Élever un chien-guide pour aider son prochain

Par Anne Ammerlaan

COMMUNAUTÉ. Véritables amoureuses des chiens, les Johannaises Marie-Julie et Anissa Ménard accueillent depuis un peu plus de six mois, Piña. Le chiot, de race labernois, a tout un plan de carrière devant lui: devenir chien d’assistance!

Marie-Julie Ménard a longtemps jonglé avec l’idée d’accueillir un chien Mira. Elle s’est finalement inscrite auprès de l’organisme, à l’été 2015, pour devenir une famille d’accueil.

Mira met des règles strictes que doivent suivre les nouveaux maîtres. «On ne peut pas lancer la balle, ni la faire nager, ni lui donner une autre nourriture que ses propres croquettes», énumère Anissa Ménard.

La Fondation exige, entre autres, que le chien ne soit jamais laissé seul plus de quatre heures par jour. «De toute façon, je serais incapable de laisser un chien seul à la maison pendant huit heures de temps, avoue Marie-Julie Ménard. Elle est toujours à un mètre de moi, 24 heures par jour.»

Socialibiliser Piña

L’un des mandats de la famille d’accueil est d’exposer la bête à un maximum d’environnements afin d’en faire une bonne compagne.

Les deux Johannaises se sont toujours adonnées à un éventail d’activités sportives, culturelles et sociales. Depuis octobre 2015, leur duo est devenu un trio.

Piña participe à toutes les sorties, du moins, physiquement. «Une chance que je ne paie pas ses billets de spectacle, ça serait du gaspillage… Elle s’endort tout le temps sous notre banc», rigole Marie-Julie Ménard.

Sur la route de l’école, Piña attire les enfants, qui posent des questions. «Le plus souvent, les gens me demandent s’ils peuvent la flatter. Je leur réponds oui. Tous les chiens Mira avec un foulard rouge peuvent se faire flatter parce qu’ils sont en socialisation. Si le chien porte un foulard bleu, on ne peut pas le flatter, car il est en service avec un bénéficiaire», explique l’adolescente.

De son côté, Mme Ménard fait régulièrement le bonheur de ses collègues. Quand Piña va au bureau, les uns et les autres n’hésitent pas à l’approcher.

«Il arrive qu’un collègue soit stressé ou que quelque chose le dérange. Dix minutes de marche avec Piña lui fait énormément de bien», ajoute Marie-Julie Ménard.

La vocation du chien-guide

Tout ce plaisir prendra fin d’ici quelques mois. À son premier anniversaire, Piña retournera au siège social de la Fondation Mira.

Elle sera évaluée pour déterminer sa future vocation. Si elle réussit les tests, elle suivra un entraînement bien précis.

Une fois sa formation terminée, elle sera attribuée à l’un des trois groupes de personnes appuyées par la Fondation. Il s’agit des non-voyants, des personnes à mobilité réduite et des enfants présentant un trouble envahissant du développement (TED).

Se détacher… pour aider

Pour Marie-Julie et Anissa Ménard, apaiser les craintes et les peines de personnes qui souffrent dépasse le deuil qui les attend.

«Oui, ça va vraiment nous faire de la peine de nous séparer d’elle. Nous le savions dès le départ. Mais nous savons aussi que son futur bénéficiaire a plus besoin d’elle que nous. C’est ce que j’ai réalisé en parlant avec la maman de Camille. C’est elle qui m’a convaincue», se rappelle Marie-Julie Ménard.

Camille est une jeune fille de 11 ans, rencontrée l’été passé lors d’un événement sportif auquel Mme Ménard participait.

Atteinte du trouble du spectre de l’autisme (TSA), Camille peut compter sur Peach, son chien Mira, pour l’aider à se calmer lorsqu’elle ressent du stress, de la peine ou de l’anxiété. «Elle m’a dit que c’était le plus beau cadeau que je pourrais faire à un inconnu», conclut Marie-Julie Ménard.

Parcours d’un futur chien d’assistance

Famille d’accueil

Environ 300 chiots naissent chaque année dans les installations de la Fondation Mira. À l’âge de neuf semaines, ceux-ci sont confiés à des familles d’accueil.

Examens de sélection

Au bout de 18 mois de socialisation au sein de sa famille d’accueil, le chien est évalué par la Fondation Mira. Son caractère, ses réactions face aux étrangers, sa gourmandise, sa dominance et ses comportements sont notamment jugés.

Entraînement

Une fois sélectionné, l’animal débute sa formation d’une durée de quatre à six mois. Le temps varie selon l’entraînement, soit pour accompagner une personne non voyante, une personne à mobilité réduite ou une personne avec un trouble envahissant du développement (TED).

Carrière

Un chien d’assistance va travailler durant environ sept ans avec son maître. Sa carrière se termine peu avant qu’il atteigne l’âge de dix ans.

Retraite

Une fois à la retraite, le chien d’assistance est offert en premier à la famille d’accueil qui l’a reçu au tout début. Si celle-ci ne peut le reprendre, il est offert au grand public. Mira conserve une très longue liste d’attente pour ses chiens retraités. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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