Le monde de la microbrasserie est en pleine métamorphose et les frères Laganière, propriétaires de Lagabière, tirent leur épingle du jeu. Dans les derniers mois, l’entreprise de Saint-Jean-sur-Richelieu a officialisé trois partenariats avec autant de microbrasseurs pour brasser et distribuer leurs bières. Lagabière réalise aussi des travaux à son établissement de la rue Richelieu. À sa réouverture à la fin du printemps, le pub sera désormais pourvu d’une cuisine complète.
Lagabière a récemment acheté la propriété intellectuelle de la brasserie artisanale Le Trèfle Noir, située à Rouyn-Noranda. Ses bières seront dorénavant brassées et vendues par Lagabière. Cette dernière a aussi annoncé deux partenariats de production et de distribution, l’un avec la Néo-Brunswickoise Trailway Brewing Co et l’autre avec l’entreprise de Saint-Jean-sur-Richelieu OverHop.
Résultats? Lagabière brassera et distribuera 20 nouvelles bières, soit quatre bières de Trailway Brewing Co., huit bières de Trèfle noir et huit bières d’OverHop. Cette dernière continuera à brasser des lots exclusifs à sa brasserie de la rue Gaudette. OverHop conservera sa boutique et son salon de dégustation. L’entreprise se concentrera sur l’organisation d’événements et sur sa participation à des festivals, souligne Patricia Rios, copropriétaire d’OverHop.
«Avec la situation actuelle du marché, les gens ont de la difficulté à mettre leurs produits sur les tablettes. Il y a beaucoup de microbrasseries au Québec. Le marché est difficile à percer et le consommateur veut de la variété», relate Sébastien Laganière, copropriétaire de Lagabière avec son frère Francis.
Selon l’Association des microbrasseries du Québec, le nombre de microbrasseries dans la province est passé de 59 à 325 depuis 2010.
Force de vente
La nouvelle usine de Lagabière, située sur le 3e rang Sud, est dotée d’une importante capacité de production. À plein régime, l’endroit peut brasser sept millions de litres de bière par an. En 2023, l’entreprise planifie en produire 2,1 millions de litres.
Dans les dernières années, Lagabière a fait divers partenariats et brassé des bières spéciales, mais de façon ponctuelle. L’entreprise compte désormais pérenniser le tout. «On a une capacité de production et de la qualité. On a aussi une force de vente au Québec. On a décidé de mettre ça de l’avant», poursuit Sébastien Laganière. Il précise que la marque Lagabière compte une quinzaine de bières régulières, en plus de seltzer et de produits rotatifs.
«On a onze représentants sur la route, deux gérants de territoire et un directeur des ventes. Ils ont maintenant un plus grand catalogue et les déplacements sont plus rentables», enchaîne M. Laganière. «Le but, c’est aussi d’en avoir pour tous les goûts. Chaque marque a son créneau», ajoute-t-il. Au total, Lagabière compte 53 employés.
Avenir
Sébastien Laganière est d’avis que les partenariats entre microbrasseurs sont appelés à devenir plus nombreux. C’est déjà le cas au sud de la frontière. «Aux États-Unis, on entend parler de la consolidation des forces. Ça a du sens. Ça coûte cher de bâtir une force de vente quand tu produis 1000 ou 2000 hectolitres par année. L’espace sur les tablettes est quand même limité. Il y a des grosses bannières ici qui commencent à retirer de leur liste des brasseries pour se concentrer sur les meilleurs vendeurs», relate M. Laganière.
Un constat qui tranche avec ce que vivait Lagabière en 2016. À l’ouverture de sa première usine à Iberville, le téléphone ne dérougissait pas. «Tout le monde nous appelait pour avoir nos bières. Nos 500 premiers clients nous ont appelés. Certains points de vente se vantaient d’avoir toutes les microbrasseries du Québec sur leurs tablettes», souligne M. Laganière. Maintenant, ce sont les microbrasseries qui doivent elles-mêmes faire les démarches pour placer leurs produits sur les tablettes.
Et le pub?
Le pub de la rue Richelieu est fermé depuis l’automne dernier afin d’y réaliser des rénovations majeures. Les frères Laganière se sont associés à des experts en restauration. Une cuisine complète et à aire ouverte sera située à l’avant du local.
Le menu sera aussi revampé : bol de poké, tartare, steak, burger, fish and chip figureront parmi les choix. «Il va y avoir de la bouffe de pub et des choix santé. Ce sera varié», commente Sébastien Laganière.
Le bar a été conservé, mais le décor a été revu pour le coller aux couleurs actuelles de Lagabière. Les gens pourront ainsi venir y boire une bière ou encore manger et y passer la soirée. Des événements y seront aussi organisés.
«Pour nous, le resto-pub est pour faire vivre la marque. Notre but est d’ouvrir quelques restaurants au Québec. On aimerait en ouvrir cinq sur cinq ans. Le but est de devenir local partout au Québec», conclut Sébastien Laganière.
La réouverture du local du Vieux-Saint-Jean est prévue vers la fin mai ou le début juin. Au moins une dizaine d’employés se joindront alors à l’équipe.