Perdu en pleine tempête, un randonneur survit 11 heures sur le mont Washington

Nick Perry, The Associated Press
Perdu en pleine tempête, un randonneur survit 11 heures sur le mont Washington

MEREDITH, N.H. — Alors que les températures chutaient sur le mont Washington et que des vents violents rendaient la vue presque impossible, le randonneur Cole Matthes a commencé à s’éloigner du sentier. Il a ensuite heurté une plaque de glace recouverte de neige et a glissé sur plusieurs centaines de mètres dans un ravin.

Sa chute a déclenché une mission de sauvetage qui a duré 11 heures, a utilisé le célèbre chemin de fer à crémaillère de la montagne et a suscité de vives critiques de la part des sauveteurs, qui ont déclaré que le randonneur avait pris «de nombreuses mauvaises décisions».

M. Matthes et les sauveteurs s’accordent à dire que sans aide, il serait mort dans les heures qui ont suivi.

«Je suis extrêmement reconnaissant aux onze hommes qui m’ont sauvé la vie samedi et je suis également extrêmement désolé qu’ils aient dû risquer leur vie pour me sauver, a déclaré M. Matthes à l’Associated Press. J’ai certainement pris de mauvaises décisions et j’étais mal préparé pour cette randonnée.»

M. Matthes, un ingénieur de 22 ans originaire de Portsmouth, dans le New Hampshire, a dit dans une interview en ligne qu’il avait beaucoup d’expérience en matière de randonnée, mais pas dans des conditions hivernales difficiles. Il est parti avec des raquettes à crampons, prévoyant de faire la boucle de 15 kilomètres du sentier Ammonoosuc Ravine, qui présente un dénivelé positif de 1300 mètres.

Les services de la pêche et de la chasse du New Hampshire ont indiqué qu’au fur et à mesure que les conditions se détérioraient, M. Matthes a ignoré les conseils d’autres randonneurs qui lui conseillaient de faire demi-tour. 

«Bien que j’aie vu un groupe de randonneurs faire demi-tour au Lake of the Clouds Hut, j’ai décidé de continuer avec d’autres randonneurs, a expliqué M. Matthes. «Je n’étais pas seul à ce moment-là et les conditions météorologiques n’avaient pas encore atteint leur paroxysme.»

Une fois au-dessus de la limite des arbres, M. Matthes a troqué ses raquettes contre des chaussures à micro-pointes parce que la neige n’était pas profonde et qu’il était plus facile de naviguer sur les rochers et les crêtes, mais il a perdu la visibilité. Il a glissé dans le ravin un peu avant midi et s’est tordu la cheville. Il a appelé le 911.

Ryan Presby, qui gère le chemin de fer à crémaillère du mont Washington, a dit avoir pris le train trois fois avec les équipes de secours. Alors que les vents soufflaient à 145 kilomètres/heure et que les températures chutaient, il craignait que le carburant diesel du train ne se fige et que le moteur ne s’enraye. Il a demandé aux sauveteurs de sauter aussi vite que possible lorsqu’ils arriveraient à destination.

Levi Frye, agent de protection de la nature à Fish and Game, a fait partie du premier groupe de trois sauveteurs à sauter du train. Il a déclaré qu’il était évident qu’ils avaient besoin de crampons à cause de la glace et du vent violent.

«Nous avons lutté contre le vent tout le temps. Il était certainement capable de vous faire tomber, surtout avec un lourd sac à dos, a dit M. Frye. La visibilité était très mauvaise à cause de toute la neige qui soufflait.»

Le sentier était balisé par des cairns, a expliqué M. Frye. En raison de la mauvaise visibilité, ils ont utilisé un système appelé de «saute-mouton». Une personne restait au premier cairn tandis qu’une autre essayait de localiser le cairn suivant. La troisième personne se tenait au milieu pour faire le lien entre les deux. 

Pour rester en sécurité, il fallait trouver un équilibre entre ne pas avoir trop froid et ne pas trop transpirer, car il est encore plus dangereux que la sueur gèle, a expliqué M. Frye.

Après plusieurs heures dans le ravin, M. Matthes raconte que le vent s’est calmé et qu’il a aperçu au loin le refuge du lac des Nuages. Bien que douloureuses, ses jambes et ses chevilles ont supporté son poids. Il a pu remonter la crête et atteindre le refuge fermé, s’abritant en dessous dans un endroit d’urgence que les sauveteurs appellent la grotte. Il a de nouveau appelé le 911 pour mettre à jour sa position.

En se serrant les uns contre les autres pour bloquer le vent, M. Frye et ses compagnons ont reçu le message. Lorsqu’ils ont atteint M. Matthes un peu après 18 heures, la nuit était déjà tombée. 

«J’ai été extrêmement soulagé lorsque la première équipe de sauveteurs est arrivée, a admis M. Matthes. Même avec mon abri, je n’aurais pas passé la nuit dans mon état.»

Les bottes de M. Matthes étaient gelées, selon M. Frye. La priorité absolue a été de le débarrasser de son équipement mouillé et de lui faire enfiler des vêtements secs. Ils lui ont donné de l’eau chaude et des électrolytes et lui ont attaché la cheville pendant que d’autres sauveteurs arrivaient. Vers 21h30, ils ont estimé qu’il était stable et prêt à partir.

«Il était tout à fait disposé à essayer de partir en randonnée, a révélé M. Frye. Nous avons fini par le relier à un autre sauveteur qui lui avait mis un harnais.»

Les premières centaines de mètres ont été difficiles, selon M. Frye. Mais une fois passés sous la limite des arbres, ils ont été mieux protégés du vent. Ils sont rentrés à la base un peu avant 23 heures.

Après avoir été soigné, M. Matthes a refusé le conseil des sauveteurs de prendre une ambulance pour se rendre à l’hôpital, car il pensait que cela coûterait cher. Il s’est donc rendu lui-même à l’hôpital. 

«Je me remets actuellement de quelques engelures aux orteils», a-t-il dit.

Les services de la pêche et de la chasse du New Hampshire ont déclaré que M. Matthes n’avait pas le matériel ou l’équipement adéquats; qu’il n’avait pas prévu les conditions météorologiques; et qu’il n’avait pas pris les bonnes décisions. Dans le passé, l’agence a cherché à récupérer les frais de sauvetage de certains randonneurs qu’elle considère comme négligents. L’agence a déclaré qu’elle n’avait pas encore pris de décision concernant le sauvetage de Matthes.

M. Matthes a reconnu qu’il était conscient des implications financières possibles lorsqu’il a appelé le 911 pour la première fois.

«Mais je savais que si je n’avais pas appelé à l’aide, je n’aurais pas réussi à descendre, a-t-il dit. En fin de compte, je suis en vie et c’est tout ce que je peux demander.»

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