À la découverte des dragons de Komodo

Par Raymond Marier
À la découverte des dragons de Komodo
Le dragon de Komodo: carnivore

Dans le parc national de Komodo sur l’île de Rinca, en Indonésie, les monstres préhistoriques nous attendent. Le bateau nous débarque sur un impressionnant quai en bois de teck massif.

Ce bois imputrescible, de plus en plus rare et très cher, est idéal pour couvrir le pont des bateaux et fabriquer des meubles et terrasses extérieurs. Imaginez un quai qui mesure 30 mètres de long, trois mètres de large et deux mètres de haut, des poutres 6 x 6, des planches 1 x 6, tout en teck.

À l’accueil, on nous assigne un guide avec son bâton de pèlerin, un bâton de 2,5 mètres se terminant en Y à une extrémité, comme la langue d’un serpent ou d’un grand varan de Komodo. Il nous recommande de ne pas nous éloigner de lui. Il utilise le bâton pour empêcher un dragon agressif de mordre quelqu’un.

En cas d’attaque

On lui demande ce qu’il faudrait faire, en cas d’attaque. Il répond: «Le mieux, c’est de grimper à un arbre; sinon, il faut courir en faisant des zigzags.» Comme il nous semble impossible de grimper aux arbres qui n’ont pas de branches basses, on espère ne pas être attaqués et on le suit docilement de très près.

De loin, on observe une femelle qui garde ses œufs, entre 15 et 40, enfouis dans le sol. Elle a pris soin de creuser d’autres trous autour pour confondre les éventuels prédateurs. Elle garde le nid pendant trois mois. À la saison des pluies, les trous se remplissant de boue, les œufs ne peuvent plus être attaqués et la mère quitte son poste de garde.

Sept à huit mois après la ponte, les œufs éclosent. Instinctivement, les petits dragons grimpent dans les arbres pour se protéger des nombreux prédateurs, dont leur propre espèce et leur mère qui ne les connaît plus. Ils vivent dans les arbres pendant trois ans.

Trop lourds pour y rester, ils doivent ensuite redescendre sur terre. Seulement quatre ou cinq petits dragons de la ponte se rendent à ce terme. Le parc compte trois mâles pour une femelle. Entre juin et août, saison de l’accouplement, la forêt assiste à de violentes bagarres. Le dragon peut vivre jusqu’à 60 ans.

Légende

Une légende explique la protection accordée au dragon de Komodo. Une princesse avait accouché de jumeaux: un garçon et un dragon. Conformément aux coutumes de ce peuple, le garçon est resté avec son père qui l’a élevé. De son côté, la princesse est partie vivre dans la forêt avec le bébé dragon.

Bien des années plus tard, à la chasse, le jeune homme se trouva face à un dragon voulant dévorer le chevreuil qu’il venait d’abattre. Il s’apprêtait à tuer ce dragon quand sa mère accourut, le priant d’épargner sa sœur jumelle. De bonne grâce, il obéit à sa mère. Depuis lors, à la mémoire de cette princesse, les habitants de l’île protègent les dragons.

Histoire de pêche

Pour illustrer le caractère du dragon, notre aimable guide parle du comportement des singes. Il dit qu’ils sont idiots et intelligents. La preuve qu’ils sont intelligents : ils pêchent le crabe. Ah bon? Il explique: le singe attrape les petits crabes sur la plage; si un crabe réussit à s’enfouir dans un trou, le singe pêche en plaçant le bout de sa queue dans le trou du crabe. Le crabe pince la queue et le singe l’attrape comme un poisson.

La preuve que le singe est idiot: il grimpe aux arbres, les palmiers, par exemple. Le dragon de Komodo attend en bas de l’arbre et fait semblant de dormir. Avant de descendre de son perchoir, le singe lance un fruit vers le dragon. Ce dernier, imperturbable, ne bouge pas. Le singe, berné, met le pied à terre et le varan n’en fait qu’une bouchée.

Les dragons de Komodo peuvent dormir ou paresser pendant un mois après une bonne bouffe. En passant, ce fruit, lancé du haut d’un palmier, produit un jus, le sirop de palme. En distillant ce sirop, on obtient l’arak, alcool de consommation locale.

La suite

De retour au bateau, l’équipage nous accueille avec un bon jus d’ananas frais et un repas gastronomique, sept plats de légumes, poissons, riz, poulet et fruits. En après-midi, le bateau s’arrête pour nous permettre de plonger avec masque et tuba dans les coraux d’une île déserte faisant partie de l’archipel.

Vers 18 heures, l’équipage jette l’ancre, la poupe face à la terre pour nous offrir la vue sur le coucher de soleil. Dès la pénombre, on assiste à l’envolée des chauves-souris géantes au-dessus des arbres. Ça ne dure pas longtemps; elles retournent se percher, tête en bas.

Après souper, Raymond s’installe sur le pont; l’équipier lui apporte un matelas et une couverture. Pauline préfère la chambre et choisit le lit à l’étage parce qu’en ouvrant la lumière, elle voit quelques petites bibittes s’activer sur le plancher. Très fatiguée, elle les oublie et dort profondément toute la nuit.

Au petit matin, le soleil, le café, les bananes frites, les toasts, les crêpes et la confiture s’accordent pour nous offrir un instant d’émerveillement devant la lumière éclairant la mer et le village aux abords de la grande île de Komodo. Wow!

P.-S. –  Sans prendre congé, nous ralentissons le rythme d’écriture pendant la belle saison. Vous nous lirez donc une semaine sur deux pendant les mois de juin, juillet, août et septembre. La fréquence hebdomadaire reprendra en octobre. Bonnes vacances et bon voyage à tous ceux et celles qui ont la possibilité de partir à l’aventure.

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