Saint-Jean, un laboratoire sur la gestion des risques d’inondation

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Par Gilles Berube
Saint-Jean, un laboratoire sur la gestion des risques d’inondation
Plusieurs reconnaîtront la trame de rues d'une partie du quartier Saint-Eugène. Pour ceux qui en ont été témoins

La Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu sert de laboratoire pour le développement d’un logiciel de gestion et d’analyse des risques d’inondation (GARI). Elle est partenaire de ce projet avec l’Institut national de recherche scientifique (INRS).

Avec les changements climatiques, le nombre d’inondations majeures est en constante augmentation. Rares sont ceux qui ne le se sont pas fait dire par leurs assureurs. Pourtant, il n’existe pas d’outil opérationnel de cartographie et d’analyse des risques liés aux inondations. L’INRS travaille à en développer un. La semaine dernière, l’Institut et la Ville ont présenté une première version de ce logiciel.

Les inondations du printemps 2011 ont été le déclencheur de ce projet, raconte le professeur Karem Chokmani, de l’INRS. Avec sa collègue Monique Bernier, il a eu l’idée de concevoir un logiciel permettant de prévoir et gérer les risques avant et pendant les inondations. En 2012, ils ont approché André Labonté, directeur des Technologies de l’information de la Ville.

Si l’outil s’adresse d’abord aux intervenants de la sécurité publique, sa conception est avant tout un défi informatique. M. Labonté a vite compris le potentiel du projet. Il l’a vite acheté d’autant plus que les investissements requis par la municipalité sont somme toute limités.

Risques

GARI, c’est d’abord une cartographie. Le logiciel peut afficher sur un écran tout un quartier dans une perspective en trois dimensions. L’esquisse de tous les bâtiments du quartier, d’un quadrilatère ou d’une section de rue apparaît à l’écran. Avec des codes de couleurs, on peut y afficher différentes caractéristiques.

Dans la présentation, une image montrait quelques quadrilatères du quartier Saint-Eugène affichés à l’écran. D’un coup d’œil, on voyait les zones inondées à un niveau précis de la rivière. Selon l’évolution du niveau, la zone peut s’élargir ou diminuer. À partir de cette information, la police, les pompiers, le service des travaux publics savent où intervenir présentement. Ils peuvent aussi anticiper les interventions à venir, par exemple, l’évacuation de la population.

GARI n’est pas un système de prévision des inondations, souligne M. Chokmani. Il se sert justement des prévisions du Centre d’expertise hydrique du Québec pour anticiper les risques. D’ailleurs, la Sécurité civile du Québec et la Commission mixte internationale sur les eaux limitrophes contribuent également au projet.

Potentiel

Le potentiel du logiciel est immense. En fait, plus on l’alimente de données, plus il est utile. On peut ainsi y intégrer les données sur la valeur des bâtiments et leurs caractéristiques pour prédire les dommages financiers d’une crue. On peut aussi savoir le genre de mesure de protection nécessaire. «Ça pourra aller jusqu’à calculer le nombre de sacs de sable nécessaires à protéger une maison», prédit André Labonté.

Des données nominatives pourraient s’y ajouter si les citoyens le veulent bien. Par exemple, la présence de personnes âgées, malades ou handicapées dans une maison est le genre d’information qui pourrait alimenter le système sur la base d’une déclaration volontaire des citoyens.

Amorcé en 2016, le projet s’échelonne jusqu’à l’an prochain. Pour l’heure, il se limite à la Ville de Saint-Jean, mais il pourra par la suite s’appliquer au territoire d’autres municipalités. Selon M. Labonté, des municipalités lui ont déjà signifié leur intérêt.

M. Chokmani observe toutefois qu’il faut adapter le logiciel aux différents régimes hydriques des cours d’eau. Ainsi, il est envisageable de l’utiliser sur les rives du Saint-Laurent, mais pour qu’il soit efficace, il faut connaître et comprendre le comportement du plan d’eau.

Le projet bénéficie d’une subvention de 900 000$ du Centre des sciences pour la sécurité de Recherche et développement pour la défense Canada, en partenariat avec Sécurité publique Canada. Le ministère de la Sécurité publique du Québec contribue également au financement alors que la Commission géologique du Canada et Environnement Canada collaborent également au projet.

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