Messier Bicyclettes devient centenaire

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Par Stéphanie MacFarlane
Messier Bicyclettes devient centenaire
Patrick Desrosiers est le quatrième propriétaire de l'histoire de Messier Bicyclettes, (Photo : Le Canada Français - Jessyca Viens-Gaboriau)

Messier Bicyclettes entre dans un club sélect: celui des centenaires. L’entreprise spécialisée dans la vente et la réparation de vélos a été fondée en 1921 à Saint-Jean-sur-Richelieu. Elle se situe aujourd’hui sur la rue Richelieu après avoir passé des décennies sur la rue Saint-Jacques.

Antoine Messier, un ancien travailleur de l’usine Singer, a lancé son entreprise de vente de vélos il y a 100 ans. À ce moment, Messier Bicyclettes se trouvait au sous-sol de la résidence familiale. À cette époque, la voiture était réservée aux mieux nantis. «M. Messier louait des vélos aux curés et aux travailleurs, comme ceux de la Singer», relate Patrick Desrosiers, l’actuel propriétaire de Messier Bicyclettes.

Le commerce s’est établi au 227, rue Saint-Jacques en 1945. Georges Messier, le fils d’Antoine Messier, a commencé à y travailler en 1953. Il a pris la relève de l’entreprise familiale en 1964. Georges Messier en est resté le propriétaire pendant 29 ans. En 1993, il l’a vendu à Denis Benoit.

Lien humain

Patrick Desrosiers a acheté son premier vélo à l’âge de 10 ans. En circulant dans les rues de Saint-Jean avec des amis, il est retombé par hasard sur la boutique de vélos. Il y est entré. Denis Benoit et Georges Messier étaient là. Avec ses 15 $en poches, Patrick Desrosiers souhaitait s’acheter des cornes et un protège-dérailleur. «Je me suis senti tellement important à leurs yeux. J’ai eu l’impression d’être aussi important que les autres clients qui avaient plus de moyens», se rappelle-t-il.

Ce fut le déclic. Après avoir réalisé ses contrats de coupe de gazon, le jeune Patrick se rendait quotidiennement à la boutique. À l’âge de 13 ans, il a intégré l’équipe.

Transaction

Patrick Desrosiers voulait détenir sa compagnie de vélos. Il avait déjà en tête des noms de modèles. Après des études en génie mécanique au Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu puis à l’École de technologie supérieure de Montréal, c’est un stage en ingénierie à la compagnie Norco, située à Vancouver, qui lui a fait revoir ses projets. «J’ai été désabusé. C’est du travail en chien. Ça a pris deux ans avant que mon vélo sorte. Et il me manquait le dynamisme et les contacts avec les clients», dit-il.

Une fois diplômé en ingénierie, M. Desrosiers a oeuvré chez Yoplait, Métal Sigma et Acier Sélect. Il continuait aussi à travailler chez Messier Bicyclettes à temps partiel. «Denis et Hélène étaient mon deuxième kit de parents ! Il était hors de question que j’arrête de travailler pour eux», lance Patrick Desrosiers.

En 2006, il a acheté le commerce. À l’âge de 27 ans, il est devenu le quatrième propriétaire de l’histoire de Messier Bicyclettes. «J’aime beaucoup ce que je fais. On voit l’ingénierie comme de la conception froide de machine, mais il y a aussi beaucoup d’explications. Toutes mes connaissances me servent tous les jours», indique-t-il.

Déménagement

En 2013, Patrick Desrosiers a pris la décision d’acheter une bâtisse de la rue Richelieu pour y déménager son commerce. Un geste qu’il ne regrette pas. «Ce sont mes meilleures années», dit-il. Messier Bicyclettes est situé dans les anciens locaux de l’Atelier Fétoine. Le bâtiment a été construit en 1880 après le grand feu.

Le monde du vélo s’est développé à vitesse grand V dans les dernières années. De la simple bicyclette, il y a maintenant plusieurs types de vélos de montagne, d’hybrides, de vélos de route et de montures électriques. La tendance est toutefois très forte pour le mode récréatif, mais la démocratisation du vélo électrique risque de faciliter la mobilité active.

Les bicyclettes à assistance électrique permettent aussi aux cyclistes ayant des blessures ou qui ont moins d’endurance de poursuivre leur loisir. «Ces vélos permettent de mettre plus de personnes sur la route. On en vend plus que jamais», observe Patrick Desrosiers. La vente de ces bicyclettes est en croissance, mais pas au détriment des vélos dits réguliers.

Laisser une trace

L’année 2021 représente une année marquante dans l’histoire de Messier Bicyclettes. «C’est malade ! Comme humain, on laisse peu ou pas de trace. Je suis propriétaire d’une entreprise qui change la vie des gens depuis 1921. C’est super excitant ! Et je suis content que mon rêve puisse aussi faire vivre d’autres personnes», relate-t-il. Son équipe est composée de quatre employés et d’un bénévole.

Quant au futur de son entreprise, Patrick Desrosiers, maintenant âgé de 42 ans, souligne avoir de la difficulté à se projeter. Il ne souhaite toutefois pas prendre d’expansion. Son entreprise étant plutôt saisonnière, il planche sur un nouveau projet complémentaire à son service de positionnement sur vélo. Il souhaite lancer Myokanik, une entreprise de massothérapie, de kinésithérapie et d’orthothérapie qui prendra place chez Messier Bicyclettes. Patrick Desrosiers est diplômé en massothérapie. Il lancera cette compagnie avec une amie rencontrée durant ses études.

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