C’est émue, touchée droit au cœur, que je suis sortie de la salle de cinéma après le visionnement du documentaire Dérapages signé Paul Arcand. Dans ce film, pas d’acteurs, pas d’experts. Juste des jeunes et des témoignages bouleversants.
31 octobre 2007, L’Île-Perrot. Brandon Pardi et un ami coursent dans les rues d’un quartier résidentiel. Bianca Leduc, 3 ans, est fauchée mortellement. 24 juillet 2010, Ville Mont-Royal. Quatre jeunes foncent dans un arbre à plus de 120 km/h. Quatre blessés graves. 10 octobre 2010, Drummondville. Quatre jeunes foncent dans un arbre à 140 km/h. Aucun survivant.
Tout au long du documentaire, le public est appelé à découvrir les dessous de ces tristes histoires qui ont momentanément marqué l’actualité. Le réalisateur laisse aux jeunes survivants ou à leurs amis le soin de raconter les événements et de transmettre leur message. En tant que narrateur, Paul Arcand se fait très discret et ses interventions ne visent qu’à situer le public dans le contexte.
Impossible de rester insensible à ce qui se dit à l’écran. Les plus sensibles versent quelques larmes, les plus durs se raclent la gorge. L’histoire de Mikaël Borduas, 24 ans, est probablement celle qui suscite le plus de réactions. Après un deuxième accident de voiture, ce dernier est confiné à un fauteuil roulant. Agressif envers son entourage, il est également atteint de graves problèmes de mémoire.
Aspect technique
En ce qui a trait au contenu, Dérapages est excellent. Notre bémol se situe plutôt du côté technique. Le manque d’uniformité dans l’esthétisme des images et les plans de caméra parfois trop nombreux – probablement une tentative pour ajouter du rythme – nuisent à la qualité de la production. Quelques séquences du documentaire sont carrément étourdissantes.
D’un autre côté, le réalisateur a su manier avec doigté l’ajout d’une touche musicale à la production. Très présente dans le film, la musique vient appuyer les moments de grandes émotions ainsi que les scènes où les jeunes font la fête. Lorsqu’elle est mise de côté, les silences n’en sont que plus poignants. Un mélange de pièces connues et originales parsème la production.
Dans un autre ordre d’idées, on reconnaît bien la signature de Paul Arcand dans le traitement de l’information qui se veut sans artifice. Dérapages n’est donc pas un documentaire sensationnaliste. Il n’y a pas plus de complaisance dans le montage. En écoutant ce film, les jeunes seront plutôt confrontés aux incohérences de leur discours et de leurs gestes.
Cela ne signifie pas pour autant qu’ils sont dépeints comme des irresponsables. Au contraire. Une portion de la production vise plutôt à mettre en lumière les bonnes initiatives que prennent certains jeunes conducteurs. La production s’est d’ailleurs déplacée sur la piste d’accélération de Napierville afin de montrer qu’il existe des endroits conçus expressément pour la vitesse.
Qui plus est, les adultes ne sont pas épargnés dans ce documentaire. Comme le dit si bien un des jeunes intervenants du film, si vous voyez un adolescent rouler à vive allure sur l’autoroute, votre réflexe sera de dire qu’il est fou. Si vous voyez un père de famille faire de même, vous direz qu’il est pressé. Dans les deux cas, il s’agit de comportements irresponsables.
Au final, Dérapages est un documentaire coup de cœur, car bien au-delà de quelques failles techniques, le message qu’il véhicule parvient à vous percuter de plein fouet. À voir absolument.
Fiche technique
Synopsis: À l’aide de témoignages de survivants d’accidents, de proches de victimes et de jeunes conducteurs, Dérapages sensibilise le public aux dangers de la vitesse et de l’alcool au volant. Réalisateur: Paul Arcand Durée: 1h34 Classement: Général