La valeur marchande de l’argenterie

Il fut une époque vraiment pas très lointaine pendant laquelle un cadeau de mariage en métal argenté constituait une pièce hautement appréciée. Le plus surprenant, c’est que l’argenterie se divisait en deux catégories, comme les clients qui s’en procuraient.

Les gens aisés se procuraient des pièces d’orfèvrerie de haute qualité, constituées de coutellerie, ensembles à thé ou simplement ces grands plateaux de service, comme on peut en voir un exemplaire sur la photo de la chronique de cette semaine.

Les moins fortunés n’étaient pas en reste puisqu’une multitude de fabricants à travers le monde se lancèrent dans la production de ces pièces aujourd’hui plutôt courantes, de métal très ordinaire comme le cuivre ou encore un alliage de cuivre et de zinc, appelé laiton.

Trompeur

On recouvre alors l’objet ainsi fabriqué de métal peu coûteux d’une très mince couche d’argent. Lorsque l’objet est neuf, le coup d’œil est vraiment trompeur. On croirait à s’y méprendre qu’il s’agit d’un objet d’argent pur, certainement acquis par une personne riche qui peut se permettre d’offrir un très beau cadeau.

Bien sûr, aussitôt que l’objet aura subi quelque peu les affres du temps, il est facile de voir ces traces d’usure si distinctives parce que l’argent et le laiton (ainsi que le cuivre) n’ont pas du tout la même couleur.

Par contre, si aucune trace vraiment claire ne permet une authentification formelle garantissant qu’il s’agit bien d’un objet d’argent plaqué, il y a fort à parier qu’une signature de fabricant saura faire reconnaître la qualité de la pièce d’argenterie.

Mentions

En effet, les mentions EPNS, Silver Plate ou simplement le mot COPPER font partie de cette catégorie des pièces de moindre valeur.

Par exemple, le plateau de la photo, affichant les lettres EPNS (electroplated nickel silver), n’a qu’une très faible valeur marchande, se rapprochant des 100$. Inutile, donc, de vous laisser savoir qu’un tel plateau, portant la mention Pure Silver, Sterling ou encore .925, constitue le travail d’un orfèvre qui a œuvré avec de l’argent pur.

Nous avons alors une grande différence entre la valeur marchande d’une pièce de placage et une œuvre faite avec de l’argent pur. Prenons par exemple le plateau de la photo, qui passerait de 100$ à près de 1300$ s’il portait la marque d’un orfèvre ou encore d’un fabricant comme Birks ou un de ses compétiteurs canadiens.

Poinçons

Évidemment, l’espace manque dans cette chronique pour vous entretenir des orfèvres du régime français en terre nord-américaine. Ceux-là mêmes qui furent engagés par les membres de l’Église catholique, paroisse, diocèse et ordres religieux de toutes obédiences.

Leurs œuvres sont signées à l’aide de poinçons, aujourd’hui répertoriés par quelques chercheurs dont les écrits servent de base pour tous ceux qui identifient ces pièces anciennes de très grande valeur. Bien sûr, les pièces d’or comme les calices, les burettes ou les encensoirs de nos vieilles paroisses sont protégées à titre d’objets du patrimoine, mais de très belles pièces d’argent, souvent profanes, se retrouvent encore régulièrement sur le marché des antiquités.

Ces pièces sont très recherchées, mais rassurez-vous, plus personne n’aime frotter ces pièces d’argenterie. C’était un des petits bonheurs d’une autre époque, dorénavant obsolète simplement par manque de temps!