J’adore être invité dans des endroits inattendus où les trouvailles sont très souvent les plus spectaculaires. Un collectionneur de la région m’a fait visiter le haut de sa remise (dans laquelle il cache sous une bâche une superbe voiture ancienne), pour que j’y fasse la rencontre de ses amis de plâtre.
L’environnement est complètement emballant pour un amoureux d’histoire. La ferme familiale (plus de cinq générations) reprend ses airs d’antan, avec la restauration à l’état original de la maison. Ici un superbe calendrier de la compagnie Black Horse, vieux de 60 ans; là, la cheminée de l’ancien feu de forge familial, et plus loin, la photographie datant de la fin du dix-neuvième siècle de la maison familiale. On n’y vit pas dans le passé, on le respecte tout comme ceux qui en ont fait partie.
Ce connaisseur de patrimoine québécois a fait l’achat d’un très important lot de statues de plâtre de la compagnie montréalaise Carli et Petrucci. L’association de ces deux familles de fabricants de statues date de 1923 et la production continuera jusqu’en 1965.
Connus
Alexandre, Carlo, Urbain et Vincent Carli ainsi que Nicholas Petrucci sont les associés les plus connus de cette période. Comme toutes les grandes entreprises familiales, d’autres membres vinrent s’ajouter aux copropriétaires, d’autres y investiront toutes leurs économies. Carli et Petrucci sont des noms dorénavant indissociables de la production de notre statuaire religieux québécois.
Cette importante collection qui dort actuellement dans les combles d’une remise de ferme demeure intrigante à plusieurs égards. Certaines statues non terminées, plusieurs pièces avec des vernis imitant le bronze ou le bois et certaines pièces à doubles ou triples exemplaires laissent supposer que cette collection provient directement de la fabrique.
La famille a probablement conservé cet héritage jusqu’à tout récemment. Certaines statues inconnues du commun des mortels pourraient même représenter un martyre canadien ou un religieux vénéré en Europe, sans avoir acquis une grande notoriété auprès de nos institutions religieuses locales.
Valeur
Quelques corniches à motif de feuilles d’acanthe ou à têtes d’angelots, ainsi que plusieurs modèles de supports à jardinière nous laissent bien voir que les artisans de chez Carli et Petrucci savaient bien diversifier leur production, peut-être afin de s’adapter aux changements d’intérêt qui commençaient à apparaître vers 1960.
Ces pièces de plâtre à caractère religieux s’apprécient désormais comme des objets de collection; leur valeur marchande devrait s’accroître significativement avec les années qui viennent.
On parle dorénavant de prix variant entre 15$ (pour de très petites statues), jusqu’à près de 1000$ pour une immense représentation d’un Sacré-Cœur, les bras en croix. Les dimensions de ces pièces, allant de 15 centimètres à un mètre et demi, s’adaptent à toutes les églises, chapelles et lieux religieux de leur époque.
Aujourd’hui, les aménagements de petites maisons à décor d’antan ou les lofts de collectionneurs avertis mettent à l’honneur cette production significative d’une importante partie de l’histoire de notre patrimoine collectif.