Affaires mondiales confirme que deux autres Canadiens sont morts en Ukraine

Jacob Serebin, La Presse Canadienne
Affaires mondiales confirme que deux autres Canadiens sont morts en Ukraine

MONTRÉAL — Une unité militaire composée de combattants étrangers participant à la guerre en Ukraine avait entrepris des missions secrètes contre la Russie lorsque son commandant canadien a été tué, a affirmé un chercheur qui étudie la guerre dans la région.

Jean-François Ratelle, qui utilisait le nom de guerre «Hrulf», était l’un des deux Québécois à mourir au cours du mois dernier en combattant pour l’Ukraine. Il dirigeait une unité de combattants étrangers en Ukraine appelée la «Brigade normande».

Un professeur d’études internationales à l’Université d’Ottawa, également appelé Jean-François Ratelle, a déclaré que la Brigade normande semble être passée d’un rôle de défense – tenir les lignes de bataille – à des activités à l’extérieur des lignes de front. M. Ratelle, qui étudie les combattants étrangers, n’a aucun lien de parenté avec le soldat décédé du même nom.

M. Ratelle a expliqué en entrevue qu’il y a eu beaucoup plus d’activités secrètes, derrière les lignes ennemies et beaucoup moins de maintien des lignes et de batailles d’infanterie typiques dans les villes. 

Selon le professeur, la brigade semble être devenue un atout pour les renseignements militaires ukrainiens.

Affaires mondiales Canada a déclaré être au courant de la mort récente de deux Québécois alors qu’ils combattaient pour l’Ukraine , ce qui porte à 11 le nombre total de Canadiens tués dans ce conflit.

Un autre Québécois, Alain Derasp, est décédé en Ukraine le 27 février, selon une notice nécrologique, le décrivant comme un vétéran du Royal 22e Régiment des Forces armées canadiennes et père de quatre enfants.

L’adjudant Derasp, originaire de Campbellton, au Nouveau-Brunswick, avait pris sa retraite de l’armée canadienne le 25 février 2019, «après une carrière de plus de 26 années», indique la notice nécrologique publiée sur le site du 22e Régiment.

Une source militaire qui a demandé à ne pas être identifiée, car elle n’est pas autorisée à parler aux médias, a déclaré que M. Derasp dispensait une formation en premiers soins en Ukraine et qu’il est décédé des suites d’une maladie.

Leur décès a été d’abord signalé par le gouvernement russe dans des publications sur les réseaux sociaux contenant des photos des deux hommes et d’autres détails personnels.

Luc Fortier, qui a servi avec Derasp au sein du Royal 22e Régiment — aussi connu sous le nom de Van Doos — se souvient de lui comme étant un homme joyeux, «mais surtout très dévoué».

L’infanterie est une fraternité, a fait remarquer M. Fortier, ajoutant que la perte soudaine de M. Derasp est douloureuse pour les soldats avec lesquels il a servi.

Au cours de sa carrière de 26 ans, M. Derasp a participé à une mission de maintien de la paix des Nations Unies et à trois missions de l’OTAN, toutes en ex-Yougoslavie, ainsi qu’à deux missions en Afghanistan.

Adjudant au moment de sa retraite, M. Derasp vivait à Chicoutimi, au Québec.

M. Ratelle, originaire de Joliette, au Québec, a été tué au combat, a déclaré une amie ukrainienne, Anna Filippova. Dans un message écrit, Mme Filippova a raconté l’avoir rencontré peu de temps après son arrivée en Ukraine en mars 2022.

Mme Filippova le raconte comme un «guerrier» et un «leader». Elle a aussi souligné son courage.

Le ministère de la Défense nationale a déclaré détenir les dossiers d’un certain Jean-François Ratelle qui a servi comme artilleur pendant trois ans. Un ami a déclaré qu’il avait ensuite rejoint la Légion étrangère française, et sur les photos publiées sur les réseaux sociaux après sa mort, on le voit portant l’uniforme du célèbre corps militaire français. L’armée française n’a pas répondu à une demande de commentaire.

Chris Ecklund, un homme d’affaires et philanthrope de Hamilton qui a aidé des Canadiens à se rendre en Ukraine pour combattre – et qui a parlé avec M. Ratelle – l’a décrit comme un guerrier dévoué.

Le professeur Ratelle a déclaré que les combattants étrangers ont joué un rôle auxiliaire dans le conflit et, même s’ils ont participé à des batailles majeures, ils sont souvent utilisés pour tenir les lignes de bataille, pour des raids transfrontaliers et comme leurres avant les contre-offensives des troupes ukrainiennes. 

La Brigade normande a été créée au début de la guerre, a précisé M. Ratelle, ajoutant que certains membres ont rapidement quitté le pays en raison d’un conflit interne sur le rôle de l’unité. Même si l’unité a collecté des fonds en ligne, en utilisant les médias sociaux pour se promouvoir, elle est devenue beaucoup plus secrète quelques mois après le début de la guerre, a-t-il déclaré. La propagande russe a affirmé qu’il y avait un élément d’extrême droite dans l’unité, mais M. Ratelle n’en a pas eu la preuve.

La mort des deux Canadiens a été initialement annoncée par le gouvernement russe dans des publications sur les réseaux sociaux contenant des photos des hommes et d’autres détails personnels. Dans un message publié sur la plateforme X, l’ambassade de Russie en Afrique du Sud a qualifié les deux hommes de «mercenaires» et a déclaré que M. Ratelle avait été tué par une frappe de drone.

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