Une lecture de la revue Art et Décoration d’il y a plusieurs années m’a convaincu que la maladie de la collection émanait d’une partie du cerveau que très peu de scientifiques ont sondée.
Il faut évidemment faire abstraction de ce malaise psychologique qu’est l’accumulation. On passe des jours à vider un appartement ou même une grande maison pleine à craquer de toutes sortes d’objets. Les risques d’incendie motivent habituellement les autorités, les pompiers en premier lieu, comme de raison.
Les vrais collectionneurs, ceux qui ont de la méthode, qui s’amusent parfois à se monter un catalogue de leurs biens, poussent très souvent leur douce folie à intégrer une certaine démarche justifiant la sélection de plus en plus intéressante de ce qu’ils rapportent à la maison.
Ces gens-là peuvent vous tenir un discours tout à fait logique et souvent très fascinant de leur but ultime, de leurs recherches et surtout de l’importance de cette vitrine de leurs trouvailles. Et c’est là que leur collection prendra une direction plus surprenante.
Interaction
Le passionné trouvera certainement d’autres adeptes de son sujet de collection, d’autres amateurs qui lui donneront des pistes de collection, de bonnes raisons de rester dans son champ de compétence ou encore de modifier le tir afin d’augmenter l’intérêt des autres membres du club.
On atteint à ce moment bien précis un des deux grands résultats sympathiques du fait de collectionner, on entre en interaction avec un groupe de passionnés. Les réunions remplacent facilement les messes dominicales obligatoires d’antan.
La passion de la collection n’étant pas nécessairement universelle, il y a fort à parier que pour des raisons pécuniaires (notamment par des reçus d’impôts provenant de grands musées), le mobilier ancien, les poteries historiques ou les objets décoratifs de notre passé se retrouveront en sécurité et dans une atmosphère contrôlée, dans les salles et les réserves de nos institutions muséales. C’est tout simplement comme cela que les cabinets de curiosité devinrent les musées nationaux français, anglais et européens au dix-septième siècle.
Collections privées
La collection du Musée du Haut-Richelieu s’est enrichie depuis des décennies de collections privées enfin accessibles aux chercheurs et aux spécialistes de notre histoire québécoise. L’ACCQ (Association des collectionneurs de céramique du Québec) est née de la rencontre de plusieurs amateurs de céramique de Beauce et se spécialise de plus en plus dans la recherche de la production artistique des céramistes québécois des années 1950-1980.
Plusieurs des membres favorisent dorénavant les céramistes contemporains et se substituent aux conservateurs des musées de la province en agrémentant leurs recherches de petites vidéos, informations inédites ou demandes de conférence pour les membres de l’Association. Souhaitons, comme le soulignait si justement monsieur Daniel Cogné (coauteur d’un ouvrage très bien documenté sur la Céramique de Beauce), que tout ce savoir ne reste pas dans ce seul cercle fermé d’amateurs. Heureusement, la revue de l’Association publie plusieurs fois par année des articles relevant l’importance du travail des membres dans la recherche et la diffusion de l’œuvre et la vie de Jean Cartier, Jacques Marsot, Tommy Zen et tant d’autres céramistes qui nous font apprécier l’art du feu.