Changer de sexe implique de nombreux sacrifices

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Par Valerie Legault
Changer de sexe implique de nombreux sacrifices
Nadine Lefebvre et Laurye Hanson ont subi un traitement hormonal et chirurgical pour devenir des femmes en 2010.

Pour Nadine Lefebvre et Laurye Hanson, changer de sexe était une nécessité, pas une fantaisie. Elles ont consenti à faire de grands sacrifices pour y parvenir, mais assurent vivre avec une tonne en moins sur les épaules. Il leur reste encore un gros obstacle à franchir, celui du regard des autres. D’être reconnues comme des femmes à part entière est un défi de tous les jours, car ce n’est pas tout le monde qui les perçoit comme elles le souhaiteraient.

Le problème, poursuit Mme Hanson, est le suivant. Les gens confondent beaucoup les hommes qui se travestissent en femmes et ceux qui subissent une transformation sexuelle et hormonale complète. Reste que les transsexuels sont des oiseaux rares. Il en existe 250 au Québec, mais sont plus nombreux à faire le grand saut depuis que le ministère de la Santé a conclu une entente avec la clinique de l’éminent chirurgien pour rendre l’opération plus accessible, en 2009.

Nadine Lefebvre, 46 ans, sentait depuis l’âge de 4 ans qu’elle n’était pas née dans le bon corps. «Je me sentais différente des garçons, mais je n’en parlais pas. À cause de la religion, j’ai cru que j’étais le mal incarné, que j’étais le mal incarné. J’ai grandi dans la honte de moi-même», témoigne celle dont chaque apparition de Gilda à la télévision fascinait.

L’alcool, la drogue, le travail: tous les moyens étaient bons pour fuir son identité. Ce n’est qu’à 32 ans qu’il découvre la définition de la transsexualité sur Internet. À sa septième tentative de suicide qui a tout d’un accident de voiture («J’aurais pu éviter le camion devant moi…», avoue-t-elle), Nadine Lefebvre a une révélation. Le changement de sexe est la seule et unique solution qu’il lui reste.

Élevée en face d’une taverne, Laurye Hanson, 50 ans, s’est bâti une carapace en grandissant dans un quartier ouvrier et pauvre de Québec. «Je m’habillais différemment des autres, mais je savais me défendre», assure-t-elle.

Cela ne l’a pas empêché de perdre son emploi dans une usine de transformation du plastique, à Lévis. «Habillée en femme, je me faisais prendre pour une malade mentale. Mon médecin m’a prescrit des antidépresseurs et suggéré d’aller vivre à Montréal!», raconte Mme Hanson.

Peu importe si elles ont tout perdu ou presque autour d’elles, Nadine Lefebvre et Laurye Hanson ne reviendraient jamais en arrière. «Je ne regrette rien. J’aurais été prête à me faire couper un bras pour pouvoir changer de sexe», affirme Nadine Lefebvre en nous fixant de ses grands yeux noisette.

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