Dernier jour dans le Vaucluse, paradis du vélo

Par Raymond Marier
Dernier jour dans le Vaucluse, paradis du vélo

Pour ce dernier jour de vélo dans le Vaucluse en France, nous explorons «La route des ocres», circuit en boucle à partir de Goult. Le parcours de 30 km compte trois ascensions jusqu’à 360 mètres d’altitude.

De Bédoin, nous partons en auto, GPS programmé pour Gordes (et non Goult), heureuse erreur de pitonnage qui nous permet d’admirer ce magnifique village sur la route de Cavaillon, en face de la montagne du Luberon. Les maisons retirées et les clôtures en pierres sèches donnent un caractère particulier à l’environnement, refuge discret de politiciens français, à ce qu’il paraît.

Si vous y passez, ne manquez pas de visiter le village des Bories pour faire un saut dans une autre époque, pour imaginer la vie d’une petite communauté vivant jadis dans des cabanons de pierres. Ce type de construction n’utilise qu’un seul matériau : des pierres plates non jointées. La voûte arrondie de la toiture est réalisée en empilant les pierres les plus minces, la rangée supérieure légèrement en retrait par rapport à celle qui la précède. Ce village – les spécialistes ne s’entendent pas – pourrait dater du VIIe siècle ou du XVe ou du XVIIIe. Une trentaine de maisons et de bâtiments agricoles témoignent de l’austérité des conditions et des moyens de survie sur une terre de roches à une époque lointaine.

Goult

Le GPS nous guide ensuite sans difficulté jusqu’à Goult, où nous trouvons un stationnement désert à côté du cimetière, à mi-chemin entre le pied de la colline et le centre du village, tout en haut.

Dès que les vélos sont prêts, Alain et Pauline partent comme de jeunes poulains fringants dans la descente vers la D104 avant d’attaquer les cinq premiers kilomètres de montée dont la pente varie entre 5 et 9%. Rapidement, Raymond est distancé. Ils mettent le pied à terre pour l’attendre.

Tête dans le guidon, sueur au dos, pieds bien callés, Raymond force, maintient le rythme, les rejoint et les dépasse sans les saluer, sans s’arrêter. Il continue son chemin en soufflant comme un bœuf avant de se laisser aller dans la descente vers Gargas. On s’y retrouve tous les trois, souriants et heureux de l’effort accompli.

Ocres de Bruoux

On entreprend ensuite la deuxième montée sur un petit chemin presque désert vers Les Lombards, petit hameau au nord de Gargas. Puis, on s’arrête aux mines de Bruoux, sur la route de Croagne. Dans cette ancienne carrière devenue attraction touristique, une dame nous présente le site: visite de 650 mètres de galeries dans un réseau souterrain de plus de 40 kilomètres. L’ocre, pigment résistant et inaltérable, était utilisée dans la fabrication des peintures, des teintures et des enduits. Elle est extraite de terres colorées dans tous les tons du jaune presque blanc, à l’orangé, au rose et au rouge vin, magnifique! À noter: il faut se couvrir pour ne pas frissonner pendant la visite parce que la température se maintient à 10 °C dans les galeries.

Après cette pause des plus rafraîchissantes, nous parcourons agréablement cinq kilomètres en terrain plat et faux plat avant d’arriver à Roussillon où un raidillon de 9% nous ralentit énormément pendant un kilomètre, très pénible, jusqu’en haut de la colline, perchoir du village. Pauline et Alain prennent les devants et s’arrêtent au premier restaurant sur la gauche. La terrasse offre une magnifique vue en plongée sur la région.

Roussillon, 1300 habitants, est classé comme l’un des plus beaux villages de France et parmi les villages «de caractère», perchés. La beauté du lieu est incontestable. Nous ne pouvons en dire autant de l’accueil au restaurant. C’est vrai qu’il y a affluence touristique aujourd’hui, mais le personnel ne semble pas apprécier; le chef non plus. Le service et les plats ne font pas honneur à la réputation du village.

À pied

Le côté positif de la chose, comme le dit Raymond, c’est que ça lui a permis de récupérer, vu le temps que ça a pris avant d’être servis, de recevoir la facture et de payer.

Après cette longue pause, nous traversons le village à pied et remontons sur nos vélos pour descendre rapidement les cinq kilomètres de route bien lisse qui nous ramènent à notre point de départ. Le compteur de distance sur le vélo de Raymond indique 30 km pile pour ce trajet et 48 km/h en vitesse maximale. La vitesse moyenne, on n’en parle pas.

Riches et tristes

Dans le stationnement, nous rencontrons un couple âgé, des Belges. Ils viennent régulièrement au cimetière, se recueillir sur la tombe d’un être cher, ex-curé de la paroisse. Ils ont fait une promenade en voiture depuis Beaulieu-sur-Mer, entre Nice et Monaco, où ils ont une résidence secondaire. Les larmes aux yeux, ils parlent avec emphase de leur attachement et de la bonté de ce curé qui semble avoir marqué leur vie, mais… pas la nôtre.

Avec respect, nous leur serrons la main et rangeons les vélos dans l’auto. Nous avons passé une semaine magnifique dans le Vaucluse, enchantés par la qualité et la beauté des petites routes de campagne. Nous rentrons à Marseille, note ville d’adoption, paradis non pas du vélo, mais des amoureux du soleil et de la mer.

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