Je me plais souvent à dire aux clients qui me demandent une évaluation de la valeur marchande de leurs vieux meubles qu’il y a dans chaque maison une ou deux pièces insoupçonnées qu’on ne voit plus et qui pourtant demeurent des objets intéressants pour les amateurs comme moi.
Prenez par exemple cette bibliothèque vitrée d’une autre époque. L’utilité du meuble fait qu’on ne le remarque plus; tout au plus trouve-t-on pratique ces deux portes vitrées qui empêchent les ouvrages déposés à l’intérieur de subir les méfaits de la poussière accumulée.
Pourtant, ce meuble de l’époque victorienne avec ses délicates particularités comme le dessin «press back» de la planche verticale supérieure ou encore les subtils chanfreins autour des baies vitrées constitue un rappel du tout début du siècle passé.
Il s’agit en fait d’un meuble de transition. En effet, les grandes, pour ne pas dire les immenses bibliothèques de noyer, chêne ou merisier de la fin du dix-neuvième siècle, savaient bien orner les grandes maisons à pièces surdimensionnées.
Essences de bois
On utilisait des essences de bois plus communes il y a cent ans, tout en réduisant la dimension des meubles. Les maisons devenaient plus petites. À partir de 1930, il est courant de croiser les petites bibliothèques à une seule porte, d’une hauteur ne dépassant notre menton.
Ce sont ces meubles de bois de placage dont les poignées sont habituellement de bakélite qui sont recherchés encore aujourd’hui. Les bibliothèques fermées (habituellement par une ou deux portes vitrées) constituent toujours de bons vendeurs chez les antiquaires.
La pièce de mobilier dont il est question cette semaine s’avère bien intéressante parce qu’elle est assez haute pour contenir plusieurs dizaines de bouquins, mais juste assez étroite pour prendre peu de place dans le salon.
Comme vous pouvez le voir, on trouve même une autre utilité aux quatre tablettes: les petits objets de collection ont également la chance de ne pas se couvrir de poussière à l’abri derrière les deux grandes baies vitrées.
Valeur
Fabriquée autour des années 1900-1915, ces bibliothèques se détaillent autour de 450 à 500$ chez les antiquaires. Il s’agit là, très certainement, d’une pièce intéressante à souhait pour qui aime conserver ces objets bientôt obsolètes, les «livres-papier».
Lorsque les gens n’achèteront plus de livres parce que leur portable ou leur tablette répondra à tous leurs besoins de lecture, il restera toujours des pièces de collection, les incunables, ces livres rares qui furent nos meilleurs amis de jeunesse.
Le retour en force de ces objets anciens qui ravivent notre nostalgie, comme les vinyles ou les bouquins de notre tendre enfance, aura très certainement comme résultat que les grandes bibliothèques vitrées changeront peut-être de vocation. Elles deviendront simplement des présentoirs à collection, parce que, nous le savons tous, les humains seront toujours des collectionneurs.