Une armoire centenaire de la Thaïlande

Par Mario Wilson
Une armoire centenaire de la Thaïlande
La valeur marchande de cette armoire est une énigme.       

Lors de mon récent voyage en Thaïlande, j’ai réalisé que la culture et le patrimoine demeurent des sujets de discussion universels. À cet Autrichien devenu chef cuisinier de haut niveau, le simple fait de lui dire que j’écrivais des chroniques dans l’hebdomadaire de ma grande ville, constitua l’élément déclencheur d’une discussion qui dura bien près d’une heure.

Dans un appartement aux dimensions respectables, au quinzième étage dont la vue sur la rivière Chao Phraya nous épate royalement, la petite cuisine nous tient en haleine avec ses quinze services.

Comme l’invité de la semaine précédente fut le chef des armées de la Jordanie, on ne peut pas dire qu’il s’agit du McDonald du coin. Cet ex-architecte autrichien, dont l’allemand et le thaï sont parfaits, m’a donc parlé de son passe-temps favori, soit la création de pièces de céramique et de verre tout à fait contemporaines.

Son épouse, artiste en art visuel, m’a même montré quelques-unes de ses toiles, toutes dignes d’une exposition à la Galerie Art Actuel de Saint-Jean.

Un tour d’horizon à l’intérieur de l’appartement nous permet de découvrir plusieurs meubles curieusement conservés dans l’état original de leur découverte. Il connaît les tendances dans la revalorisation du mobilier ancien, ne toucher à rien afin de conserver l’âme de la pièce.  

Armoire

Cette armoire découverte dans un hôpital abandonné depuis des années a bien maintenu cette allure vieillotte, chèrement acquise par le poids des années. Il n’a pas paru surpris, le cuistot, à l’annonce que ce buffet, cette armoire à médicaments devrais-je dire, sera très bientôt un meuble centenaire.

Il a étudié les styles du mobilier international (et fort bien retenu la leçon). Les caractéristiques de ce buffet situent sa fabrication juste après la Première Guerre mondiale, c’est-à-dire entre 1920 et 1930.

Ces portes à glissières, métal sur métal, les coins ronds du devant du meuble et les poignées (même si celle de droite n’est certes pas originale), constituent également des indices sur l’âge de la pièce.  

Énigme

Par contre, la valeur marchande demeure ici une énigme. En effet, en Thaïlande, alors que ce genre de meuble se trouve encore dans les recoins sombres de certains édifices abandonnés, ici au Québec, une fois bien nettoyés, de tels objets du passé peuvent atteindre un prix de vente de près de 500$ pour les amateurs de mobilier de cette époque.

Il est indéniable que ce meuble n’aura jamais la valeur marchande de 15 000 baths en Thaïlande, cette somme étant le double du salaire mensuel d’une nourrice. Il y a donc là une autre variante importante dans l’évaluation de la valeur marchande d’un meuble ancien.

Ce volet de la capacité économique suit de très près l’intérêt historique, la nécessité pratique et l’approvisionnement. En effet, par exemple, comment une lampe produite par Céramique de Beauce en 1965 pourrait intéresser les habitants du Gabon tant sa nécessité pratique, son intérêt historique ou son approvisionnement seraient à un niveau très, très bas?

Il n’y a que le prix (considérant les frais de transport) qui pourrait s’avérer élevé. La preuve demeure plutôt facile à démontrer. Vu l’absence des trois autres volets, aucun Gabonais n’est vraiment intéressé à collectionner les lampes de Céramique de Beauce.

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