Beaucoup de lecteurs de ma chronique hebdomadaire me demandent si l’achat d’un objet ancien, qu’il soit québécois ou d’ailleurs, constitue toujours un bon placement.
La réponse est bien simple, il suffit de miser sur le bon cheval. Comme dans le domaine des arts visuels, certains artistes atteignent une grande notoriété, mais une trop grande production fait stagner la valeur marchande de leurs œuvres.
Pour certains autres, une absence de mise en marché empêche une diffusion qui pourrait s’avérer très profitable pour la cote de l’artiste. Toutes ces variables et bien d’autres caractéristiques du marché de l’art demandent un suivi constant et régulier. L’investisseur qui réussit est souvent celui qui a longtemps analysé le marché et ses soubresauts.
Encans
Dans le domaine de l’objet décoratif ancien, comme par exemple la céramique de chez nous, un bon suivi implique la participation à de très nombreux encans, une lecture régulière des écrits (historiques et contemporains) traitant du sujet, une implication directe dans les associations qui en vantent les mérites, l’intérêt et l’histoire.
Ainsi, on apprend qu’il y a la production ancienne (artisanale, puis industrielle) et la contemporaine, celle d’artistes dont la création artistique demeure tellement originale que la forme, la couleur ou la particularité d’une pièce constitue la signature de l’auteur.
Mais il y a cette catégorie de production de la céramique québécoise qui se situe entre ces deux catégories plus générales. La production industrielle au travers de laquelle une intervention majeure d’un artiste ou d’un designer permet une appréciation particulière et donc, il faut bien le reconnaître, une valeur marchande supérieure. C’est le cas des pièces de la Céramique de Beauce, compagnie à laquelle le céramiste Jean Cartier (Johannais d’origine) contribua pour la conception de certaines pièces de sa production.
Les pièces de la Céramique de Beauce portant la signature de Jean Cartier se vendent en moyenne plus cher que les pièces dites régulières de la production de la Beauce.
Lampe
Même phénomène pour les pièces qui sortent de l’ordinaire, parmi la production de la Canadian Potteries Ltd, d’où sortaient des fours de nombreuses pièces de céramique sanitaire entre 1930 et 1970.
Au début des années 1930, une artiste nommée Béatrice Richards dessina pour la compagnie de très intéressants modèles de pièces (différents de la production sanitaire plus commune), visiblement de grand intérêt pour les collectionneurs d’aujourd’hui.
La lampe de la chronique de cette semaine apparaissant sur la photo n’est peut-être pas de cette série créée par Mme Richards, mais comme il s’agit d’une pièce de grande dimension (au-delà de 35 centimètres), sa rareté en fait une pièce recherchée.
Étant donné la croissance de la valeur marchande pour les pièces de cette compagnie johannaise, les 150$ payés pour cette lampe s’avéreront certainement un bon investissement à moyen terme. Dans la même veine que la carte postale de Joseph-Laurent Pinsonneault, laissant voir le Moulin McGinnis d’Iberville et qu’un acheteur a payée 41$ la semaine dernière.
Ou encore ce cache-pot de Jean Cartier, vendu 425 dollars il y a quelques mois sur le très connu site de vente aux enchères, eBay. Il faut simplement connaître le marché et miser sur le bon cheval!