Un jour à la fontaine de Trévi et à la villa Borghese

Par Raymond Marier

En rentrant le soir, après la visite de la place d’Espagne, tout à coup, une douleur bizarre se manifeste dans l’épaule gauche de Pauline. Elle peut à peine lever le bras. Elle souffre sans se plaindre jusqu’au lendemain matin.

À l’accueil de l’hôtel, on demande s’il y a moyen de voir un médecin à Rome. Oui, on peut faire venir le médecin, mais ça coûterait 130$. On peut aussi aller à l’urgence de l’hôpital où un tri permet d’être traité selon l’urgence du cas. Ça nous fait penser au fonctionnement de l’hôpital de Saint-Jean et Pauline refuse la perspective d’y attendre des heures.

Elle se rend à la pharmacie pour acheter des anti-inflammatoires et l’on s’entend pour restreindre le programme de la journée à deux visites: la fontaine de Trévi et la villa Borghese.

Fontaine de Trévi

En auto, accompagnés de Germaine, le GPS, nous cherchons à nous approcher le plus possible de la fameuse fontaine. Jusqu’au centre-ville, tout roule à merveille, mais à partir de là, les travaux, les détours et une manifestation font que nous passons trois fois devant le monument à Victor Emmanuel II, premier roi d’Italie.

N’en pouvant plus, nous décidons de nous rendre près de la villa Borghese située sur une colline dans un immense parc, en périphérie du centre. On trouve facilement une place dans le stationnement souterrain du musée. De là, en marchant, nous nous rendons à la fontaine de Trévi et, tout de suite, on comprend qu’il était impossible de circuler ou de stationner l’auto dans cette partie de la ville aux rues étroites, commerciales et encombrées.

À la fontaine, la foule masque toute la base du demi-cercle s’ouvrant sur le palazzo Poli. On finit par se frayer un passage pour voir cette merveille, la plus grande, la plus célèbre fontaine de Rome, rendez-vous des amoureux et des couples désirant un enfant.

La fontaine (1762) montre deux chevaux marins, l’un calme, l’autre agité. Ils symbolisent les humeurs de la mer et tirent le char de Neptune. Le bas-relief illustre la légende de la jeune fille qui a préservé sa virginité en indiquant la route de la source à un soldat romain. Un aqueduc relie cette source aux bains publics de Rome depuis le premier siècle avant Jésus-Christ.

La tradition veut qu’on lance une pièce de monnaie dans la fontaine par-dessus l’épaule droite pour espérer revenir à Rome et, par-dessus l’épaule gauche, pour faire exaucer un vœu. Il paraît que l’équivalent de plus d’un million de dollars est ainsi recueilli chaque année et versé à des œuvres de charité. Pauline s’exécute et réussit avec la droite, mais pas avec la gauche.

Villa Borghese

De retour à la villa Borghese, en attendant l’heure de la visite, nous nous baladons dans le parc aux allées ombragées. Ce petit palais, exemple de demeure d’un riche prélat, appartenait au cardinal Scipione (Caffarelli) Borghese.

Scipione Caffarelli avait obtenu le droit de porter le nom de son oncle Camillo Borghese, après l’élection de ce dernier à titre de pape (Paul V), en 1605. Bénéficiant de généreux dons de la part de son oncle, il avait également été promu cardinal et avait commandé cette résidence en 1613.

La villa était entourée du premier jardin de Rome aménagé « à la française »: 400 arbres, parterres géométriques, larges allées, sculptures, fontaines, îlots fleuris, animaux et oiseaux exotiques. Aujourd’hui, les 80 hectares ressemblent plutôt à un jardin anglais offrant un havre de calme et de détente aux Romains et aux visiteurs.

La villa musée se divise en deux sections: les sculptures, au rez-de-chaussée, et les peintures, à l’étage. Dès l’entrée, vous devenez tout excité à la vue de la Vénus victorieuse, d’Antonio Canova. Nulle autre que Pauline Bonaparte Borghese avait posé nue pour personnifier Vénus. À cette époque, son mari, descendant de Scipione, avait fait mettre ce chef-d’œuvre à l’abri des regards.

Dès la salle suivante, vous admirez le David de Le Bernin, puis Apollon et Daphné. Le summum, pour Raymond, la plus belle, intitulée L’enlèvement de Proserpine est aussi une œuvre de Le Bernin (1598-1680). En examinant les détails de la main sur la cuisse, vous sentez le frémissement de la chair et vous seriez même tentés d’y poser la main, mais c’est interdit.

Émotions

À l’étage, on a tout le loisir d’admirer des Raphaël, des Botticelli, des Dürer et combien d’autres. La collection actuelle présente une partie seulement de celle de famille Borghese. Au début du XIXe siècle, un revers de fortune obligea l’héritier Borghese ayant épousé Pauline Bonaparte, à vendre plus de deux cents sculptures et objets d’art à Napoléon, son beau-frère.

Avant de partir, nous repassons par le rez-de-chaussée pour prolonger les émotions se dégageant de la sculpturale Proserpine, en pensant qu’elle ravissait aussi les invités du cardinal Borghese, au XVIIe siècle.

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