L’histoire qui suit est intéressante à plusieurs points de vue. Mais ce qui est le plus particulier vient du fait que la principale concernée, Mimi, est une chatte vivant à l’extérieur et ayant plus d’un propriétaire. Non seulement elles sont plus d’une personne à lui offrir un refuge et de la nourriture, mais elles se concertent lorsqu’elle ne va pas bien pour lui offrir des soins.
Depuis plus de deux ans, Mimi a une plaie sur la tête qui ne semble pas vouloir guérir. Un des propriétaires a bien consulté avec cette drôle de compagne et un traitement antibiotique a été tenté avec un succès mitigé.
Voilà Mimi de retour dans la salle d’examen. La plaie qui ne faisait à peine qu’un centimètre il y a plusieurs mois est maintenant beaucoup plus grande. Elle crée aussi de l’inconfort puisque Mimi a tendance à se gratter à ce niveau.
À l’examen, un ulcère important attire immédiatement l’œil. Avec un diamètre de facilement cinq à six centimètres, boursouflé et associé à un effet de masse derrière l’oreille gauche, c’est impressionnant. Mimi aurait entre huit et onze ans et elle est autrement en forme pour son âge. Elle vomit peut-être un peu plus depuis quelque temps, mais tout va généralement bien.
Chirurgie
Plusieurs scénarios sont discutés concernant la suite des évènements concernant Mimi. Comme il s’agit d’une chatte qu’ils ne peuvent garder à l’intérieur, la chirurgie pour tenter de refermer ces structures est choisie, considérant qu’il s’agira de l’option offrant des résultats rapidement.
Deux jours plus tard, des antibiotiques étant débutés, Mimi se retrouve sur la table d’opération. Le risque anesthésique peut être assez grand considérant son âge inconnu. Mais de ce côté, tout se passe bien. C’est du côté chirurgical que des surprises nous attendent. En effet, sous la plaie, l’effet de masse palpé communique avec un cordon de plus petites lésions qui descendent vraiment très bas sous l’oreille. Ce qui devrait être une simple fermeture de plaie se retrouve être une dissection en vue d’une excision de lésions suspectes. Mimi se réveilla avec l’équivalent de 22 points de suture allant d’un côté à l’autre du cou.
Tumeur
L’analyse histopathologique de ce qui fut enlevé fut recommandée. En effet, le souci de connaître ce qui causait de tels dommages était grand afin de savoir si un quelconque traitement préventif pouvait être nécessaire afin de prévenir une récidive. Préalablement placées dans du formol, les lésions retirées partirent au laboratoire avec l’accord des gardiens à temps partiel de Mimi.
Le résultat prit une dizaine de jours à entrer. Il s’agissait d’un carcinome fort probablement ductulaire apocrine, une lésion tumorale maligne. Ce type de tumeur est peu décrit chez le chat, son évolution est donc difficile à prévoir. Toutefois, le pronostic demeure réservé, le risque de récidive locale étant jugé élevé et le risque de dissémination métastatique aux nœuds lymphatiques et aux poumons étant réel.
Le jour où les points de Mimi devaient être retirés, les résultats furent transmis à ses gardiens. La convalescence de cette petite patiente fut sans particularité. La plaie se referma très bien. Il fut décidé de profiter de chaque jour de bonheur que cette chatte transmettait autour d’elle sans aller au-delà. Le jour où elle montrerait des signes de fatigue, on s’arrêterait, simplement.