Pourriez-vous reconnaître le Grand Harle?

Par Denis Henri

On a un drôle d’hiver, ne trouvez-vous pas? Imaginez si vous étiez un oiseau aquatique hivernant sur notre très belle rivière Richelieu. Avouez qu’il n’est pas facile d’y vivre depuis le mois de décembre.

D’abord, la rivière a gelé assez rapidement, réduisant d’autant les secteurs accessibles pour les palmipèdes (oies, bernaches, garrots, fuligules et canards). Ensuite, une période de froid intense et assez prolongée n’est pas facile pour leurs petites pattes dépourvues de plumes.

Une période de redoux et de pluies froides en janvier ne facilite pas les choses non plus, mais n’ayez crainte, ces «canards» en ont vu bien d’autres. Finalement, une autre vague de froidure qui débute le 20 janvier dernier.

Si l’oiseau réussit à passer son premier hiver, ses chances de «vivre vieux» sont très bonnes. Plus il est gros, meilleures sont ses chances de bien résister aux rigueurs de l’hiver. C’est justement l’avantage qu’a le Grand Harle. Avez-vous eu la chance d’observer ce gros oiseau sur la rivière?

Trois espèces

La famille des canards, appelée anatidé, compte 35 espèces au Québec. Outre les canards, elle comprend les oies, les cygnes, les bernaches, les fuligules, les garrots et bon nombre d’espèces de canards plongeurs comme les macreuses, les eiders et l’Arlequin plongeur.

Les Harles, anciennement appelés «becs-scies» forment un sous-groupe de cette famille. C’est principalement la forme et la physionomie du bec qui les différencient des autres anatidés. Le Harle couronné, le Harle huppé ainsi que le Grand Harle possèdent un bec beaucoup plus mince que celui des canards. De plus, lorsqu’il est ouvert, on peut y remarquer d’innombrables petites échancrures, rappelant les dents d’une scie, d’où leur ancienne appellation de «becs-scies». Cette caractéristique du bec des harles leur est très utile puisqu’elle leur permet de bien retenir leurs proies favorites, qui sont glissantes et grouillantes: les poissons.

Piscivore

Comment nomme-t-on un régime alimentaire constitué principalement de poissons? Eh non, ce n’est pas «poissonivore», mais bien piscivore. Les Harles du Québec sont principalement des oiseaux piscivores. À cause de cela, le Grand Harle a longtemps été persécuté par l’homme qui essayait de protéger ses stocks de poissons dans ses zones de pêche sportive.

De plus, ce régime alimentaire confère un très mauvais goût à la chair de ce canard, ce qui le sauve d’une salve de «plombs» lorsque s’ouvre la chasse d’automne à la sauvagine. Pour vous dire à quel point ce canard a un goût détestable, voici une recette qui m’a été transmise par un fin cuisinier de gibiers sauvages: «Tu fais bouillir un Harle dans un chaudron avec une grosse roche puis, au bout d’environ 2 à 3 heures de ce traitement, mange la roche!»

Des nicheurs en cavité

Aussi incroyable que cela puisse paraître, le Grand Harle a besoin d’un très grand trou dans un arbre pour y pondre ses œufs. La déforestation par l’homme, au cours des derniers siècles, lui a donc été néfaste. Cependant, depuis les dernières décennies, ses effectifs semblent assez stables. Si vous parcourez les sentiers et les routes qui longent la rivière Richelieu, vous ne manquerez pas d’observer ce grand «canard» blanc…même par un «froid de canard»!

Allez donc faire une belle balade hivernale au mont Saint-Grégoire. Bon hiver à tous !

Si vous avez des suggestions de sujets pour des chroniques à venir, n’hésitez pas à me contacter par courriel à henri.denis@sepaq.com

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Catherine Martibet
Catherine Martibet
4 années

merci pour les informations. Sur la Riviere Noire à Ste-Émélie-de-L’Énergie, dans Lanaudière, 4 Harles piscivores. C’est très intéressant de les voir.

Serge Lemire
Serge Lemire
3 années

Quel bel oiseau que ce Grand Harle. Voici une vidéo prise sous le pont Montcalm de Sherbrooke, là où de nombreux canards se tiennent. Les gens les nourrissent. https://youtu.be/7Ukg6JeATwA

Pierre Hamelin
Pierre Hamelin
2 années

Malheureusement j’en ai vu un mort sur la riviere Massawippi flottant a la dérive.est ce le froid ou l’age? Ca fait parti de la vie.