Arsenic dans l’air: la Fonderie Horne améliore son bilan

Stéphane Blais, La Presse Canadienne
Arsenic dans l’air: la Fonderie Horne améliore son bilan

La Fonderie Horne a indiqué que la moyenne annuelle en arsenic dans l’air ambiant à la station légale Horne,située sur sa propriété,est de 45 nanogrammes (ng) par mètre cube (m3) pour l’année 2023. Cette moyenne est 15 fois plus élevée que la norme environnementale, mais elle constitue une amélioration comparativement aux années précédentes.

Selon les dirigeants de la Fonderie Horne, qui ont tenu une conférence de presse jeudi, la moyenne annuelle en arsenic dans l’air de Rouyn-Noranda en 2023 illustre l’efficacité des projets transitoires mis en place au cours des deux dernières années.

«Ces mesures ont permis de réduire de plus de 70 % la concentration moyenne annuelle d’arsenic dans l’air ambiant à la station Horne depuis 2005», a indiqué Marie-Elise Viger, directrice environnement pour les opérations cuivre de l’Amérique du Nord.

Glencore, propriétaire de la fonderie, soutient avoir mis en service dans les dernières années de nouveaux dépoussiéreurs, amélioré «la captation à la roue de coulée» et construit un nouveau dôme.

Toujours selon les dirigeants de la fonderie, les calculs de concentration moyenne démontrent qu’actuellement, «environ 99 % du périmètre urbain de Rouyn-Noranda se situe à 15 ng/m3», qui représente la cible imposée à l’entreprise par le gouvernement du Québec il y a un an. La norme annuelle fixée par le Règlement sur l’assainissement de l’atmosphère est toutefois de 3 nanogrammes (ng) par mètre cube (m3 ).

L’entreprise prévoit que le projet de modernisation appelé «Aeris» devrait permettre une réduction de la concentration moyenne annuelle d’arsenic dans l’air ambiant à 3 ng/m3 ou moins pour environ 84 % du périmètre urbain de Rouyn-Noranda. 

Toutefois, Glencore n’a pas indiqué dans combien d’années elle pourra atteindre le seuil légal d’émission d’arsenic dans l’air.

Mères au front n’est pas impressionné

Le groupe Mères au front de Rouyn-Noranda, qui milite depuis longtemps pour que la fonderie respecte les normes d’émission de polluants, n’est pas impressionné par les données dévoilées par Glencore.

«Mais comment ça se fait qu’après 20 ans de dérogations, l’entreprise n’a pas encore atteint la norme?» a demandé Jennifer Ricard-Turcotte.

«Ils nous disent que les concentrations d’arsenic dans l’air sont beaucoup moins élevées, mais ce qu’il faut comprendre, c’est qu’on est exposé aux différents contaminants par l’air qu’on respire, mais aussi par les poussières de sol et à Rouyn-Noranda, on cumule 100 ans de retombées atmosphériques polluantes», a indiqué la porte-parole du collectif.

«Même quand les normes seront atteintes, notre santé ne sera pas protégée, car l’arsenic est un cancérigène sans seuil et on cumule un lourd passé d’exposition», a ajouté Mme Ricard-Turcotte.

Le syndicat des travailleurs de la Mine Noranda (CSN) a également réagi au moment où Glencore publiait ces résultats.

«On constate une progression, mais on aimerait que Glencore confirme le gros des investissements qui va permettre d’aller encore plus loin pour baisser la présence d’arsenic autour de la fonderie», a indiqué le président du syndicat, Shawn Smith, dans un échange avec La Presse Canadienne.

Des émissions liées au risque de cancer

Les émissions d’arsenic de la Fonderie Horne sont associées à un risque estimé accru de cancer.

À l’été 2022, un rapport de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) révélait que, sur une période de 70 ans, un nombre excédent de citoyens de Rouyn-Noranda, entre un et 14, développeraient un cancer si l’entreprise Glencore ne diminuait pas la concentration d’arsenic dans l’air produit par la fonderie.

En mars 2023, le gouvernement a exigé que la Fonderie Horne mette en place un plan qui lui permette de respecter la cible de 15 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) d’arsenic à partir de 2027, ce qui serait, si la fonderie parvient à respecter la cible, cinq fois plus élevé que la norme environnementale, qui est de 3 ng/m3.

L’entente précédente avec Glencore, qui avait été signée avec le gouvernement libéral en 2017, permettait que les émissions d’arsenic de la fonderie atteignent une moyenne annuelle de 100 ng/m3, soit 33 fois plus que la norme.

Au printemps 2023, le gouvernement a également imposé à l’entreprise qu’elle présente un plan d’action d’ici 2027, pour éventuellement atteindre la norme 3 ng/m3.

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