Une causeuse devenue un meuble d’apparat

Par Mario Wilson
Une causeuse devenue un meuble d’apparat
Encore une pièce du patrimoine qui ira dans un musée pour nous souvenir que les salons

J’ai déjà mentionné au cours de ces chroniques que le passé ne gardait pas que de splendides souvenirs véhiculés jusqu’à nous au travers de meubles tous plus merveilleux les uns que les autres.

Il y a bien sûr ces meubles défraîchis, inutilisables, que le temps, les termites et les abus on ne peut plus graves ont conduits au dépotoir. Et quelques fois, il faut bien le dire, dans les beaux foyers de nos maisons anciennes qu’il faut entretenir l’hiver avec tout le bois dont on veut se défaire.

Il y a les meubles qui ne sont plus aussi fonctionnels qu’à l’époque, comme cette chaise basse expressément conçue pour se chauffer les pieds au bord du feu. Les gens préfèrent nettement les sofas de cuir, hyper confortables, sur lesquels il fait si bon s’endormir pendant que la télé tente de nous garder en vie.

Que dire de ces fantastiques secrétaires dits «roll top», fabriqués de ce solide bois de chêne dont la veinure est une rivière en mouvement. Il n’y a pratiquement pas de place pour y loger deux ou trois livres lorsqu’on est aux études, ni même un portable digne de ce nom.

Cri de désespoir

Finalement, on trouve encore de ces meubles dont le style et l’élégance sont un cri de désespoir pour les nostalgiques qui se meublent avec ces objets d’une autre époque, et ce, coûte que coûte, en faisant fi du confort le plus élémentaire.

Prenez par exemple cette causeuse abandonnée dans le haut d’une grange, que le propriétaire voulait absolument mettre en valeur malgré les risques que cette initiative comportait.

Les petits insectes, les mulots et la poussière apprécient encore le confort de ce meuble, jusqu’à lui porter atteinte et en compromettre la survie. Vous trouverez toute une série de petits éléments qui rendent cette causeuse très intéressante au point de vue de son emplacement dans la chaîne des styles et du mode de vie de nos ancêtres que n’importe quel antiquaire pourra vous vanter avec raison.  

Coup d’œil remarquable

Les roulettes de porcelaine, les éléments victoriens et de style Eastlake, le très délicat travail du dossier (avec sa forme stylisée de cœur, justifiant le nom anglais de «love seat») et le très beau tissu qui recouvre l’assise, sont autant de caractéristiques apportant à ce meuble un coup d’œil remarquable.

Vous savez comme moi que le nettoyage des éléments de bois ainsi que le nouveau rembourrage du siège seront des étapes coûteuses à absorber. Elles en valent la peine, sauf pour le confort, notamment du dossier. En effet, imaginez-vous passer deux heures sur ce fauteuil à regarder une partie de hockey ou encore le film Mon fantôme d’amour. Vous avez l’image en tête, voilà, le problème est là.

Valeur

Cette causeuse est dorénavant un meuble d’apparat, c’est-à-dire qu’il ne sert plus qu’à titre d’élément de décoration. Dans cet état, peut-être pourrez-vous l’acquérir pour un petit 75$. Une fois retapé, il sera présentable aux clients d’un antiquaire pour un montant tournant autour de 400$.

Vous ferez certainement le lien entre une petite dépense supplémentaire pour un sofa confortable et une belle soirée reposante après une dure journée de travail. Encore une pièce de patrimoine qui ira dans un musée, question de se souvenir que les salons, avant la télévision, c’était pour s’amuser en famille.

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