Le monde des antiquités québécoises est en proie à un raz de marée de ventes à des prix inégalés. En effet, très certainement à cause de l’intérêt porté depuis quelques années par les membres de l’Association des collectionneurs de céramique du Québec, les prix de vente de la céramique ancienne produite par nos potiers, porcelainiers et céramistes en général, atteignent de nouveaux sommets.
J’ai porté à votre attention il y a déjà plusieurs mois, un pot à eau fabriqué chez nous, à Saint-Jean-sur-Richelieu, pour la famille d’Orsonnens, dont le prix de vente en avait surpris plus d’un.
Même chose pour une tinette, dont la signature sous la pièce rendait cette céramique unique tant en intérêt pour les amateurs qu’en valeur marchande. C’est encore une fois le cas pour ce petit crémier apparaissant sur la photographie de la chronique de cette semaine, de la Stone Chinaware Company, qui vient de se vendre 2 700$ sur le site de vente par Internet Ebay.
Cette merveilleuse petite pièce de faïence bleue date du quatrième quart du 19e siècle et mesure à peine plus de 15 centimètres. Cette création de chez nous constitue un des éléments d’un ensemble à thé, la théière, le sucrier ainsi que les tasses et soucoupes devant normalement se retrouver avec ce crémier au centre d’une table bien garnie de l’époque victorienne.
Facture industrielle
Ce petit crémier demeure tout de même une pièce de facture industrielle, c’est-à-dire que plusieurs de ces pièces de céramique peuvent se retrouver sur le marché de la céramique ancienne canadienne.
Je me souviens très bien de cette théière bleue, achetée chez un antiquaire de Québec il y a environ 25 ans et qu’on avait ramené chez elle, ici à Saint-Jean, en moto. On retrouve au Musée de la place du marché cette même pièce, acquise de l’antiquaire au prix de 1 850$ et vendue à notre institution au même prix à la suite du don d’un mécène. Imaginez le prix que devrait maintenant débourser un donateur qui voudrait acheter un ensemble complet de cette vaisselle de très haut de gamme et en faire don à notre musée!
Et nous saurons à la lecture de ces lignes, le prix atteint par le sucrier avec couvercle que le même vendeur propose actuellement sur le site Ebay. Que penser de ce prototype de pot à eau signé par le céramiste qui l’a imaginé et contresigné par l’estampille de la Stone Chinaware Company, que nous verrons apparaître sur le même site de vente très bientôt? Il s’agit très certainement d’une pièce charnière dans l’histoire de la céramique québécoise et canadienne.
En hausse
À travers toutes ces ventes de pièces fabriquées en grand nombre, puisque faites avec un moule, nous constatons également une spectaculaire remontée des prix de vente pour les pièces uniques de nos grands céramistes québécois, particulièrement ceux de la période de l’après-guerre, soit entre les années 1945 et 1965. Et encore une fois, il y a fort à parier que Jean Cartier, de Saint-Jean-sur-Richelieu, sera de ceux qui nous surprendrons le plus lors de vente à l’encan ou d’échanges entres collectionneurs, amateurs et directeurs des acquisitions de nos plus grands musées.