Mieux vaut faire bon usage des antibiotiques

Mieux vaut faire bon usage des antibiotiques
Il faut éviter de faire un mauvais usage des produits antibiotiques.

Un client se présente avec Minou (nom fictif pour garder l’anonymat de notre patient) parce que ce dernier s’est battu la semaine précédente et semble maintenant avoir une infection dans le cou. Une grosse bosse s’y est formée.

À l’examen, outre une fièvre élevée, une plaie importante est notée derrière l’oreille sur laquelle repose une croûte épaisse. Lorsque celle-ci est délicatement retirée, un écoulement purulent épais et malodorant sort de l’ouverture en quantité importante. Le restant de l’évaluation semble normal. Un abcès est confirmé et Minou et une prescription d’antibiotiques est faite.

Mais n’est-ce pas merveilleux, une semaine tard, notre patient est complètement guéri. La bosse est disparue dès le lendemain de la visite et la plaie s’est refermée après quelques jours seulement. Comme il n’est pas facile d’administrer des antibiotiques matin et soir par la bouche à un chat, le traitement est arrêté à mi-parcours.

Ce qui devait arriver arriva. Une dizaine de jours plus tard, une nouvelle bosse est apparue dans le cou, peut-être un peu plus bas que la première. Le restant d’antibiotiques fut administré et ne donna pas le résultat escompté.

Autre cas

Pitou (nom fictif pour garder l’anonymat de notre patient) est amené à la clinique vétérinaire pour une histoire d’otite probable. En effet, il secoue la tête de plus en plus fréquemment depuis quelques semaines et garde une oreille plus basse depuis quelques jours. Ses propriétaires semblent même noter une subtile odeur rance.

L’examen est révélateur d’une otite à droite: inconfort lors des manipulations, présence de sécrétions abondantes, rougeur et enflure du conduit auditif. Un prélèvement est effectué pour confirmer sur le champ le type d’agents infectieux impliqués. Des bactéries sont visuellement prédominantes au microscope. Un onguent approprié est prescrit et une démonstration sur la façon de l’appliquer est effectuée.

Mêmes symptômes

Le diagnostic est excellent! Pitou voit son état s’améliorer dès la première application du fabuleux produit. 72 heures plus tard, rien n’y paraît plus. Comme les propriétaires devaient faire garder leur animal pour le week-end suivant, ils n’ont pas jugé utile de compliquer les soins à apporter à Pitou par le responsable de la pension.

Quelques mois plus tard, pourtant, les mêmes symptômes apparurent et après dix jours du même traitement, l’oreille ne s’améliore pas.

Triste réalité

Ces deux exemples n’ont pas été choisis au hasard, mais bien parce qu’ils présentent une triste réalité, celle du mauvais usage de produits antibiotiques. L’automne dernier, les partenaires de la stratégie québécoise de santé et bien-être des animaux lançaient le programme «Les antibiotiques, en faire bon usage, c’est sage». Cela parce que les bactéries commencent à nous faire drôlement la vie difficile.

Imaginez une armée ennemie de cent bactéries. Imaginez encore votre fusil antibiotique qui tire à quelques reprises et détruit les 90 bactéries les plus faciles à éliminer, les plus faibles finalement. Cela pourrait donner l’impression que l’armée ennemie est éliminée parce qu’on ne voit plus de bactéries. Ces dernières se cachent bien, elles sont futées.

Ces dix superbactéries restantes survivent dans le temps et arrivent à se reproduire, donnant naissance à une nouvelle armée ennemie de superbactéries. Il est possible à ce moment que si vous utilisez le même fusil antibiotique, il ne tuera que 70, voire même 50 superbactéries. Il vous faudra alors un antibiotique canon pour détruire les superbactéries. Et ainsi de suite jusqu’au moment où plus rien n’arrive à éliminer les mégabactéries restantes. C’est ce qu’on nomme la résistance aux antibiotiques.

Alors, s’il vous plaît, suivez bien les recommandations de votre professionnel de la santé qui a les connaissances pour déterminer le traitement approprié (type de médicament, longueur du traitement) afin d’éviter de créer de nouvelles souches de bactéries multirésistantes.

Vous pouvez rejoindre mon équipe de la Clinique vétérinaire Mont-Saint-Grégoire et moi-même par téléphone au 450 347-7070. Visitez-nous sur Facebook!

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