Cachez ce saint…

Avec tous ces signes ostentatoires qu’il nous faudra maintenant cacher, reviendrons-nous au «cachez ce saint que je ne saurais voir»?

Quel inspecteur se risquera, au péril de sa vie, à aller mesurer cette croix, bien installée dans le creux de la foi profonde, pour s’assurer que le Christ ne dépasse pas le bout de la planche? On a beau avoir sorti l’État de la chambre à coucher, il semble plus difficile de le sortir de son chemisier!

Quand on en aura fini avec les symboles, faudra-t-il faire la chasse aux couleurs? Le noir, par exemple; vous ne trouvez pas ça agressant vous autres? Heureusement qu’en Floride, on peut tirer dès qu’on pense qu’on a peut-être des soupçons. C’est rassurant n’est-ce pas?

Le ridicule ne tue pas. Il faut ici le déplorer. Le Christ en croix est un symbole fort. Il nous montre qu’il ne faut pas rester les bras croisés devant une telle dérive de ces bien-pensants qui voudraient nous apprendre, à tous, à bien penser.

Sommes-nous rendus au point où la désobéissance civile deviendra la seule façon de proclamer haut et fort les valeurs de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, de la Charte canadienne, de la Charte québécoise et de toutes ces déclarations empreintes de sagesse qui défendent le droit d’exister et de vivre à sa façon dans le respect des valeurs des autres?

L’histoire, et les électeurs bien avant, jugeront avec la sévérité qu’elle mérite, cette initiative aussi malheureuse qu’inopportune qui ne traduit que le mépris de ces nouveaux ayatollahs à l’égard de tous ceux qu’ils considèrent incapables de vivre dans une société pluraliste en faisant à chaque jour la part des choses.

Évitons les excès, tous les excès: comme ce malencontreux projet de charte, par exemple!

Me Denis Boudrias,

Avocat et juge retraité

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