La tendance au ralentissement du marché immobilier s’accentue à Saint-Jean-sur-Richelieu. En janvier, le prix médian des propriétés a diminué de 102 500$ (-20%) par rapport à janvier 2022. Le nombre de transactions est aussi en diminution. Mais une nuance s’impose: la décélération frappe surtout les résidences affichées à des gammes de prix supérieur, constatent les courtiers immobiliers interviewés par Le Canada Français.
En janvier, il s’est conclu 51 transactions à Saint-Jean-sur-Richelieu, soit 37 unifamiliales, 7 copropriétés et 7 plex (2 à 5 logements), selon des statistiques publiées par l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ) à partir de la base de données Centris. Il s’agit d’une diminution des ventes de 35% comparativement à janvier 2022.
Le prix médian des maisons unifamiliales par rapport au même mois de l’année précédente est en constante augmentation sur le territoire depuis octobre 2019. Or, pour un deuxième mois consécutif, cette valeur est en baisse.
En janvier, le prix médian des résidences unifamiliales s’est soldé à 400 000$. À titre comparatif, le prix médian était de 502 500$ il y a un an. Cela représente une diminution de 20% en 12 mois. Rappelons que le prix médian signifie que la moitié des transactions ont été conclues à un prix inférieur et l’autre moitié, à un prix supérieur.
Selon l’APCIQ, le territoire de Saint-Jean-sur-Richelieu est l’endroit dans le Grand Montréal où la baisse des prix médians est la plus marquée en un an. Ailleurs, les diminutions sont moindres: Rive-Sud (-10%), Île de Montréal (-7%), Rive-Nord (-5%), Vaudreuil-Soulanges (-4%) et Laval (-3%).
Deux marchés
Les courtiers immobiliers sondés par le journal soulignent qu’il y a désormais deux marchés à Saint-Jean-sur-Richelieu: celui des résidences affichées à moins de 500 000$ et celui dont le prix demandé est supérieur à un demi-million de dollars.
«La barre psychologique est fixée à 500 000$. En bas de ce prix, les maisons se vendent encore en offres multiples», résume Alexandre Desrochers, courtier-propriétaire chez Royal LePage Excellence.
Les maisons de premiers acheteurs sont encore très recherchées, enchaîne Michel Benoit, courtier immobilier chez Proprio Direct. «Dans l’unifamilial, les maisons en rangée et les jumelés sortent fortement à 300 000$ ou à 400 000$. On peut avoir une résidence unifamiliale abordable et clé en main pour environ 450 000$. Mais on sent un ralentissement dans le 500 000$ et plus. On a des visites, mais le marché est similaire à avant la pandémie», dit-il.
Taux d’intérêt
Cette situation contraste avec le portrait des ventes enregistrées dans les trois premiers trimestres de 2022 à Saint-Jean. Sur les 654 transactions conclues, 300 l’ont été à un prix supérieur à 500 000$.
Ce changement s’explique par la difficulté qu’ont les acheteurs à obtenir du financement en raison de la hausse des taux d’intérêt, ajoute Cédric Lebeau, courtier immobilier et président de RE/MAX Évolution.
Depuis mars 2022, la Banque du Canada a augmenté son taux directeur à huit reprises, le faisant passer de 0,25% à 4,5%. Cela a eu pour effet de diminuer le pouvoir d’achat des acquéreurs. À titre d’exemple, un couple qui pouvait se qualifier pour une maison de 700 000$ a désormais un budget de 550 000$.
Offre
Le marché demeure encore à l’avantage des vendeurs en raison de la faiblesse de l’offre. Certes, le nombre de résidences unifamiliales à vendre a crû de 63% en un an, mais il y en a encore très peu. «On est passé de 125 maisons à 250. Ce n’est pas la mer à boire pour une ville comme Saint-Jean», illustre Alexandre Desrochers.
Le 10 février, il y avait 301 maisons à vendre sur le territoire johannais, selon une recension faite par Le Canada Français sur Centris. De ce nombre, il y en avait 117 affichées à moins de 500 000$ et 184 résidences avaient un prix de vente supérieur à 500 000$, soit 124 entre 500 000$ et 749 999$, 46 affichées entre 750 000$ et 999 999$ et 14 avec un prix de 1 M$ et plus. Les prix demandés oscillaient entre 199 900$ et 3 975 000$.