Touchés par l’exotisme et l’art de vivre en Indonésie

Par Raymond Marier
Touchés par l’exotisme et l’art de vivre en Indonésie
Deux jeunes filles tenant boutique dans le quartier chinois.

Au dernier jour de notre voyage en Indonésie, nous visitons Kota, le Vieux-Jakarta, où se trouvent le quartier colonial hollandais et China Town. À la place Fatahillah, une jeune étudiante nous recommande d’aller manger au Café Batavia.

On fait le tour des clôtures entourant la vaste place pour trouver cette ancienne belle demeure coloniale, très bien conservée. Au début du XIXe siècle, elle logeait l’administration de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. En 1991, elle a été achetée par un Australien qui la convertit en café.

Dès l’entrée, dans ce décor d’un chic enviable, tout naturellement, on se met à rêver du faste de l’époque coloniale. Le décor est riche mais sobre, l’ambiance est feutrée et détendue, le menu, très varié, mais les prix vous font comprendre que le lieu ne peut être fréquenté que par les mieux nantis de Jakarta ou par les touristes.

Par exemple, un jus de lime frais coûte 40 000 roupies, ce qui ne vaut pas plus de 15 000 ailleurs; le burger, belle concession à la modernité, en vaut 90 000. On s’en tire avec une facture de près de 400 000 roupies (37$) pour deux petits snacks – tout à fait délicieux, en passant.

Photo ho! ho!

Sans ostentation, les murs sont tapissés de photos autographiées par les grands de ce monde qui sont passés là, Churchill, Hitchcock, Sinatra… Les politiciens et la plupart des vedettes de musique, de cinéma ou de théâtre y sont représentés. La pièce maîtresse pour les hommes reste sans contredit une photo près de l’urinoir à hauteur de l’entrejambe. Il s’agit de Claudia Schiffer, assise, nue, dans ses plus belles années, seins bombés retenus par ses mains, les doigts ouverts et les longues jambes croisées. Est-ce inspirant? C’est à tout le moins distrayant.

Après cette agréable pause, nous partons visiter le quartier chinois. Il y en a un à Montréal, un à New York et évidemment un à Jakarta, où les Chinois se sont installés en grand nombre, tout près de leur pays d’origine.

Aujourd’hui – ça arrive rarement – Pauline s’oriente bien, elle repère facilement les rues indiquées sur la carte; elle sait exactement où l’on se trouve par rapport à la mer. Comme à Saint-Jean, par rapport à la rivière. Raymond, de son côté, a perdu sa boussole, peut-être dans un petit coin du café Batavia.

Tout ça pour dire que Pauline nous mène directement dans Glodok (China Town). Il faut marcher les yeux grands ouverts, les rues et les trottoirs sont pleins d’embûches, petites marches inattendues, cailloux, trous, travaux, affluence, tout y est pour étirer le parcours.

Ici, comme dans bien d’autres pays, les Chinois furent ostracisés; au XVIe siècle, par les Hollandais; plus récemment, en 1965 et en 1998, par les Indonésiens. Partout, cette communauté a su vaincre les difficultés et remonter la pente. Jusqu’à tout récemment, les idéogrammes étaient interdits dans l’affichage public.

Visite agréable

On y trouve quelques jolies maisons à pignons aux toits de tuiles rouges et quelques temples, mais aussi quantité de taudis. On nous invite à passer la porte des boutiques d’électronique dernier cri de même que chez l’acupuncteur, le pharmacien, le médecin chinois et ses produits guérisseurs, herbes et potions miracles.

La visite est agréable, mais il y a tant de monde qu’on se tient tout près l’un de l’autre pour ne pas être séparés par la foule affairée. Sur la rue du marché, on se sent ignorants devant la variété de légumes inconnus, toutes les sortes de fruits frais, de poissons congelés ou vivants, de grenouilles, de lézards, d’escargots et plein de choses qu’on n’oserait pas manger.

Après un moment, les chevilles à demi déboitées par les obstacles rencontrés tout au long du parcours, un taxi à trois roues est le bienvenu pour rentrer à l’hôtel. Encore une fois, il sort de son territoire habituel et nous devons le guider pour arriver à l’hôtel.

Sur la rue, à chaque fois qu’on demande une information, ce n’est pas par mauvaise foi, mais ils ne peuvent nous répondre. Si on leur montre le plan de la ville de Jakarta, ils n’y comprennent rien, ils n’arrivent pas à situer leur quartier. Dans cette ville immense, leur espace de vie semble très restreint.

Au revoir Jakarta

Déjà le voyage en Indonésie tire à sa fin. En même temps qu’on éprouve le plaisir de retourner chez nous, on regrette un peu le départ. Il y aurait tant à observer encore, pour mieux comprendre cet autre art de vivre, dans une société aux racines lointaines, moins riche et moins pervertie par la consommation et la publicité.

Comme chaque voyage, celui-là se termine avec un pincement au cœur, peut-être un peu plus gros parce que nos hôtes et leur pays nous semblaient au départ plus mystérieux et inconnus.

À la semaine prochaine pour l’exploration d’une région de France, doux pays de nos ancêtres!

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