Les produits d’Oliméga se distinguent à l’international

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Par Stéphanie MacFarlane
Les produits d’Oliméga se distinguent à l’international
Chantal Van Winden est la présidente-directrice générale et cofondatrice d’Oliméga. (Photo : Le Canada Français - Jessyca Viens-Gaboriau)

Oliméga, une entreprise de Saint-Édouard, a officiellement lancé ses activités en décembre 2014. Huit ans plus tard, la PME spécialisée dans la transformation de la caméline a le vent dans les voiles. Son huile de caméline torréfiée vient de remporter le premier prix du Bocuse d’Or Sirha Innovation, la distinction la plus prestigieuse de la gastronomie mondiale.

«Le Sirha est le plus beau prix qu’on a remporté», signale Chantal Van Winden, présidente-directrice générale et cofondatrice d’Oliméga. Cette entrepreneure n’en est pourtant pas à ses premiers prix: la veille de l’entrevue avec Le Canada Français, elle venait d’être nommée Personnalité de l’actualité alimentaire 2023 au Gala des grands prix DUX.

La caméline peut notamment être consommée sous forme d’huile ou de graines.

À ces distinctions, s’en ajoutent quatre autres remises par les DUX ainsi que trois prix remis par le Conseil de transformation alimentaire du Québec (CTAQ). Chantal Van Winden a aussi été nommée agricultrice de l’année.
C’est d’ailleurs par l’agriculture qu’elle a fait la connaissance de la caméline. Sa famille, qui est notamment derrière les verdures Attitude Fraîche, a souhaité l’intégrer dans la rotation de ses cultures pour améliorer la santé des sols.

Tests
Physiothérapeute de formation, Mme Van Winden a toujours été fascinée par la santé. Riche en oméga-3 et en antioxydants, la caméline l’a séduite. Pendant huit ans, la caméline a fait l’objet de tests, autant sur sa productivité et son goût que sur ses valeurs nutritives.

Selon la variété de cette plante de la famille des crucifères (moutarde, roquette, chou, etc.), le goût est plus ou moins prononcé. «On a sélectionné différentes variétés pour avoir un goût plus équilibré», relate Mme Van Winden, qui est associée avec six autres personnes dans cette aventure.

En mai 2015, la jeune entreprise a réussi à faire entrer son huile de caméline vierge sur les tablettes de deux épiceries Métro à Montréal et au Pasquier. Durant ses deux premières années de production, Oliméga était installée dans le garage de la maison familiale. «On y faisait la transformation avec les normes de salubrité alimentaire pour voir si ça fonctionnait», explique l’entrepreneure.

L’usine d’Oliméga est dotée d’un mur solaire qui lui fournit 40% de l’énergie. Cela représente une réduction de 40 tonnes de gaz à effet de serre annuellement.

Croissance
En juillet de cette même année, Oliméga faisait la première page du journal Le Reflet, alors à Delson. Ça lui a valu un appel du CTAQ. On l’invitait à s’inscrire à un concours d’innovation alimentaire… qu’Oliméga a remporté. Cette visibilité lui a donné un sérieux coup de pouce, souligne Mme Van Winden.

En 2017, la décision a été prise de construire l’usine de 6000 pieds carrés du rang des Sloan, à Saint-Édouard, près de Napierville. Le bâtiment compte un mur solaire qui lui fournit 40% de l’énergie. Cela représente une réduction de 40 tonnes de gaz à effet de serre annuellement. En 2018, la production d’huile de caméline y débutait.

Exportations
L’entreprise, dont la production croît chaque année de 15 à 20%, compte désormais cinq gammes de produits. L’huile de caméline vierge dégage des arômes d’asperges et d’herbes. La version torréfiée a des notes d’arachides rôties et de noisettes grillées. La première peut se substituer à l’huile d’olive dans les recettes, et la seconde, à l’huile de sésame.

La production d’Oliméga est semi-automatisée. Entre 800 et 1000 bouteilles y sont produites quotidiennement. Sur la photo, on reconnaît Francine Lussier.

Les graines de caméline, brutes et torréfiées, contiennent 27% de protéines. L’entreprise propose aussi du miel et du chocolat. Les produits d’Oliméga sont notamment vendus chez Avril, IGA, Métro, Rachelle-Béry ainsi que dans les épiceries fines et de santé. On les retrouve aussi ailleurs au Canada.

L’entreprise exporte également aux États-Unis, en France, en Allemagne, au Japon, en Corée du Sud, à Taiwan, au Viêt Nam, en Chine et à Singapour. En 2023, l’exportation représentait 35% du chiffre d’affaires d’Oliméga. L’an dernier, la proportion était plutôt de 22%.

Ses produits à base de caméline ont été utilisés par l’équipe qui a représenté le Canada au Bocuse d’or en France. «On s’est retrouvés en compétition avec les meilleurs chefs du monde avec un ingrédient que personne n’a», lance Chantal Van Winden. L’équipe canadienne a terminé à la 11e place du prestigieux concours gastronomique.

La caméline
La caméline est une plante ancestrale vieille de plus de 3000 ans qui était jadis grandement utilisée par les humains. «La caméline est au nord ce que l’olivier est au sud», illustre Chantal Van Winden. Elle a ensuite sombré dans l’oubli avant d’être redécouverte.

Il s’agit d’une plante annuelle qui a un cycle similaire à celui du soya. Elle demeure 90 jours au champ et tolère très bien le froid. Selon les conditions, il est possible de faire deux cycles de production dans une même année. La caméline améliore la santé et la biodiversité des sols, de même que le rendement des cultures subséquentes.
Semée à la volée, la caméline produit une fleur jaune, ainsi que des gousses contenant des graines. La récolte s’effectue à l’aide d’une moissonneuse-batteuse. Les grains sont nettoyés et sont pressés mécaniquement à froid pour en extraire l’huile.

Tourteau
Oliméga cultive la caméline qu’elle transforme. Elle s’approvisionne aussi auprès de producteurs situés au Témiscamingue. L’entreprise travaille actuellement à valoriser le résidu issu du pressage de la graine de caméline.

Appelé tourteau, il représente 70% du grain. Le potentiel est donc énorme. Une sauce shoyu, présentée comme une sauce soya sans soya, est en développement depuis plus d’un an. Ce produit, qui nécessite six mois de fermentation, pourrait être commercialisé dès cet été. Le tourteau pourrait aussi être intégré à l’alimentation des poules à pondre, des vaches et des chevaux.

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