Les amateurs d’objets anciens, les collectionneurs tous azimuts ainsi que nombre de conservateurs de musées américains s’intéressent de plus en plus à ces objets décoratifs issus d’artistes non conventionnels, qualifiés dans le monde de l’art naïf, indiscipliné ou simplement populaire.
Il s’agit pour la très grande majorité d’artistes autodidactes farouchement attachés à leur indépendance de toutes écoles de pensée, de modes passagères ou de courants artistiques connus.
Au Québec, certains penseront spontanément au peintre Arthur Villeneuve dont la maison, véritable œuvre d’art en elle-même et installée dans les murs du Musée de la Pulperie de la Ville de Saguenay depuis 1994, nous laisse voir l’immensité du talent de cet artiste très bien coté. À une échelle plus modeste, les dizaines de sculpteurs de canards de chasse sont autant d’artistes oubliés ou hautement appréciés par les collectionneurs. Parmi les plus connus, citons Orel Leboeuf, Clément Cinq-Mars et Octave Champagne.
Souvenirs
Même si certaines des pièces sculptées par un de ces artistes peuvent parfois atteindre quelques milliers de dollars, il ne faut pas pour autant croire que les œuvres de moindre de valeur ou d’artistes moins connus ne soient pas aussi intéressantes.
Prenez par exemple cette très charmante sarcelle, dénichée dans un encan de maison il y a quelques années. Nul besoin d’un baccalauréat en histoire de l’art pour comprendre que l’auteur de cette petite pièce de bois n’a pas fait l’École des beaux-arts. Pourtant, parmi de beaux meubles anciens, un décor rehaussé par ce petit oiseau suscitera bien des discussions et beaucoup d’admiration, autant par les amateurs ou les simples amoureux de patrimoine québécois populaire trop longtemps boudé par les antiquaires.
Le travail de recherche concernant l’auteur de cette sculpture reste à faire. Toutefois, la signature, sous la pièce, laissant voir les lettres B et D, saura pister le curieux qui voudra documenter cet apport dans sa collection d’objets hétéroclites qui décore les pièces de sa maison. Après plus de quarante ans d’achat et de revente d’antiquités québécoises, ce collectionneur avisé ne conserve dorénavant que les souvenirs les plus significatifs de sa longue carrière.
Valeur
Ce petit oiseau de bois dont les origines restent encore inconnues permettra à ce jeune retraité de tenir en éveil ses connaissances et son cerveau toujours très alerte. En attendant le jour de toutes ces découvertes révélées, tous s’étonnent de constater que cet objet bien singulier se retrouve au milieu de ces armoires et ces nombreuses pièces de porcelaine hors de prix pour le commun des amateurs.
La valeur marchande de cette petite sarcelle? Disons qu’elle se situe dans un éventail de prix compris entre 30 et 2000$. Seule la valeur sentimentale du souvenir de cet encan de jadis, encore au centre de la mémoire des très bons moments du collectionneur, constitue un temps fort qu’on ne pourra jamais évaluer.
