L’aventurier des temps modernes, Martin Trahan, a réussi à dompter le fleuve Yukon. Son épopée de trois mois à bord de son canot lui a permis de découvrir la culture des habitants de l’extrême nord de l’Amérique.
Il y a douze mois, le canoteur était épuisé. Il traversait alors le Canada. Chaque journée de son épopée était planifiée. Il avait un but en tête: arriver à destination avant le retour de l’hiver. C’était une course contre la montre.
Cet été, le voyageur a décidé d’aborder ses vacances autrement. Il laissait derrière lui le rythme effréné. Au lieu de 7000 kilomètres, il pagayerait sur une distance de 3200 kilomètres.
Trois mois après avoir mis son canot à l’eau au lac Bennett au Yukon, l’homme de 35 ans a terminé son périple. Il a découvert une nouvelle façon de voyager. Il a pris le temps de s’arrêter, d’admirer les paysages et de rencontrer les habitants.
«En 2015, j’ai perdu une quarantaine de livres. Cette année, j’ai seulement six ou sept livres en moins. Nos journées étaient relaxantes. Le courant nous portait. J’ai pu observer la faune et la flore», indique celui qui parcourait une cinquantaine de kilomètres par jour.
Épopée
Contrairement à l’an dernier où il avait planifié son odyssée pendant des mois, le Johannais a été recruté par une équipe de documentaristes dont l’objectif était d’aller à la rencontre des Premières Nations. Leur projet était baptisé Pull Of The North.
En mai, le groupe trempait ses pagaies à l’eau pour la première fois. Le 24 juillet, l’océan Pacifique s’ouvrait devant eux. Les pleinaristes venaient d’atteindre le village d’Emmonak en Alaska.
En chemin, ils se sont arrêtés dans chaque communauté. Leur arrivée en canot, moyen de transport ancestral des Premières Nations, facilitait l’entrée en matière. «J’avais une image de ces habitants ancrée dans le passé, témoigne Martin Trahan. Comme nous, ces gens existent et s’adaptent aux nouvelles technologies. Leur mode de vie traditionnel se perd peu à peu.»
Le Johannais a été exposé rapidement aux problèmes sociaux du nord. «Chaque communauté avait une histoire à raconter concernant le suicide d’une proche. C’était difficile. Un petit garçon m’a dit comment son frère de 12 ans s’était enlevé la vie. C’était parfois très triste et déprimant», raconte-t-il.
Météo
Martin Trahan a également été confronté aux forces de la nature. Les journées pluvieuses se sont succédé les unes après les autres, tout comme les orages.
«Il y a eu plus de pluie dans mes trois premières semaines sur l’eau que dans ma traversée complète du Canada. J’étais très heureux d’avoir mon drysuit. Je restais au sec, mais tout le matériel de camping demeurait humide», précise celui qui sera bientôt de retour au Québec.
Malgré la météo, il gardera un souvenir impérissable de son expédition. «C’était la première fois que je pagayais réellement entre les montagnes. C’était grandiose», souligne-t-il.
Il a également eu l’occasion d’observer la faune de près, alors qu’il a croisé notamment deux lynx, un grizzly, plusieurs orignaux, des aigles et d’innombrables petites bêtes.
Ce technicien en travail social s’estime privilégié d’avoir vécu autant d’aventures en si peu de temps. «J’ai pagayé sur une distance de 10 000 kilomètres en deux ans. Avant, j’avais l’impression d’avoir une vie ennuyante. Je l’ai transformée en une existence inspirante», pense celui qui s’est remis en question après une rupture difficile.
Martin Trahan songe déjà à son prochain défi. Il prendra une pause à l’été 2017 et repartira l’année suivante. Il rêve aux fleuves Mississippi ou encore à la mystique Amazone.