Un siècle de souvenirs

Par Christiane Dumont

Rodolphe Goyette, cultivateur de métier, est né en 1913 sur le 3e Rang à Saint-Athanase. Au cours du siècle qui s’est écoulé, il a vu le monde changer, bien sûr. Et comme il a bonne mémoire, les anecdotes plaisantes à raconter ne lui manquent pas.

M. Goyette se rappelle qu’un beau jour, il a été intrigué par les églises qui ont fait sonner les cloches à toute volée. Sa mère lui a expliqué que c’était la fin de la guerre. C’était en 1918. Puis sa mémoire fait un saut dans le temps, jusqu’aux ravages de la grippe espagnole, qui ont marqué la famille: deux cousines de sa femme ont perdu leurs parents.

Mais tout cela semble bien loin. Le souvenir de la deuxième guerre est plus vif. Si Rodolphe Goyette a échappé au service militaire, ce n’est pas seulement parce qu’il était fermier. Son bras droit est «défait dans l’épaule» selon ce qu’en dit Rachel Goyette, un handicap qui lui enlève beaucoup de flexibilité et qu’il conserve encore aujourd’hui.

Rodolphe Goyette se rappelle que la guerre finie, «on engageait des hommes, nourris, lavés, logés, qui venaient de l’Europe. La ferme a hébergé deux Français et un Belge, en 1952. Ils portaient des drôles de noms: Fernand Mizoune, Gaston Ruche, Jean-Pierre Malaroux. C’était comme des membres de la famille. On était heureux ensemble», se souvient-il.  

La technologie

Le couple s’est-il mis à l’informatique? Pas du tout. «C’est bien assez de faire partir la télévision», fait remarquer le Johannais, sourire en coin. Il relate que son père a acheté un téléphone quand lui-même avait 12 ans. Une boîte noire installée au mur. On faisait tourner la manivelle et, selon le nombre de tours qu’on lui donnait, on tombait sur l’une ou l’autre des huit familles qui se partageaient la ligne. Pour appeler plus loin, il fallait passer par l’opératrice.

Dès 1922, ils ont eu la radio, qui fonctionnait à piles. Et puis en 1945, ils ont pu se raccorder au réseau électrique. Le tarif s’élevait à 2,50$ par mois, et on pouvait consommer comme on voulait, puisqu’il n’y avait pas de compteur.

Mais la ferme consommait peu: quelques ampoules et une petite chaufferette l’hiver, c’était tout ce qui tournait à l’électricité dans la maison. Pour faire chauffer l’eau, la famille disposait d’un réservoir muni d’une pompe attenant au poêle à bois. Et pour avoir l’eau courante dans la toilette, son père avait installé un réservoir avec une pompe à bras refoulante, une solution ingénieuse qui n’a jamais figuré dans les catalogues de quincaillerie.

La ferme d’antan

Est-ce que Rodolphe Goyette a travaillé fort dans sa vie? «Moyennement», répond-il sans hésiter. Sa femme n’est pas du même avis: «Il se levait rien qu’à 5 heures du matin et il se couchait à 9 heures du soir!», lance-t-elle. «Oui, c’était vrai l’été, rétorque-t-il, mais l’hiver, on jouait aux cartes après le train». Il tenait une ferme laitière, faisait pousser le foin et le grain, et vendait son lait à Montréal.

Pour lire la suite et l’article Vivre 100 ans consultez Le Richelieu ou son édition virtuelle.

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