Une gynécologue de l’Hôpital radiée cinq mois

Une gynécologue de l’Hôpital radiée cinq mois
Les faits reprochés à l'obstétricienne-gynécologue de l'Hôpital du Haut-Richelieu se sont déroulés dans la nuit du 19 au 20 avril 2012.

Dre Nathalie Cyr, une obstétricienne-gynécologue exerçant à l’Hôpital du Haut-Richelieu depuis 2004, sera radiée temporairement pour une période de cinq mois pour avoir refusé de se rendre au chevet d’une patiente qui souffrait d’une hémorragie.

Le Conseil de discipline du Collège des médecins du Québec a suivi les recommandations communes des parties, soient d’imposer une radiation temporaire de deux mois pour deux des quatre chefs et de cinq mois pour la balance des accusations. Les deux sentences seront purgées concurremment.

«La radiation sera effective à compter du 3 août 2016, et ce, dans la mesure où aucune requête en appel n’est présentée avant l’expiration du délai imparti», souligne Caroline Langis, relationniste de presse au Collège des médecins.

Dre Nathalie Cyr faisait face à quatre accusations. Deux d’entre elles concernaient un défaut de se présenter au chevet de sa patiente. Elle a aussi négligé de demander une formule sanguine complète et d’avoir prescrit une médication par téléphone sans diagnostic précis.

Dre Nathalie Cyr a plaidé coupable à ces quatre chefs lors d’une audience disciplinaire tenue le 12 avril. La médecin spécialiste n’avait pas d’antécédents disciplinaires.

Avril 2012

La patiente Nancie Lapointe a subi une césarienne dans la soirée du 19 avril 2012. À son réveil, elle a ressenti une vive douleur abdominale. Dre Nathalie Cyr, l’obstétricienne-gynécologue qui avait pratiqué l’intervention, était de garde à son domicile, ce soir-là.

Dans la nuit, l’infirmière appelle Dre Cyr à deux reprises pour l’informer des symptômes inquiétants de la patiente et lui demander de venir à son chevet. «Ce n’est que lorsque la patiente perd conscience et qu’elle doit être réanimée que Dre Cyr quitte son domicile et se dirige vers l’hôpital», rapporte le Conseil de discipline.

La patiente se trouve alors en hémorragie et doit subir, d’urgence, l’ablation de l’utérus.

Fausse piste

Dans le jugement rendu le 27 juin 2016 et dont Le Canada Français a obtenu copie, Dre Cyr soutient avoir été sur une fausse piste diagnostique dès le premier appel de l’infirmière.

«Elle n’a pas pensé que la patiente présentait une hémorragie. Elle ajoute qu’en aucun temps elle a refusé de voir la patiente, de lui prêter secours ou de se déplacer à l’hôpital», lit-on dans la décision de 20 pages.

«L’interprétation à distance que fait Dre Cyr de la situation d’urgence est biaisée, sélective et non objective. Pourtant, l’établissement d’un diagnostic est l’un des actes les plus importants pour les médecins», poursuivent les membres du Conseil de discipline.

Dre Cyr a dit, lors de son audience, «avoir été grandement ébranlée par les événements et continue toujours de l’être.»

Elle explique que dorénavant, dès qu’une infirmière l’appelle et qu’elle n’a pas la certitude de comprendre parfaitement la situation, elle se déplace pour évaluer elle-même la patiente.

«Dre Cyr indique que si elle avait pensé une minute que la patiente pouvait souffrir d’une hémorragie, elle serait allée immédiatement à son chevet. Elle regrette sincèrement la situation, écrit le Conseil de discipline. Elle reconnait avoir fait fausse route sur le diagnostic et elle admet ses torts.»

Le tribunal disciplinaire juge «très faible» le risque de récidive de Dre Cyr.

 

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