Après l’arrivée de nuit dans la jungle de Jakarta en Indonésie, nous essayons d’aborder cette ville de dix millions d’habitants avec sérénité.
De l’hôtel, nous partons à pied en cherchant d’abord une boîte à lettres pour envoyer des cartes postales. Le préposé à la réception nous donne les indications: première rue à gauche, puis tout droit, un kilomètre. Rendus à peu près là, on demande à un passant: ici à droite, 500 mètres puis encore à droite. On ne trouve pas, on a l’impression de tourner en rond; finalement, on renonce; on finira bien par tomber dessus, par hasard.
Après tous ces viraillages, on arrive à proximité du Musée national, du moins si on se fie au plan de la ville. Mais, de quel côté du gigantesque rond-point? En passant à travers l’enchevêtrement de larges artères encombrées, embouteillées en permanence, nous nous retrouvons sans l’avoir voulu dans une immense place publique, la Merdeka, ou place de l’Indépendance.
Merdeka
Le monument, une haute tour coiffée d’une flamme dorée, sert de point de repère, visible de très loin. La place, deuxième plus grande place du monde, mesure un kilomètre carré. Tout autour, un parc, des bassins, des sentiers, des arbres magnifiques. En faisant une balade dans le parc, nous en faisons tout le tour, disons au moins quatre kilomètres, en cherchant une issue, une porte ouverte dans la haute clôture en fer forgé. Finalement, on est sortis par là où on était entrés.
Après cet exercice non violent mais néanmoins épuisant compte tenu des 32 degrés et des 90% d’humidité, une priorité s’impose: un resto à l’air climatisé pour faire baisser la pression. On trouve notre bonheur en empruntant au hasard une rue secondaire ouvrant sur une toute petite rue sans issue. Un restaurant à l’ambiance raffinée nous ouvre ses portes: eau fraîche, Bintang, bière locale, riz et poulet magnifiquement apprêtés nous sont servis. Bon! bon! bon! Un peu cher, mais la qualité, l’ambiance et le service nous font oublier la jungle, la chaleur et l’humidité de Jakarta.
Musée national
Après cette pause des plus agréables, nous retrouvons le chemin du Musée national. On nous avait claironné que le plus beau musée de l’Indonésie était situé à Yogyakarta, eh bien non! Le Musée national, dans le centre-ville de la capitale vaut le déplacement, plus que tous les sites que nous avons visités en Indonésie.
La section ethnographique présente une variété impressionnante de masques, vannerie, objets du culte, bijoux, armes, statues et maquettes de maisons traditionnelles construites dans les différentes îles de l’Indonésie.
Une salle est réservée aux collections de céramiques chinoises, vietnamiennes et d’autres pays d’Asie. L’art hindo-bouddhiste occupe une vaste cour intérieure où l’on circule entre les statues des divinités, Ganesh, Shiva, Visnu et autres. Le musée compte également une importante collection d’instruments de musique du gamelan: gongs, métallophones, xylophones et tambours.
Spiritualité
Dans un espace réservé aux batiks primitifs, on est frappés par la beauté et la spiritualité qui s’en dégagent; rien à voir avec ce qu’on offre sur les marchés. On termine la visite en admirant une pirogue sculptée dans une pièce de bois, un seul tronc d’arbre. Comment a-t-on pu, en Papouasie, construire une pirogue monoxyle si longue et si étroite? Nous essayons d’imaginer les difficultés de navigation, de pêche et de transport de marchandises avec cette embarcation sur une mer pas toujours calme.
Des ados partout
Tout le long de la visite, nous sommes entourés d’une meute de jeunes en visite scolaire accompagnés de leurs profs. Comme partout, les ados, garçons et filles, manquent d’intérêt pour les objets exposés. Ils profitent de la sortie de la classe pour s’amuser et se taquiner. Leur nombre est suffisamment important pour provoquer des bouchons et des bousculades rieuses. Ils font assez de bruit pour détourner l’attention des autres visiteurs. Disons que ça met de la vie dans ce musée de style plutôt classique.
Nous nous attardons un peu avant de sortir du musée, histoire de bien profiter de l’air climatisé et débarrasser nos poumons du gaz carbonique accumulé depuis le matin dans les rues de Jakarta. Une fois dehors sur le trottoir, en marchant pour héler un taxi moto, qu’y a-t-il à deux mètres devant nous? Eurêka! Une boîte aux lettres de la poste indonésienne.