Inoubliable mont Ventoux, sentinelle du Vaucluse

Par Raymond Marier
Inoubliable mont Ventoux, sentinelle du Vaucluse
Paysage typique du Vaucluse

Le matin du troisième jour de vélo tourisme dans le Vaucluse, nous disons au revoir aux deux Gérard, amis français, qui rentrent chez eux. Ils promettent de revenir avec nous si on remet ça l’année prochaine. Nous poursuivons donc à quatre, avec l’ami Jean-Paul et Alain, le frère de Pauline.

Nous partons, les vélos dans l’auto, pour commencer à pédaler à Saint-Maurice-sur-Eygues. Au programme: un itinéraire court, seulement 35 km, comportant un dénivelé de 380 mètres, monté et descendu trois fois. On ne peut rouler toute la journée aujourd’hui parce qu’on change de lieu d’hébergement. On doit se pointer à 16 h au VVF de Bédoin, au pied du mont Ventoux.

Compte tenu du dénivelé, dès le départ, imaginez le groupe très étiré, qui roule très vite dans les descentes et, très lentement, dans les montées. Alain, toujours le premier rendu, attend les autres en haut de la côte. Dans les descentes, c’est Jean-Paul le plus rapide.

AOC, VDN, VPO

Les villages se succèdent à tous les cinq ou six kilomètres; avec autour de 1000 habitants, leur économie est axée sur la viticulture et le tourisme. Les vins de la région sont classés Côte du Rhône AOC, Rasteau VDN ou Vin de la Principauté d’Orange. Le Rasteau VDN (Vin Doux Naturel), un vin rare de plus de 15% d’alcool, est issu de vignes âgées entre 50 et 80 ans.

Les gens viennent dans ce coin de pays pour déguster ou apprendre à déguster le vin; aussi pour apprécier les paysages à pied, à vélo ou à cheval. Les services d’accueil, d’hébergement et de restauration y sont nombreux, de qualité, et à prix abordables.

Saint-Maurice-sur-Eygues possède son université du vin. Sainte-Cécile-les-Vignes propose la visite éclair, mais très belle de la porte des remparts médiévaux et son joli campanile. Rasteau vous invite à son musée de la vigne et du vin. Roaix met l’accent sur son vin AOC Côte du Rhône Village. Villedieu est fière du beffroi surplombant une porte du mur d’enceinte de son vieux village.

Au voleur!

Les petites routes départementales, la D51, la D69 et la D975 nous font traverser de magnifiques champs de vignes et quelques vergers de cerisiers et d’abricotiers. On ne peut résister au plaisir de goûter aux cerises rouges, bien mûres, savoureuses. Oh non! Pas dans un verger, mais sur un arbre qui semble abandonné en bordure du chemin.

Après cet agréable parcours en boucle, nous partons de Saint-Maurice-sur-Eygues pour rejoindre Bédoin, «capitale du cyclisme en France» – dixit Raymond qui n’a jamais vu tant de vélos partout dans une ville de 3000 habitants. Les mordus du vélo ont tous entendu parler du mythique mont Ventoux. Plusieurs rêvent d’arriver au sommet sans poser le pied à terre en montant. Trop dur pour nous! Le programme des prochains jours ne comporte que de petites routes dans les vallons et la plaine environnante.

Nous avions réservé au VVF Les Florans, formule Village Vacance pour familles et groupes, en raison du prix abordable: 90 € par jour (128 $) pour une chambre à deux, déjeuner et souper compris. Le domaine offre un environnement magnifique et les chambres sont tout à fait confortables. Tout de suite après la douche, nous ne pouvons résister à l’envie d’aller voir, en auto, le sommet du Ventoux, ce Géant de Provence.

Défi à relever

Cyclistes de Saint-Jean-sur-Richelieu, amateurs du mont Saint-Grégoire et de la côte à Pauline, imaginez le défi: départ de Bédoin, 309 mètres d’altitude pour arriver, 22 kilomètres plus haut à 1912 mètres, soit une pente moyenne de près de 10% et … 23% sur un kilomètre. On dit que les cyclistes les plus forts y vont avec un développement 39/27 ou 39/25, mais d’autres avec 34/50. Pour les non-familiers du vélo, le premier chiffre indique le nombre de dents sur la roue du pédalier qui fait tourner la chaîne à l’avant (le plateau) et le deuxième chiffre indique le nombre de dents sur la roue arrière (le pignon). Plus c’est petit à l’avant et gros à l’arrière, plus c’est facile à pédaler. Il y en a aussi qui louent un vélo électrique.

En auto, nous dépassons plusieurs cyclistes. Une jeune femme grimace et réussit à nous sourire. Nous la retrouvons en haut, exténuée. En lui parlant, nous apprenons que c’est sa troisième montée de la journée et que son conjoint, lui, en a fait quatre. Il aimerait réussir à en faire cinq, la même journée. Le record enregistré serait de six montées dans la même journée.

Pour les enfants

Wow! Ce couple de Hollandais a pris une semaine de vacances pour pédaler et amasser des fonds pour les enfants atteints de maladies du cœur. Dans deux jours, une cinquantaine d’autres cyclistes hollandais les rejoindront en autobus pour défendre la même cause.

Stupéfaits et admiratifs, nous repartons dans la descente où il arrive que ce soit un cycliste qui nous dépasse. Ce soir-là, jusqu’au moment de nous endormir, jamais l’image des cyclistes affrontant le désert de roches dans les hauteurs du Ventoux ne quitte nos pensées.

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