeau.

M. Arseneault convient que ses concitoyens lui parlent de «l’usure du pouvoir» et reconnaît que les gaffes «s’accumulent», mais juge que c’est normal pour une personnalité publique constamment scrutée par les caméras.

«Comparons ça à des scandales français, des scandales américains: c’est une farce, a-t-il lancé. Là, c’est rendu qu’on scrute ses vacances. Sacrement!»

Le député faisait référence aux vacances des Fêtes que le premier ministre a passées chez des amis en Jamaïque, mais qui soulèvent des enjeux éthiques vu que la valeur marchande de l’hébergement fourni serait de plus de 80 000 $ selon des reportages.

Les députés du Parti libéral du Canada se réunissent depuis mercredi pour préparer les stratégies avant la reprise des travaux de la Chambre des communes, lundi prochain. Leur formation politique continue d’être largement à la traîne derrière les conservateurs dans les sondages.

La journée de mercredi était consacrée à des séances en petits groupes, y compris des réunions du caucus des femmes, du caucus rural et du caucus autochtone. Les caucus régionaux se réunissaient jeudi matin. Une réunion générale du caucus débutait en après-midi et une autre journée complète de réunions de caucus est prévue vendredi.

Cette série de réunions survient après que le cabinet libéral fédéral eut tenu une retraite à Montréal pour planifier les priorités du gouvernement pour les prochains mois. Cela implique de se préparer à la possibilité d’une autre présidence de Donald Trump aux États-Unis et de tenter de ralentir l’afflux d’étudiants étrangers au Canada, ce qui exerce déjà une pression sur l’offre de logements au Canada.

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