Cette toute petite pièce d’à peine 15 centimètres par 10 centimètres demeure un objet très rare sur le marché des antiquités québécoises pour plusieurs raisons.
D’abord le fait qu’elle porte la signature de la Stone Chinaware Co., société ayant fabriqué des pièces de faïence à Saint-Jean autour de 1880.
Il y a aussi le fait que les morceaux de vaisselle provenant de cette période de notre histoire nationale, plus particulièrement de la fabrication de produits de grès, de faïence et de poterie en général, arborent très rarement des motifs de couleur sous glaçure.
Ce petit dessin de quatre couleurs différentes, aussi naïf soit-il, démontre bien qu’il était possible d’obtenir des commandes spéciales de ces quelques usines johannaises produisant généralement des pièces de faïence complètement blanches, très souvent au contour de motifs en relief, comme la très populaire gerbe de blé.
Un art
Rappelons en effet que la Stone Chinaware Company, propriété d’hommes d’affaires très au fait de la production anglaise de l’époque, n’hésitait jamais à reproduire les motifs, couleurs et formes de contenants que l’Angleterre exportait en si grande quantité vers les colonies.
Nous savons maintenant que de grands faïenciers venus d’outre-Atlantique, comme William Livesley ou Philip Pointon, passèrent quelque temps chez nous afin d’enseigner leur art, mais également dans le but de pousser leurs expériences un peu plus loin en élaborant quelques pièces surprenantes par leur qualité et leur finesse.
Il n’est par conséquent pas exclu qu’un de ces grands maîtres ait réussi à convaincre les dirigeants de la plus grande industrie de céramique de Saint-Jean de produire des pièces dont les contrastes de bleu et blanc ressemblent tant à la production de la compagnie anglaise Wedgwood.
Valeur
Il arrive assez souvent qu’une ou deux pièces (comme des ensembles de pot à eau et bassin, par exemple), de nos anciens producteurs de faïence, décorés de bandes de couleurs vives, arrivent sur le marché très prisé des céramiques anciennes québécoises.
Il faut alors compter débourser de très bonnes sommes pour les acquérir. Les antiquaires connaissent maintenant, comparativement à l’époque de ma tendre enfance, la valeur de ces trésors.
Prenez simplement cette petite pièce. Un antiquaire ou un connaisseur pourrait très certainement en demander une somme avoisinant les 250$. Et il ne serait pas surprenant qu’il trouve rapidement preneur.
Il y a parmi les collectionneurs spécialisés dans la céramique ancienne et moderne produite au Québec des férus d’histoire qui s’en donneront à cœur joie lors de l’encan du dixième anniversaire de l’A.C.C.Q.
Nous trouverons certainement quelques collectionneurs de céramique québécoise qui profiteront de cet événement spécial de l’association pour se départir de certaines pièces de couleur provenant de chez nous, notre grande ville, jadis la capitale de la céramique canadienne.
Visite
Si l’aventure vous intéresse, vous pourrez faire une petite visite au site ceramiqueduquebec.com et en apprendre davantage sur cette association, la grande folie de ses membres et leur grande érudition dont leur plus beau rêve consiste à vous en faire part.