Léa est une mignonne petite chatte de près de douze ans. Jusqu’à tout récemment, tout allait bien dans sa vie. Depuis une semaine, elle présente des symptômes du rhume: éternuements et yeux qui coulent.
Jusque-là, ses propriétaires n’étaient pas trop inquiets. Ce qui rend sa famille soucieuse, c’est que depuis dimanche, elle n’a plus d’appétit. Elle ne va presque plus à la selle et a le ventre très dur lorsqu’on le palpe. Comme on le devine, Léa est moins colleuse et moins enjouée.
On n’a pas vraiment d’indices de ce qui peut causer de tels changements de son état, à part le fait qu’hier, elle a grignoté une plante, une pothos (Epipremnum aureus).
Examen
À l’examen, Léa est douce et gentille. Elle a bien un peu de tartre associé à une légère gingivite, mais pour son âge, sa condition dentaire est assez bonne.
Sa langue est anormalement épaissie et de couleur framboise. La conjonctive de ses yeux est plus rouge, surtout à gauche, mais aucun écoulement n’est observable au moment de la visite. Le restant des yeux est normal.
À la palpation de l’abdomen, on devine que Léa n’aime pas cette partie de la consultation, mais rien d’inquiétant n’est trouvé. L’auscultation et le restant des manipulations sont sans particularité.
On peut expliquer les changements sur la langue de Léa par les dommages causés par l’ingestion de la plante. La pothos, comme plusieurs autres végétaux, n’est pas un poison en soi, au sens qu’elle ne peut pas causer la mort, mais elle peut tout de même causer certains troubles.
Ces plantes contiennent des petits cristaux d’oxalates insolubles qui, une fois ingérés, agissent comme des minuscules aiguilles sur les muqueuses, principalement celles de la bouche, causant un inconfort à la suite de la mastication.
Effet nocif
Ces fins cristaux continuent de piquer, mais à un degré moindre dans la gorge, l’œsophage et même l’estomac. L’effet nocif des oxalates est à son pic immédiatement suivant l’ingestion, mais peut se prolonger jusqu’à deux heures après.
Les symptômes observés sont ceux associés à la douleur à la suite de l’ingestion, mais selon les quantités ingérées, des vomissements et de la diarrhée peuvent être observés.
Si une grande quantité de végétaux a été ingérée et que l’évènement est récent, des vomissements peuvent être induits. La bouche peut aussi être rincée avec de l’eau ou du lait. Autrement, les traitements sont symptomatiques. Dans la majorité du temps, le pronostic est excellent avec un minimum d’implication de la part du vétérinaire.
Observation
Comme Léa avait mâchouillé la plante la veille et qu’avant la consultation, elle semblait mieux en ayant mangé quelques gâteries, on opta pour l’observation durant les prochaines 24 heures.
On traita par contre la conjonctivite qui pouvait n’être associée qu’à un changement de température selon les propriétaires. La provenance des éternuements restait inconnue.
Pourtant, le lendemain, Léa n’allait pas beaucoup mieux. Elle avait bien mangé, mais elle était amorphe. Son ventre était très dur, elle n’avait pas passé de selles et l’intensité de ses symptômes respiratoires allait en augmentant.
Lors de la réévaluation de cette mignonne petite bête, les yeux restent rouges même si selon ses propriétaires, ils coulent moins avec le début du traitement. L’abdomen est effectivement très tendu. La langue est plus de couleur normale, mais elle est toujours plus épaisse.
Radiographie
Pour vérifier si un problème sous-jacent n’est pas en train de se développer, des radiographies et un bilan sanguin sont effectués. Après tout, Léa a onze ans et demi.
La présence de selles au niveau du côlon est observée, mais autrement tout est normal. Cette patiente repart donc à la maison avec un protecteur de muqueuse pour aider son système digestif à guérir plus vite de l’effet irritant de la pothos.
Elle reçoit aussi un antidouleur pour la rendre plus confortable. Finalement, à cause de ses éternuements, un antibiotique est prescrit. Dans les jours qui suivent, Léa prend du mieux, même si une pâte laxative aura été nécessaire à faciliter le passage de ses selles.
En cas d’ingestion d’une plante, vous pouvez contacter votre vétérinaire ou via Internet, l’Animal poison control center ou Pet poison helpline. Il est bon de connaître à l’avance le nom de tous les végétaux que vous possédez à la maison.
Idéalement, on recommande de garder des plantes non toxiques ou si elles le sont, qu’elles soient placées en hauteur. Si notre animal à tendance à mâchouiller du feuillage, on y applique un répulsif.