En écoutant mon interlocuteur au téléphone me parler d’un album de cartes postales anciennes, je suis resté un peu sur mon appétit, bien que je ne m’attendais vraiment à rien d’extraordinaire.
Surtout lorsqu’il m’a précisé que plusieurs de ces cartes furent postées pour les fêtes bien connues de la Saint-Valentin, de Pâques ou du premier avril. Je suis donc parti résigné à devoir expliquer à ce retraité que ces cartes postales, bien qu’anciennes, ne pouvaient intéresser que les mordus de cartes thématiques et donc, ne pas atteindre une valeur marchande très élevée auprès des collectionneurs.
Ce sont les dix dernières pages de son vieil album de cartes postales qui furent les plus emballantes. Une très intéressante découverte des plus inattendues. Une bonne vingtaine de cartes dites «photos réelles», c’est-à-dire qu’il s’agit de véritables photos, habituellement prises par des photographes chevronnés, développées directement sur papier photographique avec l’imprimé des mots «Carte postale» au verso.
Recherchés
Il s’agit immanquablement des articles les plus recherchés et intéressants pour les cartophiles, ces mordus de l’histoire de la carte postale ancienne et contemporaine. Pour les historiens, ces clichés véritables (et non pas retouchés pour rendre la scène plus romantique…), nous laissent voir la rue, les immeubles, les personnages, exactement dans leur état à une date bien précise de leur histoire.
Cette date étant bien entendu l’oblitération postale permettant de connaître très précisément tous les détails visibles à ce moment bien précis de leur existence. Une mine d’or pour les amateurs d’histoire, de sociologie et les connaisseurs d’architecture ancienne.
Les cartes postales qui ont suscité mon admiration consistaient en un lot provenant de Saint-Ours, un village ancien typique des bords de notre majestueuse rivière. La rue principale, bien sûr, avec ses publicités des divers commerces et hôtels du village; quelques maisons des notables de la place; l’intérieur et l’extérieur de l’église et quelques autres vues panoramiques du village.
Plus fantastique demeure sans contredit celle de la Banque Molson, au centre complètement au bas de la photo de la chronique. Cette banque qui fusionna avec la Banque de Montréal en 1925 rayonnait partout en province avec des succursales installées dans des édifices parfois beaucoup moins exubérants que la banque-mère de la rue Saint-Jacques à Montréal.
Saint-Ours
C’était le cas de cette succursale de Saint-Ours située dans un immeuble abritant le magasin général et un modeste tailleur qui s’annonçait sur le mur frontal du bâtiment abritant la banque.
Avec une loupe on peut même voir un jeune homme assis sur le rebord de la deuxième fenêtre du deuxième étage, lui qui pourrait très bien être le fils du magasinier qui tenait commerce au rez-de-chaussée.
Quel plaisir ce fut pour mon client de lui annoncer que malgré le fait que la plupart de ses cartes n’aient pas une très grande valeur monétaire, cette seule carte pouvait très bien se vendre une cinquantaine de dollars. Que voulez-vous, les gares, les bureaux de poste et les banques sont collectionnés à travers le Canada.
