Traditions balinaises et prière au temple de Besakih

Par Raymond Marier

Toujours dans la région d’Ubud au centre de Bali, nous circulons en auto pour compléter le tour des temples de la région. Le chauffeur, attentionné, fait un détour pour répondre à nos questions à propos des maisons balinaises. Il nous emmène visiter le village de Penglipuran.

Il s’agit d’un village traditionnel complètement restauré, abritant 76 maisons, chiffre correspondant au nombre de grandes familles. Les maisons sont construites de part et d’autre d’une rue principale pavée de pierres plates. La rue est large avec d’étroits canaux de chaque côté, bordés d’un espace gazonné donnant sur un mur de pierre. Sur ce mur est découpée l’entrée de chaque maison; un porche à toit pointu encadre la porte.

Un homme âgé nous invite à le suivre et sa femme nous fait visiter sa maison. En entrant, se trouve le temple pour la prière et les offrandes, puis derrière, un abri ouvert et la maison des «vieux»: construction en bambou, une seule pièce pour cuisiner et dormir par terre. Derrière cette maison, on arrive à une deuxième maison, construite en dur, celle du fils qui, par tradition, emmène sa femme chez ses parents. On ne la visite pas.

Dans la suite de l’alignement se trouve l’atelier suivi d’un abri pour animaux et du terrain à cultiver. Chaque famille possède aussi un hectare de la forêt de bambous située derrière le grand temple érigé à l’extrémité de la rue à son point le plus élevé. Ce village montre la vie communautaire, religieuse et économique, pratiquée depuis des siècles à Bali… Un mode de vie qui évolue compte tenu de l’affluence touristique.

Kintamini

Le tour prévoit un arrêt pour dîner un peu plus au nord, devant l’impressionnant mont Batur, 1717 mètres, volcan toujours en activité. Toutes les tables sont placées devant la baie vitrée pour que l’on voie un spectacle à couper le souffle: un gigantesque cirque rocheux de treize kilomètres. Sur le versant noirci, on imagine la lave qui s’est échappée en 2002, enflammant une grande partie de la montagne. Il y a de quoi vous faire oublier le repas et son prix.

On aurait envie de rester autour pour jouir du paysage, des grands volcans, des vertes rizières en escalier, de la forêt tropicale et des arbres au feuillage magnifique. Mais le programme prévoit aussi la visite du plus grand temple de Bali.

Besakih

LE temple, on le nomme aussi le «Temple Mère», le plus grand temple de Bali, le plus ancien, le plus sacré, le plus élevé, à 1000 m d’altitude sur un versant du volcan Gunung Agung. Le complexe abrite 23 sanctuaires (meru), surmontés de plusieurs toits.

Pour visiter les temples, ça prend un sarong, large tissu à porter comme une jupe par-dessus les vêtements. À Besakih, si on n’en a pas, il faut les acheter sur place. Le chauffeur nous recommande une échoppe. La dame demande 50$ l’unité. Jamais! On en a refusé à 1$ tout au long du voyage. Elle argumente: qualité, beauté … On paie finalement 8$ pour les deux.

Au bout des 200 échoppes et de la sollicitation qui vient avec, nous arrivons à la billetterie. Le chef, debout, avec son armée de guides officiels, nous attend, sourire éclatant au visage. Il commence ainsi la négociation, en anglais: «Bonjour, ce matin, nous avons eu la visite d’un Américain qui a payé 50$ US pour un de nos guides. Vous, vous voulez payer combien? » Raymond éclate de rire, dit bonjour au chef et à tous les autres avec son grand sourire. Les yeux dans les yeux, il dit au chef : 5$ US. Éclat de rire général. Discussions entre eux, sourire et ça se termine à 20$ US.

Pour commencer, le guide nous suggère de prendre deux taxis motos à 10$ pour le trajet jusqu’à l’entrée du temple. On refuse en disant qu’on aime bien marcher et, au bout de 50 mètres, il nous demande de l’attendre, le temps d’aller chercher sa moto. Il fait deux voyages pour nous emmener, chacun notre tour, gratuitement. Parfait !

Dès le début de la visite, on se rend compte que l’anglais parlé par le guide nous est à peu près incompréhensible. On le suit, on l’écoute distraitement, on apprécie la beauté du site, d’un sanctuaire à l’autre, on observe les cérémonies dans les espaces réservés aux pèlerins.

Prier

Au point le plus haut, il demande si on veut prier. Oui, pourquoi pas ! Il nous fait passer par une porte dérobée. Devant l’autel, on s’assoit sur un long banc de pierre. Une grosse dame rieuse nous accueille avec l’encens, l’eau et les petits paniers d’offrandes contenant des fleurs et du riz. On accomplit docilement le rituel.

1. On se frotte les mains devant l’encens pour les purifier; 2. Mains jointes à la hauteur de la poitrine, on prend la fleur rouge entre les index; 3. On prend la fleur jaune; 4. On dépose les deux fleurs sur les oreilles; 5. On place deux autres fleurs sur la tête; 6. La femme vient nous projeter de l’eau sur la tête; 7. Elle en verse un peu dans nos mains; on est censés la boire, pour se purifier l’intérieur, mais on fait semblant; 8. Elle nous colle des grains de riz sur le front; 9. On dépose les petits paniers avec ce qui reste dedans au pied de l’autel; 10. On fait une donation.

Le guide nous suggère de verser 100 000 roupies (10$) par personne. En présence des dieux, on n’ose pas diviser par 10 et on y va pour 50 000 chacun. La dame affiche alors un large sourire.

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